4. Valentin

5.2K 570 352
                                    

©RoseWilliams2020RainbowLove
☀☀☀

— Douze ! Je gagne !

Je n'ai qu'une seule conclusion, mes amis sont cinglés... et j'adore !

Fabrice et Paola — en couple depuis bien avant notre rencontre — se sont lancé le défi de celui qui roulerait le plus de pelles !

Fab n'a pas froid aux yeux. Là où sa copine ne détient clairement pas les codes et se contente de danser sensuellement en attendant qu'on l'aborde, lui rentre dans le tas, sourire enjôleur et belle gueule en guise d'armes de séduction massive.

Résultat, il s'est fait peloter le cul par au moins la moitié des célibataires du Rainbow et a vécu sa première expérience gay par la même occasion. Marc et Sam ont tenu à lui apporter leur contribution... Pour rendre service, évidemment ! Qui essaient-ils de convaincre ?

Fabrice est un pur produit méditerranéen. Le beau gosse ténébreux par excellence qui plaît sans véritablement en avoir conscience. Un cocktail détonnant qui fait mouche.

Je m'esclaffe quand, pour la vingtième fois, mon ami m'aborde pour tenter de m'embrasser, mais non... même pour plaisanter, ce n'est pas possible. Encore moins avec un pote. Je trouverais ça trop bizarre !

Mon comportement exaspère Samuel. Je le vois à sa façon de lever les yeux au ciel et de m'offrir ce regard blasé qu'il semble me réserver ce soir. D'après lui, ce qu'il me faut, c'est du sexe sans prise de tête. Il comprend que mon cœur soit pris, mais ne semble pas admettre que je suis incapable de coucher avec quelqu'un sans sentiment.

Pourtant, contre toute attente, je m'amuse. Moi qui me faisais tout un monde de mettre les pieds ici.

J'étais même, presque ravi qu'Évy m'oblige à me rendre aux urgences la semaine passée. L'escapade au Rainbow a donc dû être repoussée. Loin de s'en plaindre, mes amis n'ont pas hésité à sacrifier leur soirée pour me tenir compagnie durant l'attente interminable. Résultat : une côte fêlée et une interdiction de réutiliser mon vélo — que je n'ai toujours pas pris le temps de faire réparer — pendant au moins deux semaines. Sans parler du fait qu'Évy se targue d'avoir insisté et, avec le recul, elle a eu raison. Le médecin m'a bien dit que j'aurais pu souffrir de lésions internes graves. Heureusement, je m'en tire plutôt bien. Mon hématome est étendu et mettra un long moment à se résorber, mais à part ça, je ne présente aucune séquelle. La prise d'antalgique calme les douleurs, et, comme mon travail s'effectue assis, je n'ai pas eu besoin d'un arrêt.

Quoi qu'il en soit, je me rends compte qu'il n'y avait pas de quoi paniquer à l'idée de venir ici. L'ambiance est cool, et je suis avec mes potes. Ce qu'il y a, c'est que je déteste les stigmatisations et je ne peux m'empêcher de trouver réducteur qu'un lieu soit réservé à une poignée de personnes sous prétexte de leur orientation sexuelle. Si des bars n'acceptaient que des hétéros, on crierait à l'homophobie, mais c'est justement à cause de ce rejet d'une partie de la société que la communauté LGBTQ+ a besoin d'endroits comme celui-ci.

— Je paie la prochaine tournée.

— Merci Val, mais Pao et moi, on va rentrer.

— Bon courage pour demain. Je pense passer en milieu d'après-midi.

Fabrice travaille dans un magasin de sport et malheureusement, dans le monde du commerce le samedi n'est pas chômé. Malgré tout, je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Il est toujours partant pour s'amuser et sortir.

Il hoche la tête avant d'éclater de rire en observant sa femme se déhancher contre une fille aux cheveux roses qui la regarde de travers. Son rire est contagieux, et je me joins à lui sans me forcer.

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant