À l'encre de ta peau

46. Raphaël

©RoseWilliams2020RainbowLove
☁☁☁

— Non, sérieusement ! Penses-y, je te ferais le prix d'ami, Rafiki !

J'attrape par réflexe la carte de visite qu'Évy me tend, mais reste trop abasourdi pour réagir tandis qu'elle sautille joyeusement jusqu'au salon où elle s'installe en tailleur à même le sol, aux côtés de Paola. C'est le rire aérien de Valentin qui me sort finalement de ma torpeur. Je tourne alors le regard vers lui, croisant le sien pétillant d'amusement, et cligne des paupières pour reprendre pied dans la réalité.

— Rafiki ?

— Il semblerait qu'Évy t'ait adopté, répond-il en embrassant le bout de mon nez.

Effectivement, il m'a déjà avoué que sa meilleure amie ne donne des surnoms qu'aux personnes qu'elle apprécie sincèrement... Est-ce que ça signifie qu'elle aime secrètement Patachou ?

Comme pour me prouver le contraire, la boule de poils s'installe sur les genoux de la jeune femme qui se met à rouspéter avec ferveur !

— Pataprouteuh ! Tu vas me laisser des poils partout, là !

— Mais oui, Patachou, n'exagère pas, Évy a passé du temps à s'épiler au carré.

Je ne peux que pouffer à la remarque sarcastique de Marc. Coincé au milieu du sofa entre Samuel et Liam, il est à moitié avachi sur ce dernier qui en semble ravi si j'en crois son sourire et son bras possessif encerclant les épaules de son homme.

— Ah ah ! Très drôle, Marcassin ! Je saurais m'en souvenir quand tu te mettras à éternuer jusqu'à ce que mort s'ensuive !

La main de Valentin glisse dans la mienne, m'invitant d'une pression à rejoindre la petite bande qui s'amuse à se chamailler joyeusement. Apparemment, Marc est allergique aux poils de chat. Je me crispe donc quand ce dernier s'approche de lui et suis soulagé quand Samuel l'intercepte avant qu'il n'atteigne sa cible. Le tatoueur se met à le gratouiller distraitement tout en attisant les braises de la conversation comme s'il prenait un plaisir infini à répandre le chaos autour de lui. Pourtant, il ne fait aucun doute qu'il adore chacune des personnes présentes dans mon salon. Le fait qu'il ait sauvé Marc d'une crise d'éternuements ne me le prouve que trop bien.

Valentin et moi nous installons également par terre, ce qui me fait prendre conscience d'à quel point mon appartement souffre cruellement d'aménagements et de mobilier. Il y aurait largement la place de mettre deux canapés ici, sans parler du fait que je n'ai pas d'autres chaises que celles de l'îlot et pas de table à manger non plus.

Notre arrivée fait converger les regards sur nous, et je me crispe malgré moi d'être avec lui au vu et au su de tous. C'est étrange de vivre ça pour la première fois, mais force est de constater que le bonheur est sur toutes les lèvres ce soir si bien que je me relaxe instantanément.

Comme s'il n'avait que trop conscience de mon trouble, les doigts de Valentin se perdent sur ma nuque où il s'amuse à jouer avec les petits cheveux qui s'y trouvent. Il tire un peu dessus pour m'obliger à tourner mon regard vers lui et sourit contre mes lèvres sans pour autant m'embrasser.

— Tout va bien, souffle-t-il sans se soucier des huées moqueuses, mais amusées qui s'élèvent autour de nous.

Ce presque baiser me rend dingue, cependant, partager mon oxygène avec lui m'emplit d'une quiétude agréable. Ce qui n'empêche pas mon cœur de battre incroyablement vite. Mais non... Non, je ne suis pas de ceux qui fuient et avec lui je veux vivre cette nouveauté de ma vie.

— Ça fait plaisir de vous voir ensemble. Juste par curiosité, c'est officiel depuis quand exactement ?

Valentin se détache de moi pour offrir un regard suspicieux à Samuel.