𝐀𝐔 𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐍𝐔𝐈𝐓 - Tome 2 (The Walking Dead)

29.2 - Culpabilité

Une fois que Dylan et Sasha eurent passé la porte, Rick souffla d'exaspération en regardant sa fille. Judith gazouillait calmement dans ses bras en tendant ses petites mains vers le visage de son père. Ce dernier attendait patiemment que Beth revienne de sa douche pour lui confier le bébé afin qu'il puisse s'atteler à ses corvées quotidiennes. Maintenant que l'épidémie était loin derrière eux, il était temps de nettoyer la prison afin qu'une deuxième vague ne les surprenne pas, même si Hershel jugeait qu'il y avait peu de chance que cela ne se produise. Ainsi, Daryl, Tyreese, Maggie et Glenn étaient dans le bloc A, l'ancienne zone de quarantaine, depuis l'aube pour désinfecter toutes les cellules. Un deuxième groupe, essentiellement composée de survivants de la ville de Woodbury, s'occupait du bloc D et le shérif avait dans l'esprit de les rejoindre au plus vite.

La journée à la prison fut ainsi rythmée par une forte odeur de javel et de produits détergents. Les survivants ne firent pas une seule pause, pas même pour manger, mais c'était sans compter sur Beth qui prit l'initiative de leur amener plusieurs sandwiches.

Dans le bloc A, le nettoyage était presque terminé pour le plus grand bonheur des amis de Rick qui commençaient à fatiguer. À l'étage, dans l'ancienne cellule de Glenn, Tyreese et Daryl frottaient le sol dans l'espoir de nettoyer les taches de sang qui s'y trouvaient.

- Sasha va bien? demanda le chasseur pour briser le silence.
- Ouais, elle s'est bien remise, répondit le frère de la concernée. Merci de d'mander.

Pour toute réponse, l'archer adressa un signe de tête à l'afro-américain.

- Et Dylan? questionna ce dernier à son tour.
- J'sais pas.
- Toujours en froid?

Daryl fronça les sourcils et se renfrogna quelque peu, regrettant d'avoir engagé la conversation. 

- Désolé, ria doucement Tyreese. Je sais qu'c'est pas mes affaires mais j'ai bien vu que c'était tendu depuis quelques jours.
- Ouais, maugréa l'archer. Mêle toi de c'qui t'regarde.

Le frère de Sasha leva les mains en signe de capitulation et ne posa pas davantage de questions au chasseur, comprenant que ce sujet était une corde sensible sur laquelle il ne valait mieux pas se tenir en équilibre.

Peu à peu, la nuit recouvrait la prison, apportant son lot d'inquiétudes et de questions. Sasha et Dylan n'étaient toujours pas rentrées de leur ravitaillement et la tempête ne cessait de s'intensifier à l'extérieur. Rick, seul au courant de la destination des jeunes femmes, se trouva alors face à un dilemme : dire la vérité aux autres ou, au contraire, se taire sur cette délicate situation. Finalement, face à l'absence persistante de Dylan et Sasha, le shérif s'était senti dans l'obligation de partager l'information avec ses amis. Ainsi, l'homme avait donné l'ordre de réunir le Conseil pour une réunion d'urgence.

Assis autour d'une table, les différents membres du Conseil observaient Rick avec insistance et incompréhension. Debout devant eux, le shérif se frottait le menton, essayant de trouver un moyen d'annoncer la nouvelle à ses amis. D'autant plus que Tyreese, le frère de Sasha qui avait rejoint le Conseil depuis peu, et Daryl, la personne la plus proche de Dylan, étaient avec lui dans cette pièce. Ainsi, avant même de prendre la parole, le père de Carl se doutait que les réactions de ses amis allaient être empreintes de violence et d'incompréhension.

- Il faut qu'on parle de Dylan et Sasha... commença l'homme doucement.
- Comment ça? le coupa Hershel, soudainement inquiet. Il s'est passé quelque chose?
- Elles sont parties en ravitaillement ce matin...
- Sous la tempête? ragea Daryl.
- J'ai essayé de les en dissuader mais...
- Tu les as laissé partir? Toutes seules? s'énerva Tyreese à son tour.

Rick se sentit soudainement seul et surtout, fautif. Au fond de lui, il savait qu'il n'aurait pas dû les autoriser à partir en ravitaillement mais il savait également que Dylan avait besoin de sortir pour se changer les idées et il n'avait pas eu le cœur à la contredire. D'autant plus que l'homme lui faisait une confiance aveugle et que jamais il n'aurait pensé qu'il puisse lui arriver quoi que ce soit.

