À l'encre de ta peau

22. Valentin

©RoseWilliams2020RainbowLove
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Je me demande encore comment j'ai pu atterrir dans les draps de Raphaël. Je m'efforce de faire taire la petite voix dans mon cerveau qui n'a de cesse de répéter que je fais une énorme connerie. Il n'y a pourtant pas mille questions à se poser. Seul l'avenir nous dira où notre attraction mutuelle nous mène. Il prend en compte mes barrières, ma volonté, mes insécurités. Il me respecte et m'accepte dans sa vie. Alors qu'il en soit ainsi.

Après une douche bien méritée, — et plus que nécessaire après l'épisode de l'ascenseur — j'ai pris le temps d'envoyer un message à Évy afin qu'elle ne s'inquiète pas, avant de le rejoindre dans son lit. Son odeur d'agrumes est de nouveau sur ma peau. Ma nouvelle fragrance préférée.

— C'est un peu... bizarre !

Je fixe le plafond sans trop oser bouger. Je n'ai jamais dormi avec un autre homme que Swann, et même avec lui, ce n'est jamais devenu une habitude puisque nous n'avons jamais habité ensemble. Quoi qu'il en soit, ce n'est en rien comparable. Je ne suis pas en couple avec Raphaël, et ne parviens pas à déterminer où est ma place dans cette étrange relation que nous tissons. Et puis, j'ai peur de me rendre ridicule. Et si je bavais ? Ou pire...

— Parce que nous nous connaissons à peine ?

Mes lèvres se soulèvent avec amusement tandis que je me tourne sur le flanc — le droit, celui qui ne me fait pas mal — pour lui faire face. Une main coincée entre l'oreiller et son visage, il m'observe avec un air de petit garçon innocent qui manque de me faire fondre.

— Oui, entre autres !

J'ai tellement envie de le toucher sans pouvoir m'y résoudre. Je sais qu'il ne tentera rien, ce qui me rassure. Mais si je cède à la tentation, je ne suis pas certain d'être en mesure d'endiguer le désir qu'il m'inspire. Je suis mon propre ennemi, ici !

— Je peux te poser une question ?

Je ris doucement parce que je sais pertinemment ce qu'il manigance. Ce n'est d'ailleurs peut-être pas conscient de sa part, et c'est pourquoi je ne bronche pas face à ses manœuvres de diversions.

Lorsqu'il a échoué à reconnaître Hedwige, j'ai vu le désarroi dans son regard, la crainte, la peur... Je ne le forcerai pas à se confier à moi. S'il doit le faire, je veux que ça vienne de lui et pas sous prétexte d'un jeu stupide. C'est pour cette raison que je lui ai proposé de deviner un autre de mes tatouages. Je voulais lui offrir une porte de sortie, une échappatoire. Je savais pourtant qu'il ne se laisserait pas piéger une seconde fois et que ma stratégie me conduirait directement dans son lit, mais, d'une certaine façon, c'est ce que je souhaitais. Connaître une nuit dans ses bras, sans qu'il ne se passe rien. Un simulacre de vie de couple. L'illusion de l'amour.

— Demande-moi tout ce que tu veux, Raphaël ! Je verrais si je te réponds ou non.

Son sourire s'élargit, et ses prunelles paradis étincellent à la lueur légère de la ville qui ne dort jamais. Sa main droite se tend vers moi, effleurant ma joue, mes lèvres, descendant dans mon cou, redessinant mes clavicules, mon buste. Je frissonne, ferme les yeux, mon souffle s'accélère.

— Raphaël !

Il rit doucement du trouble qu'il fait si facilement naître en moi.

— Pourquoi le piercing ?

À mon tour de pouffer. On m'interroge peu sur ce bijou, et pourtant, je sais très bien les nombreux fantasmes et idées reçues qui y sont associés.

— Pour devenir un pro de la fellation, évidemment !

Je lui offre un clin d'œil et le vois écarquiller les yeux.