À l'encre de ta peau

41. Raphaël

©RoseWilliams2020RainbowLove
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Je soupire devant mon café et tente de rester concentré sur ma tâche. Ce matin, Tom m'a apporté le book de Valentin et Samuel m'a livré le prototype de l'accessoire que je lui avais demandé. Je procède donc à l'ultime vérification de notre maquette avant de la faire parvenir à R & B.

Nous sommes dans les temps, tout me semble aller pour le mieux, mais je ne pense qu'à Valentin et à notre week-end qui ne s'est pas montré à la hauteur de mes espérances. Pour cause, j'ai été incapable d'agir comme si nous étions en couple, même dans un pays étranger où personne ne me connaît, je n'ai pas réussi à me détendre et à afficher mon amour pour lui aux yeux du monde. Et bien évidemment, Valentin me l'a reproché. À raison !

Quel con !

Je me frotte le visage à deux mains, excédé d'être un tel crétin. Je n'ai même pas réussi à lui tenir la main, encore moins à l'embrasser, même chastement, ni à l'étreindre. Si encore je n'en mourais pas d'envie, mais c'est tout l'inverse. Je ne sais même pas pourquoi je fais un tel blocage. Je sais que certains me jugeront, mais est-ce que je dois les laisser m'empêcher de vivre ? D'aimer ?

Mes doigts se referment sur mes boucles que je serre plus fort que nécessaire, presque soulagé quand une douleur légère parcourt mon crâne. J'ai tout pour être heureux. Un boulot qui fonctionne, l'espoir d'un contrat qui se profile, un petit ami patient malgré mes nombreux défauts et ma peur de l'engagement.

— Toc-toc-toc !

Je relève les yeux pour croiser ceux de Liam qui me sourit avec insolence ce qui m'exaspère d'autant plus. Je lui ai fait le compte rendu de notre périple londonien, le laissant m'apaiser de sa bienveillance et de son soutien. Pourtant, là, il ne semble plus du tout dans la compassion en dépit de mon air misérable.

— Tu es conscient que normalement, tu n'es pas censé le bruiter avec ta bouche, mais avec ton poing ?

— T'es jamais content ! Si j'entre sans m'annoncer tu râles et si je le fais... tu râles quand même.

Son sourire s'agrandit, et je comprends ce qu'il tente de faire. Détourner mes pensées, faire en sorte que j'exulte sur lui ma morosité, et que je cesse de me morfondre. Voyant que je ne réagis pas à sa provocation, il s'avance jusqu'à mon bureau et en inspecte le plateau avec une grimace.

— J'espère que tu y as passé un coup de lingette avant que les agents d'entretien n'arrivent ce matin. Ceci dit, je ne vais pas me plaindre d'avoir eu droit à du porno gratuit au travail !

— Liam !

J'aurais voulu gronder, mais ma plainte sonne davantage comme un gémissement tandis que mes paumes retrouvent mes yeux tel un enfant qui se cache naïvement.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Je n'ai pas d'énergie à lui consacrer malheureusement. J'aimerais trouver un moyen de me faire pardonner auprès de Valentin, mais j'ignore comment.

Un resto ? Mais si c'est pour à nouveau agir comme s'il n'était qu'un ami, je ne ferais qu'envenimer la situation.

Il a été clair. Il a mal vécu que sa relation avec Swann reste secrète, de devoir se cacher... Il refuse de revivre cette situation, d'avoir honte de son orientation... ce que je comprends totalement, d'ailleurs !

— J'ai reçu ce courrier en pensant à un canular jusqu'à ce que je reconnaisse ta signature !

Il pique ma curiosité et me ramène à l'instant présent. J'attrape la liasse de documents qu'il me tend et sens mon cœur tomber dans mon estomac quand j'aperçois le nom de mon notaire ! Merde. Liam a carte blanche pour ouvrir tous mes courriers. Il a carte blanche pour tout, d'ailleurs, mais j'aurais aimé lui apprendre la nouvelle moi-même.