Chapitre 8 - 2

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Une opportunité comme celle-ci ne se présentera pas à nouvelle fois à moi. Je me dois de la saisir tant qu'elle est à portée de main. Mais je ne peux pas convaincre Vorondil. Je ne peux pas faire de ma motivation, la sienne. Il m'est impossible de lui dire. Le seul moyen qu'il m'accompagne, c'est de lui faire croire que j'ai les mêmes motivations que lui : l'argent. Mon cœur se serre à l'idée de mentir à mon ami. Il me fait confiance. Moi, je balaie cela d'un mensonge qui risque de lui coûter la vie. La seule chose qui m'aide à me sentir mieux face à ça, c'est que je sais que le Conseil nous y aurait obligés d'une manière ou d'une autre. Je le regarde. Ses gros sourcils froncés donnent encore plus d'intensité à son regard vert perçant.

— Peut-on refuser ?

Sa question est rhétorique, mais une lueur d'espoir l'anime encore. Je suis obligée de briser ses espérances.

— Pas cette fois.

Je me conforte dans l'idée que rien dans ce que je dis n'est un mensonge. Après tout, concernant mes pouvoirs, j'omets simplement de lui en faire part. À aucun moment j'ai prétendu qu'ils ne me les rendraient pas. Je balaie cette pensée immédiatement après l'avoir eue. Me complaire là-dedans, c'est me voiler la face. Le Conseil nous oblige à y aller, la vérité est telle. La vérité, c'est aussi que j'ai marchandé mes conditions et que contrairement à Vorondil, j'ai la volonté d'y aller, car j'y gagne quelque chose. Mais j'ai l'impression que la bourse d'or l'attire aussi. Plus que n'importe quoi d'autre.

Je perds mon regard dans les flammes qui s'élèvent si haut face à moi qu'elles chatouillent presque les étoiles. Vorondil soupire et une ambiance étrange nous enveloppe. La partie d'explorateur en nous s'excite à l'idée de découvrir cet endroit inconnu et effrayant pour tous. Nous nous engageons là-dedans en pleine conscience des risques et des rumeurs qui courent, c'est pour cette raison qu'il nous est impossible d'être serein. Le feu devant moi s'efface au profit d'un corps sombre. Je lève les yeux et vois à peine son visage, plongé dans l'obscurité. Ses oreilles pointues, à peine dissimulées sous ses cheveux bruns, me font comprendre qu'il n'est pas de mon espèce.

— Êtes-vous les messagers d'Argorfel ? demande l'homme à la carrure imposante.

— Oui, comment pouvons-nous vous être utiles ? questionne Vorondil.

L'Elfe s'assoit à mes côtés et nous regarde l'un après l'autre de ses yeux de fouine. Sa présence ne me dérange pas. Néanmoins, elle n'est pas rassurante pour autant. C'est dans leur nature que d'être extraverti, mais là n'est pas le problème. Les Elfes ne m'ont jamais rien apporté de bon. Je m'en méfie. J'échange un regard avec Vorondil, lui aussi curieux de ce que cet homme attend de nous.

— Je m'appelle Lastalaïca, messager du peuple elfique. J'ai été mandaté pour trouver un remède. J'ai ouï-dire qu'il en allait de même pour vous.

— En effet, que puis-je faire pour vous ? insisté-je d'un ton pressant.

Je m'attends à n'importe quelle demande de sa part. Les Elfes ont pour spécialité de profiter des autres sur tous les tableaux. De mon expérience, ils ne demandent jamais rien par hasard. Cet homme ne veut pas se lier d'amitié avec nous. Il me répond par un sourire charmeur, mais je le regarde durement. Je n'ai pas de temps à perdre pour lui. Cette soirée est probablement la dernière qui sera paisible avant un long moment, je veux en profiter.

— Quel est votre plan d'action ? demandé-je, étant donné qu'il ne pipe mot.

Nous, nous planifions de faire appel à notre Dieu. Mais les Elfes n'ont pas les mêmes croyances, ils ne peuvent pas reposer leur quête d'un remède sur Arbos.

— Je n'en ai aucun. Je fonctionne en étroite collaboration avec nos guérisseurs. Mais vous, vous semblez être prêt à partir, souligne-t-il d'un regard vers mon sac à dos.

QORWIN : Le Remède Mortel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant