3. Valentin

6.2K 577 867
                                    

©RoseWilliams2020RainbowLove
☀☀☀

Ses lèvres impatientes percutent les miennes avec énergie. Il me dévore comme si j'étais la plus affriolante des friandises et, même si je ne la désire pas, son attention me renvoie à ma propre faim. Il y a si longtemps qu'on ne m'a pas aimé. Je mentirais si je disais qu'il ne me plaît pas. Il est magnifique et, pire encore, il le sait. Mais je ne suis pas ce genre d'homme. Mon cœur est ailleurs et je lui suis fidèle, même si...

Sa paume se referme sur ma nuque pour approfondir le baiser, et sa langue s'immisce en moi sans en demander la permission. Je me retrouve dos au mur sans avoir le temps de réagir tandis que des mains entreprenantes m'explorent déjà.

Nos langues qui se frôlent ont au moins le mérite de me faire l'effet d'un électrochoc, me permettant de reprendre enfin mes esprits et le contrôle de mon corps. Mon manque de réaction a très certainement dû encourager son assaut, mais non, je ne suis pas prêt à me donner à quelqu'un. Je suis bien trop exclusif pour ça et surtout beaucoup trop sentimental.

De mes deux mains, je le repousse avec douceur et fermeté. Il obéit à ma pression sans résister, ce que j'apprécie plus que je ne saurais le dire. Son regard flou engendre une étrange sensation dans le creux de mon ventre, et je détourne le mien, cachant ma nervosité derrière un rire.

— Désolé de t'avoir induit en erreur, mais je ne suis pas intéressé.

J'ose à nouveau affronter ses iris paradis et sens mon cœur défaillir lorsque j'y vois briller une douleur profonde qui me déstabilise totalement.

— Je venais pour les vêtements.

J'essaie d'avoir l'air décontracté, car mes paumes toujours en contact avec son corps me renvoient la tension qui habite désormais ses muscles. Je m'en veux affreusement. Je n'ai pas l'habitude d'être l'objet d'une telle ardeur et j'ai oublié les codes de ce type de jeu depuis longtemps, si tant est que je les aie connus un jour.

Il ouvre et ferme la bouche avant de secouer la tête et de reculer d'un pas. Quand il me regarde à nouveau, c'est comme si rien n'était arrivé. Toute trace de trouble a disparu, mais trop tard... Je ne suis pas dupe.

— Désolé, je pensais que...

Je me fends d'un sourire que j'espère réconfortant tout en vérifiant le nœud de ma serviette. Il ne manquerait plus qu'elle m'échappe et que je me retrouve nu devant lui. Parce que, j'ai beau m'en défendre, son baiser ne m'a pas laissé indifférent. Loin de là.

— Aucun problème.

Il passe une main nerveuse dans ses boucles courtes déjà sèches, et je me surprends à envier sa coupe.

— J'ai sorti des vêtements pour toi dans ma chambre. Dernière porte au bout du couloir.

Je hoche la tête et lui offre un autre sourire pour la simple raison qu'il me donne l'impression d'en avoir besoin.

— Je te prépare un café ?

— S'il te plaît, oui !

À son tour d'acquiescer silencieusement. Je pense qu'il est temps que je m'éclipse. J'ai le sentiment qu'il lui faut un moment pour reprendre contenance, et à vrai dire, moi aussi.

Sa chambre est aussi lumineuse que le reste de son appartement. Ce doit être agréable de vivre ici. Son lit trône au centre du mur, face à la porte que je referme derrière moi. Un immense dressing encombre tout le pan de droite et à gauche de grandes fenêtres m'offrent un panorama de Paris comme je ne l'ai jamais vu. La pluie s'est légèrement calmée, et déjà quelques rayons de soleil percent les nuages.

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant