12. Valentin

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©RoseWilliams2020RainbowLove
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Mon rythme cardiaque s'emballe comme chaque fois que je pense à lui ou qu'il fait irruption dans ma vie. J'ai le souffle court. Il me faut quelques secondes pour ouvrir le SMS de mes doigts tremblants. L'univers a disparu dans un trou noir. Rien n'a survécu. Ni le bonheur que je ressentais ni la chaleur de l'astre solaire réchauffant ma peau. Aucun son ne me parvient, je suis seul, perdu dans ma détresse. Aveugle et sourd. Il ne reste plus que Swann.

Ⓢ Il faut qu'on parle. Appelle-moi !

Même en quelques mots, je suis déçu. Qu'est-ce que j'espérais exactement ? Deux mois que je fais le mort. Que nous soyons au lendemain de la date butoir imposée ne change rien.

« Réponse souhaitée avant le 14 juillet. » Qu'ils aillent proprement se faire foutre !

— Valentin ? Tu vas bien ?

Je relève les yeux vers Raphaël qui m'observe avec une inquiétude évidente. Je hoche la tête positivement, pas certain d'être en mesure de contrôler ma voix. J'ai besoin de quelques secondes pour me remettre de mes émotions.

— Tu es sûr ? Tu es tout blanc. Tu veux un verre d'eau ?

C'est incroyable. Il parvient par sa prévenance à me redonner le sourire. Un véritable miracle après l'ouragan Swann qui continue, même à distance, de dévaster ma vie. Ce presque inconnu qui s'est assuré que j'allais bien après m'avoir ramassé sur la chaussée. Qui me considère en tant que personne bien qu'il ne désire rien de plus que mon corps.

Tout l'inverse de mon ex. Aujourd'hui encore, je me demande si Swann aurait succombé à Ségolène si je n'avais pas été un garçon. Je sais qu'aimer un autre homme ne peut qu'être difficile à assumer avec sa famille. Mais peut-être que je me fourvoie totalement. Notre relation n'a jamais été franchement épanouissante. Nous n'aurions sans doute jamais dû cesser de n'être qu'amis. Nos rapports étaient simples alors.

Un soupir m'échappe, et je me hâte de le camoufler derrière un sourire.

— Merci, ça va. C'est passé. Pas besoin d'eau.

Il fronce les sourcils, visiblement peu convaincu par ma réponse. Mon système neuronal se remet doucement en marche. Je comprends son trouble, mais je ne suis pas capable de mieux pour le moment. Pour me donner un semblant de contenance, j'attrape mon verre pour le porter à mes lèvres. Je suis agacé quand les glaçons percutent mes dents. Respectant mes habitudes, Axel n'a pas mis de paille dans mon verre. Pour cause, je boycotte ces petits objets de plastique qui sont une véritable horreur sur le plan écologique. Malheureusement, dans ma précipitation à me préparer, j'ai oublié ma paille en inox à l'appartement.

Raphaël ne me permet pas de me perdre davantage dans mes pensées et me ramène à l'instant présent.

— Tu veux en parler ?

Je suis surpris par sa question. Il le voit et désigne d'un geste de la tête le cellulaire qui gît à présent sur la table. J'aime qu'il soit suffisamment avenant pour s'intéresser à mes problèmes sans pour autant être indiscret. Il est juste... parfait !

J'inspire difficilement avant de relâcher mon souffle.

— Je ne veux pas t'ennuyer avec ça et aussi... Il n'y a pas grand-chose à dire ! Je t'ai déjà parlé de Swann.

Ce n'est pas une question, mais il hoche la tête malgré tout. Je me surprends moi-même. Depuis que Swann m'a remis le faire-part de son mariage en main propre et que j'ai fui sans écouter ses explications, je me suis refermé comme une huître. Même Samuel n'a pas réussi à me faire desserrer les dents à ce sujet.

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant