À l'encre de ta peau

37. Raphaël

©RoseWilliams2020RainbowLove
☁☁☁

— Avant toute chose, mange !

Ses prunelles sont illuminées par son sourire, réchauffant mon cœur comme un doux soleil dont le rayonnement apaisant se propage jusque dans mes veines, accélérant mon pouls, faisant fourmiller mon ventre délicieusement. Ce n'est pas du désir, bien que j'en éprouve constamment pour lui, c'est bien plus. Pour la première fois de ma vie, je m'autorise à savourer ces sentiments étourdissants qui m'habitent.

— Qui devient autoritaire à présent ?

Ma réplique le fait rire, et tout mon être réagit à ce son merveilleux. Il n'existe aucun mot pour décrire l'allégresse qui m'envahit. Je me sens plus vivant que jamais, entier. Évidemment, la peur est toujours présente, mais je fais mon possible pour la museler, préférant me laisser porter par cet homme incroyable qui est entré dans ma vie pour la bouleverser de sa douceur.

Je dois me faire violence pour me détacher de son regard gris pâle et attraper la tasse de café qui a eu largement le temps de tiédir. Lui ne prend pas cette peine. Je peux sentir la brûlure de son regard sur ma peau telle une caresse, si bien que je finis par relever les yeux pour l'observer à mon tour.

— Quoi ?

Ses lèvres s'ourlent avec malice créant de petites ridules au coin de ses paupières provoquant une virevolte de mon rythme cardiaque.

— Rien !

Pourtant ses iris rieurs en disent beaucoup. Ses doigts rejoignent ma joue qu'ils effleurent doucement.

— Je m'attendais juste à devoir batailler un peu plus pour te convaincre de me laisser ma chance vu ta façon de réagir vendredi quand Évy est entrée dans la cuisine...

Je ne m'en souviens que trop bien et cette fois, mon estomac se tord de culpabilité. Je me suis vraiment conduit comme un crétin.

— Je ne te mérite tellement pas...

Il fronce les sourcils et ouvre la bouche sans doute dans le but de me contredire, mais je le contrains au silence d'un baiser. Je ne sais pas ce qu'il voit en moi, mais je ferais tout mon possible pour être digne de lui et de chaque réveil à ses côtés.

Ses phalanges se perdent dans mes boucles qu'il tire doucement m'arrachant un gémissement qui s'écrase sur sa langue. Quand finalement nous nous séparons, son sourire marque une légère hésitation avant de s'agrandir.

— J'ai... enfin, si je retrouve mon téléphone et qu'il a encore de la batterie, il y a une chanson que j'aimerais te faire écouter. Continue de manger, je reviens...

Aussitôt dit, aussitôt fait, il saute sur ses jambes dans un cliquetis de vaisselle lorsque le matelas tremble dans le mouvement, et quitte la chambre sans un mot de plus. Je l'entends grommeler depuis l'autre pièce et souffle un rire avant de me saisir d'une tartine déjà beurrée.

Ouais... je pourrais facilement me faire à ce genre de réveil !

Une musique joue depuis la cuisine, s'approchant au fil des notes jusqu'à ce que Valentin émerge à nouveau dans ma chambre, son éternel sourire aux lèvres tandis qu'il me rejoint, sans me quitter de son regard aussi saisissant qu'hypnotique. Je reconnais sans difficulté Throwaway de SG Lewis.

La voix de Clairo s'élève alors, vite accompagnée de celle plus grave de Valentin. Mon cœur accélère la cadence presque douloureusement tandis que je me retrouve prisonnier de ces mots qu'il m'offre sans aucune hésitation malgré son expression presque timide et ses joues rosies.