- Pourquoi t'as rien dit? pesta le chasseur. Avant même qu'elles partent!
- Elles préféraient que personne ne soit au courant, pour ne pas vous inquiéter...
- Alors t'as profité qu'on soit tous en train de torcher le bloc A pour nous tenir à l'écart? vociféra Daryl.
- C'est ma sœur mec, j'aurais dû être au courant, surenchérit Tyreese.
- Calmons-nous deux minutes, tempéra Hershel. Nous en prendre à Rick ne changera rien. Sais-tu quelle direction elles ont prise?
- Un vieux centre commercial, à une trentaine de kilomètres d'ici, répondit le concerné, penaud.
- C'est hors de portée de nos talkies-walkies, on peut pas les contacter, constata le patriarche.
- Rien à foutre, j'vais les chercher, pesta le chasseur.
- J'viens avec toi, s'empressa de dire Tyreese.
- Va préparer la...
- Stop! s'énerva Rick. Personne ne va nulle part, pas sous cette tempête!
- T'aurais dû y penser avant de les envoyer à la mort, cracha Daryl. Y'a encore deux semaines, Dylan a failli crever! Pareil pour Sasha! Comment t'as pu les laisser partir? T'as rien dans l'crâne ou quoi?

Le tension continuait de monter peu à peu dans la salle sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit. L'archer et le shérif se défiaient du regard. Daryl avait la mâchoire contractée, signe de son énervement tandis que sa main droite était crispée sur la lanière de son arbalète. Rick, quant à lui, jouait nerveusement avec l'étui de son arme tout en fixant son ami d'un regard mauvais.

- Moi aussi j'veux les retrouver Daryl, tenta-t-il, la voix calme. Mais dans ces conditions, c'est du suicide, on arrivera à rien.
- Elles ont peut-être besoin d'nous, s'écria le frère de Sasha. Peut-être qu'elles sont prises au piège quelque part, elles pourraient y rester!
- Allons Tyreese, intervint Hershel. Ne dramatisons pas. Dylan et Sasha ont de la ressource. Ce ne sont pas des gamines apeurées. Je suis sûre qu'elles s'en sortent très bien. Attendons que la tempête se calme et nous partirons à leur recherche.
- Putain d'merde, ragea Daryl.

L'homme donna un coup de pied dans une chaise qui alla se fracasser contre un mur.

- S'il leur arrive quoi que ce soit, menaça-t-il en accusant le shérif du doigt. J'te jure que tu vas chialer.

Sur ces mots, l'arbalétrier quitta la salle en claquant la porte, laissant derrière lui les autres membres du Conseil, inquiets et penauds.

Une fois dans les couloirs obscurs de la prison, un sentiment de culpabilité envahit Daryl, ce même sentiment qu'il ressentait constamment depuis plusieurs jours déjà et qui s'accentuait dès lors qu'il posait les yeux sur Dylan ou qu'il pensait à elle. Au fond de lui, il savait que l'irrémédiable besoin d'air de la brune était dû au fait qu'elle souhaitait être au plus loin de lui. Bien qu'il en souffrait, l'archer ne pouvait que comprendre ce comportement.

Daryl fit claquer chaque porte sur son passage jusqu'à atteindre l'extérieur. La tempête battait son plein, faisant courber les arbres sous son assaut et voler plusieurs objets à travers la cour. La puissance du vent obligea l'homme à se retenir aux grilles pour ne pas tomber. Difficilement, il finit par atteindre le mirador où il souhaitait passer le reste de la nuit afin de guetter le retour de Dylan et Sasha.

À l'intérieur de la tour, les bruits de la tempête se répercutaient en écho dans la cage d'escalier. Pour autant, le chasseur ne sembla pas s'en inquiéter et grimpa les marches deux à deux pour rejoindre son poste de garde.

Daryl resta ainsi un long moment, pour ne pas dire la nuit entière. Le regard rivé vers l'horizon, il fixait l'entrée principale de la prison à travers les gouttes d'eau qui perlaient contre les vitres crasseuses du mirador. Il espérait voir surgir les phares d'une voiture d'une seconde à l'autre mais il n'en fut rien. La panique commençait peu à peu à l'envahir mais l'homme essayait de la réprimer, tant bien que mal. Il refusait de perdre Dylan de la sorte, surtout sans avoir eu l'occasion d'arranger les choses.

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Merci d'avoir lu!
Bisous à tous.