16. Raphaël

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©RoseWilliams2020RainbowLove
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Mon invité est en pleine contemplation du salon lorsque je le rejoins à peine quelques minutes plus tard. Je réalise que je n'ai même pas pris le temps de lui faire visiter les lieux la dernière fois.

— Excuse-moi encore. Je déteste l'idée de t'avoir fait attendre.

Il pivote au son de ma voix et m'offre un sourire ensorcelant tandis que j'annihile la distance entre nous. Je sens de nouveau ce drôle de fourmillement dans mon estomac. Ça n'arrive qu'en sa présence sans que je ne comprenne pourquoi.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi lumineux. Je ne résiste pas à l'envie de le toucher et effleure sa joue rugueuse de mes lèvres dans un baiser des plus enfantin. Après tout, c'est lui qui a initié ce genre de contact. Il souffle d'ailleurs un rire, amusé par mon comportement, avant de me retourner la faveur.

— Ne t'inquiète pas pour ça. J'ai fait comme chez moi, comme tu me l'as dit.

— Parfait.

Ses yeux pétillent malicieusement lorsqu'il embrasse le salon du regard une fois de plus.

— C'est... grand !

Je retiens difficilement le commentaire grivois qui me chatouille la langue. En réalité, c'est surtout vide. Les murs blancs sont dénués de décorations. Quant au mobilier, il date de l'époque où j'étais encore un étudiant sans le sou, vivant dans un minuscule studio sous les toits. La pièce paraît plus que spartiate avec son canapé convertible deux places, sa table basse à la peinture écaillée et son meuble télé dépareillé. Il est certain qu'en comparaison de son appartement, le mien fait peine à voir. Je me gratte l'arrière de l'oreille d'embarras, lèvres pincées.

— Je n'ai jamais pris le temps de vraiment m'installer.

— Tu as emménagé récemment ?

— Bientôt deux ans...

Je suis penaud de l'admettre. La moue que je lui offre doit parfaitement traduire ce que je ressens puisqu'il pouffe doucement.

— Évy et Paola seraient ravies de te compter parmi leurs clients.

Si je n'ai pas assimilé les prénoms de ses amis, je me souviens que sa colocataire est décoratrice d'intérieur. C'est suffisant pour ne pas me ridiculiser.

— J'y penserais !

Un léger silence s'ensuit tandis qu'un tout autre langage, fait de regards et de sourires, s'instaure entre nous. Nous sommes tous les deux heureux de nous retrouver, c'est une évidence qui m'ébranle quelque peu. Mon cœur trébuche quand il passe la langue sur ses lèvres pleines, faisant apparaître la petite boule colorée qui me fait tant fantasmer. Il ne se rend même pas compte de l'état dans lequel il me met. Mon désir pour lui ne se tarit pas, au contraire. Je mordille ma lèvre inférieure sans quitter sa bouche des yeux. Ma respiration s'emballe lorsque je m'imagine fondre sur lui pour savourer à nouveau ses baisers, mais ma promesse de ne plus rien tenter, me retient cependant.

— J'ai emprunté ton frigo. D'ailleurs, tu vis vraiment ici, ou c'est juste ta garçonnière ? Parce qu'entre l'absence presque totale de meubles et celle de nourriture, je commence à me poser de sérieuses questions !

Je passe une main dans mes cheveux, mais ne peux rien contre l'éclat de rire nerveux que sa remarque provoque.

— Comme je te l'ai dit, je ne cuisine pas. Je suis par contre parfaitement compétent lorsqu'il s'agit de déboucher une bonne bouteille. Du blanc, ça te plairait ?

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant