49. Valentin/Raphaël

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©RoseWilliams2020RainbowLove

☀☁☀☁

⛈️ Valentin ⛈️

— OK ! Ça suffit !

L'injonction agacée d'Évy m'atteint en même temps que la lumière crue du soleil lorsqu'elle tire mes rideaux d'un geste sec.

Je grogne, incapable de plus d'énergie, et m'enroule dans ma couette, façon nem. Je maîtrise vraiment le mouvement.

Je ne suis pourtant pas sans savoir que ma colocataire n'est pas du genre à renoncer si facilement. Non contente de troubler ma retraite spirituelle au fin fond de mon lit, elle coupe la musique qui joue en boucle dans l'intimité rassurante de ma chambre. Le silence s'immisce désagréablement sous ma peau, jusqu'à envahir tout mon être. Et je me sens vide.

Quatre jours que les paroles de notre chanson bourdonnent dans mon crâne, préservant l'illusion fragile que Raphaël ne m'a pas abandonné. Quelle ironie quand j'y pense ! Lui qui craignait tant que je disparaisse de sa vie m'a fait subir ce même sort sans une once d'hésitation.

Familière, la rancœur bouscule la douleur dans mon cœur. Je n'arrive pas à lui pardonner de m'avoir éconduit sans chercher à comprendre. Il a tout emporté avec lui en quittant l'appartement de Sam. Mon bonheur et mon sourire.

— Pousse-toi, Tintin ! Laisse-moi de la place.

Je soupire, fronce le nez, mais abdique sans vraiment résister. Ses bras ont accueilli chacune de mes nuits depuis le désastre de samedi. Je m'y blottis et m'y réfugie comme un petit garçon dans les jupons de sa maman, me laissant apaiser par sa chaleur et son amour.

Patachou me manque affreusement, ne faisant qu'attiser la brûlure infâme de l'absence de Raphaël. Heureusement qu'Évy est là !

Mes yeux se ferment lorsqu'elle commence à caresser mes cheveux. Eux aussi me rappellent la perte de Raphaël. C'est pour lui que je les avais coupés. Par amour pour lui... Tout me ramène inexorablement à lui sans que je n'y puisse rien.

— Je n'aime pas te voir comme ça, mon Tintin !

Je ne réponds rien. Que dire à ça ? Je déteste lui faire subir ma peine. J'aurais voulu fuir chez ma mère plus tôt que prévu, mais je ne voulais pas qu'elle se doute de quoi que ce soit. Pourtant, prendre le large me fera du bien. Ici, le souvenir de Raphaël est partout.

— Tu devrais aller le voir !

Ses mots tombent sur moi comme le glas sonne pour le condamné. Je me redresse faiblement pour affronter son regard vert printemps qui ne flanche même pas.

— Tu es censé être de mon côté.

Ses sourcils se froncent de mécontentement, et je ne peux que me préparer à la bombe qui va bientôt m'exploser en pleine face.

— C'est justement parce que je suis de ton côté que je suis obligée de te secouer les puces, figure-toi ! Je ne comprends pas pourquoi tu ne te bats pas pour récupérer ton mec ! Rafiki t'aime, ça crève les yeux.

Je ne sais pas ce qui me comprime le plus le cœur : le surnom qu'elle continue de donner à Raphaël ou les sentiments qu'elle lui prête.

— Il ne me l'a jamais dit. Il m'a interdit de le revoir. Il n'a même pas daigné écouter mes arguments !

Un silence pesant s'ensuit, me laissant seul avec mon vague à l'âme. Combien de fois lui ai-je offert ces trois petits mots sincères sans les entendre en retour ?

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant