-Vous avez bien dormi messires ? les salua Petite-Vareuse depuis la botte de foin où elle les attendait dans l'écurie.
Mordred n'avait aucune envie de répondre au faux intérêt que la jeune fille portait à son sommeil mais lui adressa un rictus agacé.
-La nuit t'a-t-elle rendue plus aimable ? répliqua-t-il.
Petite-Vareuse haussa les épaules en sautant de son perchoir, agile comme un petit chat.
-Je ne comptais pas vous provoquer messire. Et j'ai pas envie de vous répondre sur ce ton-là, dit-elle. L'aubergiste a fait seller vos chevaux quand je suis descendue.
En effet, Mordred trouva Fata déjà harnachée et n'attendant que son cavalier. Alors que Galahad attachait son épée à sa selle, il se tourna vers Petite-Vareuse.
-Veux-tu monter avec moi ? proposa-t-il. Tu ne te fatiguerais pas à marcher.
Un petit sourire étira les lèvres de Petite-Vareuse alors qu'elle se dirigeait vers la porte des écuries.
-Pas la peine messire, j'ai ma propre monture.
Elle siffla entre ses doigts et une forme sombre attendant devant l'auberge se déplia pour rejoindre la jeune fille d'un pas lourd. Mordred et Galahad sursautèrent en voyant apparaître un énorme ours aux poils bruns et drus.
-Mais qu'est-ce que c'est que cette diablerie ?! s'écria Mordred d'un air horrifié.
Petite-Vareuse leur jeta un coup d'œil amusé comme s'il n'y avait rien là de surprenant.
-Je vous présente Obéron ! sourit-elle joyeusement. C'est mon ours, ajouta-t-elle comme si le spectacle de l'animal prêtait à confusion.
Galahad fronça les sourcils.
-Tu veux dire que cette bête... est à toi ? s'étonna-t-il.
Petite-Vareuse gloussa et se mit à gratter le col de l'énorme ours comme s'il s'agissait d'un chien. L'animal ne parut pas lui en tenir rigueur et au contraire plaça sa patte sur l'épaule de la petite. Galahad et Mordred purent en admirer les formidables griffes larges et acérées. Le chevalier noir se tourna vers son ami et leva un sourcil.
-Il semblerait que nous ayons fait un choix pire que ce que nous pensions, fit-il remarquer.
Petite-Vareuse enjamba le dos d'Obéron comme s'il s'agissait d'un âne et releva la tête vers les deux jeunes gens.
-Alors ? Vous voulez la voir, cette fameuse Bête ? lança-t-elle.
Mordred soupira en enfourchant sa monture. Cela s'annonçait comme une longue journée. Il aimait les voyages, certes, mais celui-ci commençait à durer un peu. Et s'il devait en plus côtoyer également cette petite gueuse mal lavée et mal élevée, il n'était pas sûr de tenir jusqu'à l'étang de la Bête.
Et en plus Mordred détestait les ours dansants.
Galahad et Mordred avaient grandi à Camelot dès qu'ils avaient eu l'âge de paraître à la cour sans trop déranger leurs glorieux pères. Les chevaliers leur étaient aussi connus que leur propre famille. Ils avaient appris à connaître chacun de leurs traits de caractère et toutes leurs petites manies. Le plus bavard d'entre-eux était sans nulle doute le seigneur Gauvain, qui pouvait pendant des heures relater encore et encore ses nombreuses aventures même s'il devait répéter deux fois la même en une seule soirée.
Mais sire Gauvain avait trouvé son maître en la personne de Petite-Vareuse.
Depuis leur départ de Kerr-Glain, la jeune fille n'avait pas cessé de bombarder les deux chevaliers de questions auxquelles elle répondait elle-même et de diverses pensées qui lui passaient par la tête. Galahad sentait très clairement la patience de Mordred décliner rapidement.
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La ballade de Camelot
FantasiLa coure de Camelot est a l'apogée de son règne, abritant en son sein les chevaliers les plus glorieux qu'on n'ai jamais connu. Mais certains sont également de drôle d'individus. Parmi eux se trouve Mordred, l'enfant damné, fils de la vengeance et d...