39. Valentin

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©RoseWilliams2020RainbowLove
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— Parfait, Valentin ! Tu peux enlever ton teeshirt. Je vais faire deux ou trois clichés torse nu et on passera aux sous-vêtements !

J'ouvre de grands yeux paniqués, l'estomac dans les talons et les joues incandescentes. Tétanisé, je me contente de rester debout comme un idiot, à observer Tom, le photographe, les bras ballants. Comme c'était prévisible, j'ai eu énormément de difficulté à me détendre devant l'objectif. Sans mentionner que je ne connais pas du tout l'homme chargé de me mitrailler. Heureusement, il s'est montré indulgent et ne m'a ni brusqué ni exprimé son impatience.

Raphaël a dû le briefer. D'ailleurs, lui mis à part, personne n'assiste à la séance. Ce qui me va très bien, je me serais mal vu me mettre littéralement à nu devant Liam.

Si AutoG'Raph signe le contrat avec Roxane & Bergerac, je suis véritablement dans la merde. Rien que d'y penser, une sueur froide me dévale la colonne. Si j'avais su que Raphaël me succomberait si facilement, je n'aurais sans doute pas accepté sa proposition.

— Eh ! Tom est un pro. Tu n'as pas à t'inquiéter, d'accord ?

Je relève mon regard vers celui soucieux de mon petit-ami que je n'ai pas senti approcher.

Mon petit ami ! J'ai du mal à réaliser.

Je souris et me perds dans ses orbes d'un bleu paradis affolant. C'est incroyable comme sa simple présence me détend et m'apaise. J'aimerais le défier de me retirer lui-même mon haut, mais je sais qu'il restera professionnel ici, dans les locaux de son entreprise. Je n'imagine que trop bien qu'en dehors de Liam, personne n'est au courant de son orientation. Non pas que ça me pose problème. Ça ne regarde que lui. Je suis surtout conscient que Raphaël a des difficultés à s'assumer par peur du jugement et du rejet. Sans parler des possibles retombées économiques pour sa boîte. C'est malheureux, mais encore aujourd'hui, l'homophobie a de beaux jours devant elle et notamment dans le milieu professionnel !

Je prends donc une profonde inspiration et mordille mon piercing pour résister à l'envie de lui ravir un baiser. À la place, je plante mes iris dans les siens, mes lèvres se soulèvent un peu plus tandis que je lui offre le plus court strip-tease de l'histoire des strip-teases !

Je suis pourtant ravi de constater ses pommettes rosies et ses pupilles dilatées de désir. Sa langue passe sur ses lèvres avec gourmandise, m'électrisant à mon tour. C'est comme renaître dans son regard, avoir le sentiment d'enfin exister. Il instille dans mes veines une confiance que je ne me connaissais pas.

— Oh, j'adore ! Ne bouge plus, surtout. Raphaël, vous êtes dans le cadre !

Je me fige aussitôt lorsque notre bulle explose et supplie presque le métis de ne pas m'abandonner, ce qu'il fait malgré tout avec une œillade désolée.

Je me sens idiot ainsi, les bras bloqués par mon haut à moitié relevé, exhibant les abdominaux finement dessinés sur mon ventre.

— Non ! Ton regard de tout à l'heure était plus assuré, plus... impertinent. Fais-moi voir le tombeur de ses dames qui sommeille en toi !

J'entends plus que je ne le vois Raphaël pouffer doucement sur ma droite, loin des projecteurs qui sont braqués sur moi. Quel petit con celui-là ! Malgré cette pensée, son amusement me soutire un sourire qui doit être malicieux, puisque Tom immortalise l'instant dans un son caractéristique.

Je tourne légèrement les yeux vers mon amant avec un air de défi évident. Tom s'extasie et me félicite, son appareil réglé en mode rafale.

— Oui, voilà, c'est parfait ! Mais c'est moi qu'il faut regarder ! Continue de te déshabiller. Lentement ! Bien... Passe le col derrière ton cou. Tu te débrouilles bien. Caresse-toi le torse maintenant ! Plus d'impudence dans le regard...

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant