Chapitre 6 - 1

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Vorondil se jette sur Lorindol et le plaque à terre. Ce dernier se débat, crache sur mon ami et l'arrivée de Seïchan ne la calme en rien.

— Mon amour, c'est moi, tout va bien, balbutie-t-elle en s'accroupissant près de lui.

Lorindol ne semble rien entendre. Son poing s'échappe de la poigne de Vorondil et vient s'écraser contre le visage de Seïchan. Elle pousse un cri et porte sa main à sa mâchoire. J'envoie un coup de pied dans la tête du blondinet. Elle ricoche sur le sol et son corps se fige.

— Qu'as-tu fait ? demande Seïchan, totalement désemparée.

— Je lui ai fait la fermer.

— Mais pourquoi !

Elle pleure à chaudes larmes et secoue Lorindol comme si cela allait le faire reprendre conscience. Bien que je partage sa douleur, ce n'est pas de même pour sa tristesse. Je m'oblige à garder le contrôle sur mes sentiments. Ce n'est pas le moment de flancher.

— Ce n'est pas Lorindol que j'ai assommé, dis-je. Il n'est plus lui-même.

Elle me jette un regard assassin.

— Seïchan, reste avec lui, décide Vorondil. S'il se réveille, assomme-le.

— Mais...

— Assomme-le si tu ne veux pas qu'il devienne un meurtrier. Qorwin...

Il me fait un signe de tête en direction de la bataille.

— Il faut qu'on les aide, finit-il.

Je m'élance vers la masse noire les poings fermés. Les cris de rage et de douleur se mêlent et me prennent à la gorge. Un Magicien envoie valser un Elfe qui atterrit à nos pieds. Je regarde ses yeux. Blancs. Il ne semble pas malade comme Lorindol.

— Ils deviennent incontrôlables... dit-il en nous voyant. Ils veulent tuer tout ce qui bouge. Je me suis mis entre un Greymar et ma mère et elle a essayé de me...

Il laisse sa phrase tomber dans le néant. Dans son regard, je vois la peur. La véritable. Il est encore jeune, un adolescent. Vorondil m'aide à le relever.

— Reste ici, n'essaie pas les calmer, tu n'y arriveras pas, lui avoue mon ami.

Suite à ces mots, nous détalons d'un même élan, laissant le petit seul avec son désespoir. Des enfants courent dans tous les sens, essayant à la fois de retrouver leurs parents et d'échapper à la violence. D'autres personnes sont recroquevillées sur elle-même et leur gorge nouée leur interdit de faire le moindre bruit. Les Magiciens usent de leurs pouvoirs pour éloigner les malades. Ceux ayant le don de la terre lient leurs membres au sol en les entourant d'herbe. La plupart sont déjà immobilisés. Je saute sur un homme en train d'étrangler une enfant à terre. Surpris, il tente de se relever, mais je le maîtrise et enfonce ses membres dans le sol tandis que le petit garçon détale loin de son agresseur. Vorondil fait grossir l'herbe sur lui pour l'immobiliser. Le malade me regarde les yeux écarquillés, rouges, vides. Il ne répond plus de rien. Je m'apprête à me relever, mais une énorme flamme passe à quelques centimètres de mon visage. J'ai presque senti ma peau se calciner. Une petite fille regarde ses mains, elle-même étonnée de ce qu'elle vient de faire.

— N'utilise pas ton feu ! la prévins-je. On veut les contrôler, pas les tuer !

Elle acquiesce timidement. Cette enfant est soit une future prodige, soit une future Narodim. Ma victime revient à la charge, mais il se prend dans mon pied et je l'envoie face contre terre. Mon cœur tambourine dans ma poitrine de plus en plus fort. Le goût du sang emplit ma bouche due à ma fâcheuse manie de me mordre l'intérieur des joues lorsque je combats. Je passe une main sur mes lèvres et du sang s'y étale, à croire que moi-même je vais me transformer en monstre. Je regarde autour de moi à la recherche de quelqu'un en position de faiblesse. L'adrénaline prend part de mon corps et de mon esprit. Je ne pense qu'à une seule chose. Arrêter ce carnage. Contrôler les malades.

QORWIN : Le Remède Mortel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant