Il s'exécute puis prend de la neige fraîche dans la main. Je le sens hésitant. Je relève ma chemise jusqu'à la base de ma nuque.
— Ouh ! Ils ne t'ont pas manquée !
Lorsque la neige entre en contact avec ma peau, les sensations se mêlent. C'est à la fois agréable sur mes blessures, mais glacial. Je souffle tout l'air de mes poumons pour éviter de partir en courant tant cela est froid. La neige fond et sa main ne reste sur ma peau que quelques secondes avant qu'il y rajoute de la neige. Je commence à claquer des dents et n'ai qu'une hâte, celle de me recouvrir.
— Ça ne sera pas long, me promet-il. Tu es prête ?
Il attrape la bouteille d'alcool. Je serre les dents et acquiesce. Le liquide coule au milieu de mon dos. Je lâche mon manteau et plante mes mains dans la neige sous mes hurlements stridents.
— C'est bientôt fini, ne bouge pas.
De l'alcool s'ajoute cette fois-ci sur mes omoplates et se fraie un chemin jusqu'à mes hanches. Daëron pose sa main sur mon épaule pour m'empêcher de bouger.
— Respire. En même temps que moi.
Il se place face à moi et prend une grande inspiration. Je m'oblige à suivre son rythme. J'essaie de me perdre dans ses yeux bleus plutôt que dans la sensation de milliers d'aiguilles me perforant le dos. Ses cheveux blancs sont si emmêlés que l'on pourrait croire qu'un nid-d'oiseau s'y est installé. Un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres fines. Mon cœur fait un saut dans ma poitrine lorsqu'il me prend la main.
— Il faut désinfecter tes bras.
Je regarde mes membres marbrés de taches rouges. J'acquiesce. Il attrape mes poignets dans une seule main. À ses côtés, je me sens minuscule bien que son gabarit soit loin de ressembler à celui de Vorondil. La surface à désinfecter est plus petite, mais la douleur est tout aussi intense. Il s'empresse de fermer le flacon d'une main puis la passe dans mes cheveux lorsque je me penche inintentionnellement vers lui. Mon front rencontre son torse et je m'apaise.
— C'est bon, c'est terminé, me rassure-t-il.
Je relève la tête et me dégage lentement de son contact.
— Merci.
Sans plus tarder, j'enfile mon manteau.
— Tu n'as vraiment pas eu de chance, les Sanglants ne t'ont pas loupé.
— En effet. Êtes-vous brûlé quelque part, mis à part sur vos mains ?
Il secoue la tête. Lui a été plus chanceux. Ou plus habile.
— C'est pour cette raison que je préfère l'arc aux couteaux. Avec ton type d'arme, tu es obligée d'être très proche de ton ennemi pour l'attaquer.
— Je sais très bien les lancer.
— Mais tu n'en as que trois. Une dague lancée est une dague perdue, n'est-ce pas ?
— Certes.
Le silence s'installe, mais nous ne nous lâchons pas du regard.
— Je pourrais t'apprendre à tirer à l'arc si tu veux.
Sa proposition m'intéresse. Je suis toujours motivée à apprendre à manier plus d'armes. Après tout, c'est ce qui m'a permis de ne pas sombrer dans la dépression lorsque j'ai obtenu mon statut de Narodim. Ces disciplines sont chères à mon cœur.
— Ça me plairait beaucoup, une fois que tout ça sera fini, avoué-je en montrant le paysage d'un cercle de la main.
Il lâche un rire nerveux en se grattant la barbe. Ses yeux sont fixés le sol comme ceux d'un enfant perturbé, pourtant il a l'air si sûr de lui.
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QORWIN : Le Remède Mortel [TERMINÉE]
FantasyA Argorfel, où la magie est banale, les Narodims; des êtres dont les pouvoirs ont été enlevés, sont très peu considérés. Mais lorsqu'une maladie frappe la contrée, c'est pourtant sur l'une d'entre eux que tous les espoirs vont reposer. *** Dans la...