À l'encre de ta peau

6. Valentin

©RoseWilliams2020RainbowLove
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— Je t'aime. Tu le sais ça, Tintin ?

— Je t'aime aussi, mon p'tit Milou !

Évy pose son menton sur mon épaule avec un air bienheureux. La musique ici mélange pop, rock, soul et autres rythmes dansants, loin du style électro qui fait trembler les murs du second étage de la discothèque. Marc n'y met évidemment jamais les pieds et, pour le coup, ça me va parfaitement.

Nous nous laissons aller dans l'étreinte l'un de l'autre dans un slow en total désaccord avec le tempo qui nous entoure. Peu importe. Après avoir esquissé quelques pas de salsa et de rock, nous avons bien mérité un peu de repos. Ma meilleure amie adore tout comme moi se laisser transporter par la musique, si bien que nous n'avons pas longtemps hésité avant de nous inscrire à quelques cours de danse en couple. Notre complicité n'en est d'ailleurs ressortie que plus intense encore.

— Alors. Raphaël ?

— Quoi « Raphaël » ? Je te l'ai dit. Il m'a raccompagné après l'accident. On a sympathisé. Il est cool. Fin de l'histoire.

Son corps tremble contre le mien, preuve qu'elle rit, et je ne peux m'empêcher de sourire contre sa tempe.

— C'est la première fois que je te vois buguer sur quelqu'un d'autre que Swann !

Je me fige aussitôt, et ma bonne humeur me quitte. Ce simple prénom est devenu tabou. Mon « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » personnel. Mon ange et mon démon. Ma joie et mon malheur. Celui qui a brisé mon cœur, mais qui continue de le faire battre bien malgré moi.

— Cela dit, je te comprends. Il est franchement bandant. J'en aurais bien fait mon quatre heures !

— Évy, dois-je te rappeler que tu n'es pas équipée pour ?

En une seule phrase, elle est capable de me redonner le sourire, et je la sens faire de même contre mon cou.

— En attendant, il n'a pas arrêté de te dévorer du regard depuis qu'on s'est éclipsés. Tu as toutes tes chances, mon Tintin !

Je ne peux rien contre le soupir qui m'échappe. Si seulement c'était si simple.

— Je suis sûr qu'il s'intéresse plus à mon cul qu'à mon cœur malheureusement.

Comme s'il avait deviné être au centre de notre conversation, j'aperçois le beau Raphaël se frayer un chemin dans notre direction. Son regard s'ancre naturellement au mien, faisant manquer un battement à mon cœur.

— Possible... Mais tu ne peux pas en être sûr. Ne lui ferme pas la porte, Val... Tu sais que je serais la plus heureuse des femmes le jour où tu ratiboiseras ta tignasse.

— Tu dis ça parce que je laisse des cheveux partout dans le siphon de la douche.

Elle pouffe avec moi. Nous savons tous deux de quoi il retourne vraiment. La question étant : suis-je vraiment prêt à aller de l'avant ? Et pourtant, elle a raison. Il ne me laisse pas insensible. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Peur de faire le grand saut une seconde fois au risque de me rétamer sur le sol. Peur de faire à nouveau confiance et prendre le risque de souffrir.

Ce qui est certain, c'est que je ne me contenterais pas d'une seule nuit dans ses bras. Je le veux tout entier ou pas du tout.

Évy, à l'instar de Marc et Samuel, ne s'interdit pas les plans d'un soir ou PC comme elle aime les appeler pour ensuite mieux détourner l'acronyme de son sens initial. Ainsi, le Plan Cul devient naturellement un Prince Charmant des plus satirique dans sa bouche. Le fait est que le véritable prince charmant, elle l'a déjà rencontré. Du moins, c'est ce qu'elle croyait jusqu'à découvrir que l'élu de son cœur avait déjà femme et enfants en province.