Chapitre 19 - 1

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Un bruit sourd me réveille en sursaut, suivi du sol qui tremble sous la puissance de la roche qui tombe.

— Ma jambe ! hurle Lastalaïca.

Son membre est pris sous l'énorme roc. Je n'hésite pas une seconde et le pousse de toutes mes forces pour en dégager l'Elfe.

— Il faut partir ! crie Daëron. Tout s'effondre !

J'aide Lastalaïca à se relever, mais il est incapable de tenir sur son pied droit qui saigne en discontinu. Mon regard croise celui de Nelwen, seule au fond de la grotte. Ses yeux bleus sont gros comme des billes. Son poing est fermé, mais à travers ses doigts je le discerne. Un diamant.

— Mais qu'as-tu fait ?! lui hurle Tulkàs à travers les éclosions de roche.

Il attrape la pierre précieuse et la lance au fin fond de la grotte. Malgré cela, l'éboulement continue. Les yeux de l'adolescente s'emplissent de regret, mais je dévie le regard. Tulkàs va s'occuper d'elle. Des bouts de roche me lacèrent la peau. J'ai le souffle court. J'essaie de discerner la sortie à travers l'éboulement, mais je ne peux ouvrir grand les yeux par peur d'y recevoir des galets. Je sens une main m'attraper le poignet et me tirer. Sans grand regret, je laisse l'Elfe se débrouiller seul. Je trébuche, mais reprends pied. Il est impossible de courir sur un tel sol. Je me protège le visage avec ma main et avance de plus belle.

— Dépêche-toi ! me somme Vorondil.

— Messagers... supplie Lastalaïca.

Je pose mon regard sur lui et sur son corps gisant sur la pierre. La poigne de Vorondil se resserre. Nous n'avons pas le temps. Pour une fois, c'est aussi lui qui fait preuve d'égoïsme.

— Je m'en occupe ! Sortez de là ! nous sommes Daëron.

Nous ne nous faisons pas prier. Malgré l'obscurité nous essayons de discerner les roches au sol qui tremblent sous nos pieds. Nous nous dirigeons vers l'unique puits de lumière. Des cailloux me tombent dessus, semblables à un essaim d'abeilles m'ayant en ennemie. Je ne peux retenir une plainte à chaque impact. Il m'est impossible de les voir, mais je sens la présence de mes compagnons en arrière. Je l'entends à chaque heurt. Lorsque mes mains touchent la faille par laquelle nous sommes entrés, mon sang bat à mes tempes sous l'adrénaline. L'air est poussiéreux, difficile à respirer. Il ne reste plus que quelques mètres. Je me faufile entre la roche et me déplace latéralement le plus vite possible. Je sens Daëron me marcher sur les pieds dans l'empressement.

Je me jette presque à terre lorsque la neige est discernable. Le sol est froid, mais le soleil me réchauffe. Je prends de grandes bouffées d'air frais. Lastalaïca me tombe à moitié dessus lorsque Daëron le lâche. Je toussote sous le coup et pour exterminer la poussière s'étant logée dans mes poumons.

— Couchez-vous ! intime Tulkàs.

Je n'ai pas le temps que me retourner que tout s'effondre. La falaise de roche gronde. Je plaque mon corps au sol, la tête entre les mains, dos au danger. Des blocs déboulent à côté de moi et certains bouts s'en décrochent pour me frapper les pieds. Le vent violent causé par l'éboulement fait tout voler aux alentours. Je sens mon manteau se soulever tandis que mes cheveux souhaitent rejoindre les feuilles mortes qui s'en vont au loin. Les arbres luttent pour rester enracinés tandis qu'une fumée poussiéreuse grise nous enveloppe. L'air irrespirable qui nous entoure nous force à cracher nos poumons. Je tousse si intensément que ma gorge me fait mal.

Je me relève seulement quand tout est calme. Je me permets d'apprécier le soleil malgré le danger qu'il représente. Ce n'est pas recommandé de rester si proche du campement des Fuyeurs à cette heure-là. Encore moins après tout ce raffut.

QORWIN : Le Remède Mortel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant