À l'encre de ta peau

20. Valentin

©RoseWilliams2020RainbowLove
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Je réalise que je me suis totalement trompé sur Raphaël. Je l'imaginais plein d'assurance et débordant de confiance en lui, mais je constate qu'il est juste particulièrement doué pour cacher ses peurs. Avoir un aperçu de qui il est vraiment derrière son armure, ne le rend que d'autant plus attirant à mes yeux. Moins intimidant aussi.

Il me fait penser à Samuel. Lui aussi cultive l'illusion d'être un mec cool et décontracté que rien n'atteint jamais. Pourtant, ce soir il est à nouveau dans une de ses mauvaises périodes. Je déteste le voir ainsi, mais je sais heureusement que ça ne dure jamais très longtemps. C'est habituellement moi qui le raccompagne chez lui, mais pas cette fois. Comme si l'univers savait que quelqu'un d'autre aurait besoin de moi.

En chemin, Raphaël m'a d'ailleurs questionné au sujet de mon ami. J'ai préféré éluder, car je refuse de trahir mon confident. Ce n'est pas à moi de parler de ces choses-là. La conversation s'est donc portée sur Marc et Liam qui semblent s'apprécier particulièrement à notre plus grand plaisir commun. C'est à présent au tour d'Évy d'être au centre de notre discussion.

— Je t'assure ! Un véritable interrogatoire. Cette fille aurait pu être flic. Elle se faisait déjà tout un film sur nous deux. Elle a été déçue quand je lui ai annoncé que j'avais simplement passé la nuit seul sur ton sofa.

Raphaël s'immobilise si brusquement que je me trouve bloqué par sa main toujours solidement arrimée à la mienne. Il me livre son trouble sans artifice, de ses yeux ronds à la lèvre qu'il martyrise entre ses dents. Je me force à faire taire l'incendie que ce geste inconscient fait naître dans mon ventre.

Il s'éclaircit la voix, ce qui me fait froncer les sourcils. Quoi qu'il se soit passé tout à l'heure au bar, son aplomb a totalement disparu, et je reste déstabilisé malgré moi.

— J'ai... peut-être oublié de te dire ce matin que j'ai passé la nuit avec toi sur le sofa ! Pour ma défense, tu me serrais avec tellement de force que j'étais persuadé que tu l'avais réalisé.

What. The. Fuck !

Je suis certain, à la chaleur qui envahit mes joues, que je viens de rougir. Déjà que je me sens nul de m'être endormi chez lui comme je le redoutais initialement, mais en plus je me suis accroché à lui comme une moule à son rocher. Et pourtant, la honte n'est pas l'émotion prédominante. J'ai dormi dans ses bras, j'ai profité de la chaleur de son corps puissant, et je ne m'en souviens même pas !

— Tu es en colère !

Définitivement pas une question, mais je dénie malgré tout.

— Pas contre toi.

Je force un sourire sur mes lèvres pour le rassurer. Je meurs d'envie de l'embrasser. Mon désir est tellement puissant qu'il m'étourdit.

— Viens, nous ne sommes plus qu'à deux minutes.

J'exerce une pression sur sa main pour l'inciter à reprendre sa marche, et il obéit sans broncher. Il est bien loin du type directif que j'ai rencontré.

— Si tu n'es pas en colère contre moi, alors à quoi est dû cette étincelle sauvage dans ton regard, chaton ?

Ah ! Le revoilà. Mon cœur tressaute de joie, et je souris de plus belle. J'adore lorsqu'il use de ce ton faussement arrogant, presque irrévérencieux.

— Je ne suis pas en colère, Raphaël ! C'est plus... de la déception ?

Mes propres mots me paraissent incertains. Il me semble important que je m'explique.