Chapitre 20

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Joeffrey avait eut entièrement raison lorsqu'il avait déclaré que le passage par lequel il menait Iléanor pour sortir du fort n'en était pas un à proprement parler. Il tenait plus de la grotte, ou d'une fissure dans la roche. Ils avaient d'abord dû se rendre jusqu'à un ancien lavoir de pierre qui avait été creusé puis asséché du coté du fort où les marécages empêchaient de construire des douves si on ne voulait pas voir tout le batiment s'écrouler dans la demi-heure.

A grand recourts de contorsions, ils avaient réussit à se glisser par ce qui avait jadis été l'arrivée d'eau. La suite n'avait été qu'une longue marche dans des espaces étroits et sombres où le sol était recouvert d'une fine particule d'eau et de moisissures. Ils avaient dû abandonner Icare à l'entrée des tunnels, mais Mordred restait persuadé qu'il était bien le plus chanceux d'entre eux.

La partie de lui qu'il tenait des fées, des êtres habituées à vivre à des lieux sous la surface l'empèchait d'être dérangé par l'absence de lumière, mais il se demanda comment se sentaient les autres, guidées uniquement par la voix et les tâtonnements de Joeffrey.

Après plusieurs endroits où ils avaient dû s'accroupir pour continuer à avancer, ils semblèrent enfin arriver sous les fondations du fort de Hauss, les pierres massives au dessus de leurs têtes et de la boue des marais collant à leurs chaussures. Mordred se demanda comment Iléanor pouvait traverser ce genre d'endroit régulièrement, elle qui semblait à peine capable de tenir un pauvre crapaud entre ses mains. Il jeta un coup d'oeil du coté de Siloé pour s'assurer qu'elle allait bien. Attrapant des paquets de ses jupes, elle effectuait de grands pas prudent à travers la boue, mais ne ralentissait pas une seule seconde. Elle ne sembla dérangée que lorsqu'ils commencèrent à remonter vers la bibliothèque à travers les décombres du vieil éboullements. Là, ses yeux se perdirent dans le vide et elle murmura d'une voix troublée :

-C'est la première fois que je retourne au fort après ce qui est arrivée à mon père.

Mordred avait presque oublié comment le père de Siloé avait été évincé par un de ses concurent. Tout les membres de l'entourage de la jeune fille semblaient destinés à être la victime d'un complot un jour ou l'autre.

-Vous n'étiez pas obligée de revenir, lui glissa Galahad. Si cela vous fait trop de peine...

Siloé secoua la tête.

-Et puis quoi ? Je serais restée chez Lorna, seule, sans rien savoir de ce que vous pouriez faire ? Vous trouveriez ça supportable ?

-Dognall sait que vous étiez en contact avec Iléanor, continua tout de même Galahad. Ce sera dangereux pour vous.

Siloé songea un instant à ce qu'il venait de dire. Une ombre lui passa sur la figure, comme si une part d'elle regrettait le temps où elle vivait avec un père marchant qui pouvait la mettre à l'abri de tout les dangers du monde. Mais il s'agissait de regrets auxquels elle ne pouvait rien changer.

-Ça ne fait rien. Ce n'est pas ça qui compte. Je ne sais pas encore ce que je peux bien faire pour vous aider, mais il faut bien que je fasse quelque chose plutôt que de me sentir mourir dans ma chambre.

Elle dit ensuite quelque chose toucha en Mordred un part de lui dont il aurait préféré continuer à ignorer l'existence.

-J'aurais déjà dû mourir, il y quatre ans, au fond. Quand j'ai perdu mon père, j'ai aussi perdu toute ma vie. La seule chose qui me restait de l'existance, c'était Iléanor. Sans elle, je me sens mourir.

Elle se tu, refléchissant surement à ce triste constat.

-Mais c'est tout le problème, vous voyez : je veux vivre. Et Iléanor est la seule chose au monde qui me fait me sentir vivante. Vous pouvez appeler ça de l'égoisme, si vous voulez. Peut-être que ça en est, mais je veux la retrouver. C'est ma seule option, voyez? Ou bien je meurs pour de bon.

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant