45. Valentin

4.1K 443 159
                                    

©RoseWilliams2020RainbowLove
☀☀☀

J'observe mon reflet dans le miroir du dressing tout en tentant de me focaliser sur le bruit de l'eau ruisselant sur le corps de Raphaël occupé à prendre sa douche. Je ne veux pas stresser. Surtout pas. Cependant, c'est plus fort que moi, l'angoisse gronde dans mon ventre, et je dois inspirer profondément pour me calmer. Je lisse une dernière fois les vêtements que j'ai choisis et un sourire soulève mes lèvres. Ce simple geste me ramène au début de semaine, lorsque Raphaël m'a demandé pourquoi j'agissais de la sorte. Pourquoi forcer un sourire ? Bonheur illusoire.

Il a pourtant échoué à deviner le sens d'un de mes tatouages les plus complexes : La planète Terre représentée dans un cœur anatomique et légendée par le terme anglais «Hearth» signifiant foyer. Ce même mot qui prend tout son sens dans ce motif puisqu'il s'agit du mélange du cœur «Heart» et de la Terre «Earth».

Les détails que Samuel a intégrés au dessin sont juste sublimes. C'était un projet sympa à réaliser et à imaginer avec lui. Il me tient d'autant plus à cœur qu'il symbolise mon engagement écologique.

Cet échec de Raphaël m'a permis de savourer un massage des plus divin, qui s'est évidemment soldé par un corps-à-corps sulfureux. Notre clause stipulant qu'aucun gage à connotation sexuelle n'était permis en a pris un sacré coup.

— Tu cherches à me torturer ?

Je lève les yeux en entendant la voix de Raphaël et lui souris par reflet interposé. Seule une serviette ceint ses hanches, et l'eau ruisselle encore de ses boucles pour se perdre sur son torse. Je sens la chaleur de son amour à travers son regard ardent qui me fixe tandis qu'il s'approche à pas de loup. Je retiens mon souffle, impatient de le sentir m'étreindre puis ferme les yeux pour savourer l'instant lorsqu'enfin ses bras se referment sur mon corps et que son menton se pose sur mon épaule.

— Je ne t'avais plus vu les porter depuis cette soirée au Rainbow.

Son timbre de voix caresse ma peau. Une nuée de papillons virevolte dans mon ventre. C'est le pouvoir de Raphaël sur mes sens.

— J'ai besoin d'emprunter un peu de ton assurance, comme ce soir-là.

J'ouvre les paupières pour mieux me perdre dans les iris océan de mon homme qui m'observe avec un attendrissement flagrant. Porter ses vêtements, c'est un peu m'habiller de son essence, de sa force mentale, de son amour aussi.

Mon sourire s'agrandit lorsque je vois l'étincelle possessive briller dans son regard. J'aime qu'il le soit, j'y puise du réconfort. S'il ne m'a jamais avoué ses sentiments par les mots, ses gestes tendres et ses preuves d'amour font légion, comme s'il murmurait à mon âme qu'il saura se contenter de moi, et de moi uniquement, sans jamais regretter sa vie d'antan.

— Tu n'as pas à avoir peur, souffle-t-il à mon oreille avant d'embrasser ma tempe et de raffermir son étreinte. Tout va bien se passer.

Je l'espère sincèrement. Je hoche la tête en réponse et force un peu plus sur mon sourire pour me donner un semblant de contenance. Raphaël grogne dans ma nuque à laquelle il inflige une morsure indélicate qui me fait sursauter. C'est à la fois douloureux et agréable, ce qui me laisse pantelant.

— J'aimerais percer le secret de ce sourire.

Cette fois, je ris puis tourne le visage pour quémander un baiser que Raphaël est bien trop heureux de m'offrir. Je laisse alors ma tête reposer contre la sienne, tempe contre tempe, et me laisse étourdir par la fragrance d'agrumes qui s'élève de sa peau.

À l'encre de ta peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant