51. Raphaël

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©RoseWilliams2020RainbowLove

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— Danse avec moi, s'il te plaît !

Mon cœur se contracte douloureusement face à la supplique de Valentin. J'aimerais lui dire oui, vraiment, mais être ici en sa compagnie est déjà une lutte de chaque instant. La dernière fois que je me suis retrouvé dans ce pub, j'ai fui, en proie à une véritable crise de panique. Le QG est un bar sympa pourtant, mais pour moi, c'est comme être en zone ennemie. Le danger peut surgir de n'importe où et malgré mes efforts, je ne parviens pas totalement à me détendre.

— Un peu plus tard, peut-être.

J'attrape ses doigts que je serre succinctement, lui offrant un sourire que j'espère désolé auquel il répond avec une bienveillance qui me fait chaque fois chavirer. Je peux sentir à la tension qui l'habite qu'il se retient de m'embrasser et lui en suis reconnaissant même si j'en meurs moi-même d'envie. À la place, il se penche près de moi, effleurant mon corps volontairement et chaparde mon verre de coca avant de grimacer de façon adorable lorsqu'il avale sa première gorgée.

— Je ne comprends pas comment tu peux boire et aimer ce truc infâme !

Son comportement enfantin provoque mon rire, et je me sens aussitôt plus léger. La magie de Valentin a encore fait son œuvre.

— Et moi, je ne comprends pas pourquoi tu y goûtes systématiquement alors que tu sais que tu n'aimes pas ça !

Il repose mon verre, m'offre un clin d'œil complice et s'attarde plus longtemps que nécessaire près de mon oreille.

— Tout pour entendre ton rire, mon ange !

Il se redresse enfin, non sans avoir frôlé ma cuisse, et rejoint Évy sur la piste de danse sans me lâcher de ses magnifiques perles d'orage qui m'électrisent invariablement.

La jeune femme, encerclée par tous les mâles en rut de la boîte, l'accueille avec un soulagement évident. Ils dansent tous deux dans un accord parfait qui trahit leur complicité. Mon sourire ne me quitte pas. Peu importe l'endroit où je suis, je suis heureux dès lors que Valentin y est avec moi. Le bonheur tient réellement à peu de choses. Le mien porte son nom.

Je peine à croire à quel point ma vie s'est embellie depuis qu'il a heurté ma voiture à peine quelques mois plus tôt. Il a donné un sens à mon existence, moi qui ne vivais que pour mon travail. Il m'a démontré ses sentiments sans retenue, moi qui ne connaissais rien à l'amour. Il m'a offert une famille, moi qui n'en avais jamais vraiment eue. Celle de sang lorsqu'il m'a présenté sa mère la semaine passée, mais aussi celle de cœur avec sa bande d'amis soudés.

Liam et Marc roucoulent d'ailleurs sur une des banquettes du club, des cœurs dans les yeux l'un comme l'autre. Paola et Fabrice discutent avec des amis de ce dernier. Et Sam...

Je fronce les sourcils quand les paumes de Samuel se plaquent violemment sur mes épaules me faisant sursauter et grimacer.

— Eh !

Son sourire est un peu trop large pour être honnête. Pour preuve ses yeux sont flous et brillants, son haleine chargée d'alcool et sa démarche incertaine.

— Toi, tu es hors jeu !

Ma constatation des plus sérieuse déclenche un rire chez le jeune designer!

— Quoiii ? Moiii ? Nannn !

— Je peux l'affirmer à ta façon d'allonger les syllabes !

Il se hisse avec difficulté sur le tabouret adjacent au mien, et je l'aide pour éviter de le voir se rétamer sur le sol comme une crêpe. Je suppose que ça fait aussi partie des prérogatives familiales.

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant