Chapitre 8

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- Alors ? demanda Galahad lorsque Petite-Vareuse et Mordred sortirent de l'écurie.

Les rues de Kerr-Glain s'étaient peu à peu vidées alors que le jour déclinait et le soleil couchant irisait les cheveux de Galahad d'une auréole mordorée.

-Ce fut, je pense, un accord fructueux, fit Mordred avec un sourire.

- Essayez-pas de m'insulter avec des mots que j'connais point ! avertit Petite-Vareuse qui, depuis son "accord fructueux" paraissait quelque peu ronchonne.

Galahad se pencha vers elle avec le plus charmant sourire de tout Camelot.

-Je ne sais vraiment pas comment te dire à quel point je te suis reconnaissant de nous aider, dit-il.

Même la plus crasseuse des va-nu-pieds de Kerr-Glain semblait sensible à la perfection de Galahad car Mordred vit un léger sourire tirailler le coin de sa lèvre malgré ses efforts pour le cacher.

-Vous fatiguez pas, messire. Je fais ça parce que j'suis forcée.

Elle lança par-dessus son épaule un regard noir à Mordred. Celui-ci le soutint jusqu'à ce que la jeune fille soit bien obligée de baisser les yeux.

-Je sais où vous trouver demain matin, déclara-t-elle. J'espère que vous êtes plutôt du genre lève-tôt à Camelot.

Elle tourna les talons pour s'éloigner dans la rue et Mordred allait faire de même pour rentrer à l'auberge quand Galahad lança soudain :

-Petite-Vareuse !

La jeune fille se tourna vers eux d'un air surpris.

-Tu... tu as un endroit où dormir cette nuit, rassure-moi ?

La petite villageoise sembla étonnée de sa question.

-Et bien... peut-être chez les Crawder... bafouilla-t-elle. Mais sinon il reste toujours l'étable de la mère Ysan...

Mordred leva les yeux au ciel. Il savait d'avance ce que Galahad s'apprêtait à faire.

-Tu sais ce que tu vas faire ? décida Galahad. Tu vas aller voir l'aubergiste et lui dire que tu viens de notre part. Dis-lui de te donner une chambre pour la nuit... Mordred...

Mordred ne dit pas un mot et sortit un écu de sa bourse pour le tendre à son ami avant qu'il ne puisse finir sa phrase. La charité de Galahad allait finir par le ruiner. La jeune fille observa la pièce de ses yeux écarquillés avant de les relever de nouveau vers Galahad sans oser y croire.

-Pour de vrai messire ? Vous-vous fichez pas de moi ?

Galahad lui répondit par un sourire bienveillant.

-Peut-être que tu n'as pas fait une si mauvaise affaire avec nous, dit-il.

Petite-Vareuse se tourna vers Mordred pour désigner le généreux chevalier du doigt.

-Vous voyez messire ? Votre copain, lui au moins, c'est ...

-Oui, je sais, l'interrompit Mordred. Sauf qu'en attendant, c'est moi qui paie.

-Je n'arrive pas à croire que tu aies réussi à lui payer une chambre, maugréa Mordred alors qu'il se laisser glisser dans le baquet d'eau chaude que l'aubergiste leur avait fait monter.

Mordred se sentit aussitôt avec délectation un peu moins sale.

A l'autre bout de la pièce, Galahad piqua du nez dans son propre bain en rougissant.

-Je te promets de te rendre tout jusqu'à la dernière pièce, assura-t-il.

Mordred esquissa un sourire devant l'embarras de son ami.

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant