43. Valentin

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©RoseWilliams2020RainbowLove
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Comme à notre habitude, Marc et moi empruntons l'escalier pour quitter notre lieu de travail. Mon VTT en équilibre sur l'épaule, je prends garde de ne pas frapper mon ami par inadvertance à chaque palier. Je n'ai qu'une hâte : retrouver Raphaël et m'excuser pour ma réflexion désobligeante de ce week-end, peut-être même lui expliquer les raisons de ma réaction...

Nous atteignons le hall d'immeuble, et je commence à m'équiper lentement, vélo à terre. Je place Teddy sur mon nez, mets mon casque, puis enfile mes mitaines de sport. Malgré le soleil, la température s'est rafraîchie. Rien de plus normal à la mi-août.

— Nom d'un raton laveur à poil court !

L'exclamation incroyablement imagée de Marc m'interpelle. Je relève la tête pour le découvrir les yeux ronds et la bouche légèrement entrouverte, le regard fixé quelque part au-dessus de mon épaule, scrutant un point au-delà du sas.

Mon cœur sursaute sans que je ne comprenne pourquoi, assailli par un pressentiment qui m'engourdit le bout des doigts. Le souffle coupé, je me retourne et suis happé par les profondeurs océaniques de deux prunelles aussi belles que paradisiaques.

Je suis abasourdi. Ce doit être un mirage, je ne vois pas d'autre explication.

— J'hallucine !

— Si c'est le cas, moi aussi, Boucles d'or ! Tu ne m'avais pas dit qu'il peinait à s'assumer en public ?

Je hoche la tête, l'esprit ailleurs jusqu'à ce que le coup de coude que mon ami m'assène dans les côtes me fasse revenir à l'instant présent avec une grimace de douleur.

— Tu comptes le faire poireauter longtemps ? raille-t-il.

Je papillonne des paupières, déstabilisé comme rarement je ne l'ai été dans ma vie et secoue la tête en guise de réponse.

— Non, je... À demain ?

Marc m'offre un sourire éblouissant et attendri puis me pousse légèrement dans le dos pour me donner l'impulsion nécessaire. Encombré de mon fidèle destrier, je franchis les portes coulissantes de l'immeuble en jouant nerveusement avec mon barbell, ne cessant de me demander ce que Raphaël peut bien faire ici.

Cependant, quand j'arrive à sa hauteur, je me perds à nouveau dans ses iris étourdissants. Mon cœur trébuche, irradiant mon ventre d'une délicieuse chaleur qui me fait fondre. Je prends sur moi pour garder une distance de sécurité afin de ne pas me jeter sur ses lèvres et ainsi ne pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne semble déjà l'être à en juger par ses coups d'œil nerveux alentour.

— Surprise !?

Son ton qui se veut enjoué sonne pourtant incertain. Je lâche un rire à la fois amusé et ébloui qu'il soit venu me chercher au travail.

Il porte son costume cravate, comme le jour de notre rencontre. Ce détail m'étourdit plus que de raison. Il est sexy en diable dans cette tenue stricte et professionnelle.

— Je voulais m'excuser de m'être conduit comme un idiot ce week-end. Je n'ai pas honte de toi. Ni de nous... C'est juste...

À nouveau, ses iris se perdent sur les passants qui ne font même pas mine de regarder ailleurs tandis qu'ils nous contournent. Je le sens au bord de la crise de panique et fais mon possible pour détourner son attention.

— Je comprends. C'est moi qui te demande pardon pour ce que je t'ai dit. C'est vrai que je ne souhaite pas cacher notre relation, mais... un pas après l'autre, pas vrai ?

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant