Chapitre 100 + 5

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Il y a 1 an, jour pour jour

"Aujourd'hui était un jour spécial. Ça faisait maintenant une semaine que tout s'était produit. Mais je me sentais toujours aussi mal, toujours aussi détruite. Je n'arrivais toujours pas réellement à réaliser ce qu'il s'était passé et que tout s'était arrêté si brusquement.

Aujourd'hui était effectivement un jour spécial. Tarik fêtait ses 32 ans. Nous aurions dû les fêter dans notre nouvel appartement, rien n'aurait été pareil. Mais j'étais loin de tout ça, dans un endroit bien différent.

Aujourd'hui était un jour spécial. Je n'aurais jamais pensé faire ça ce jour là, et c'était paradoxal, mais lorsque l'on m'a proposé le créneau je n'ai pas pu refuser, sachant que je me dégonflerais surement si je laissais passer le temps, et surtout sachant que je ne pouvais pas trop attendre non plus.

Oui, aujourd'hui était un jour spécial. J'étais allongée sur cette table, et Clara était derrière moi, me tenant la main. Des larmes dévalaient mes joues silencieusement, alors que l'anesthésie locale commençait à faire effet."

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Jeudi 26 décembre 2019 - Paris

Aujourd'hui était un jour spécial. Cela faisait maintenant 1 an et une semaine que tout s'était produit. Mais je n'étais plus détruite. Enfin si, une partie de moi l'était toujours, et je m'étais rendu compte ces derniers jours que mon état mental avait prit un sacré coup. Mais tandis qu'il y a un an, tout s'était arrêté brusquement, me lançant dans un brouillard bien trop sombre, je nageais aujourd'hui dans quelque chose de plus coloré, aux côtés de celui que j'aimais, et que j'avais l'impression d'aimer bien plus que je ne pouvais m'aimer moi-même.

Aujourd'hui était effectivement un jour spécial, puisque Tarik fêtait ses 33 ans. Le terme "fêter" est sûrement un peu gros pour désigner ce que nous faisions aujourd'hui, mais nous passions ce jour ensemble, dans notre appartement et c'était le principal.

Oui, aujourd'hui était un jour spécial, puisque quelque chose me pesait depuis le réveil. Une absence qui ne devrait pas l'être, un manque que j'avais décidé de créer. J'avais décidé d'avorter il y a un an, et d'enlever la vie à un petit être qui ne l'aura donc jamais connu, tandis que nous fêtions le premier jour de vie de son papa. Tordu non ?

Mais c'était l'un de mes choix, et ça faisait désormais parti de ma vie. Tandis que j'avais pensé au moment de le faire que j'oublierais, puisque de toute façon ça serait fait, je regrettais encore aujourd'hui mon geste, et je vivais avec ce regret jour après jour.

Mais j'avais envie de sourire aujourd'hui, et de profiter de ce jour, me disant que nous étions réunis Tarik et moi, et que ça, c'était une réelle chance. Après tout ce que nous avions vécu, après tout ce temps à se déchirer, se détester, à pleurer, à s'aimer, nous étions ensemble, et soudés plus que jamais. Je ne voulais plus me laisser aller par la folie, et je comprenais aujourd'hui que j'avais eu tellement peur de le perdre à nouveau, que je m'étais auto-persuadé qu'il nous arriverait un malheur, simplement parce que j'étais certaine que nous n'avions pas droit au bonheur.

Sauf qu'il avait été là, du début à la fin, et même si nous nous étions disputés, que je me suis senti incomprise, et même que j'avais eu l'impression qu'il s'était détaché de moi, j'avais rapidement ouvert les yeux. Il avait été là pour m'écouter, me raisonner, me protéger. Il était même rentré dans mon jeu pour que je me sente en sécurité, et il avait été parfait du début à la fin.

Il était l'homme de ma vie, ça ne faisait aucun doute.

La journée d'hier s'était bien passée, c'était le jour de noël. Nous étions resté à l'appartement comme prévu, et avions trouvé de bonnes occupations pour faire passer le temps. Autant dire que ça ne l'a pas tant déranger que ça de ne pas sortir. C'est aussi ce jour là que nous avions eu une vraie conversation tous les deux. Il m'a fait part que j'aurais sûrement besoin de voir un psychologue puisque j'avais vécu beaucoup de choses difficiles, mais j'avais refusé, lui disant que j'étais déjà allé en voir un étant petite, et que je n'avais pas du tout aimé ça. Je détestais ça même, je ne voulais plus entendre parler de psy. Il n'avait pas bronché, mais m'avait dit que je pouvais lui parler si j'avais besoin, ce que j'ai fait. Je lui ait fait part que Seb m'avait effectivement traumatisé, et que c'était ce qui me tourmentait. Il avait trouvé les mots juste, et même si il était parfois maladroit, il restait réconfortant. Je me sentais en sécurité à ses côtés, et oui, je me sentais capable de m'autoriser enfin à vivre, d'accepter l'idée de profiter de ce qui s'offrait à moi, et non plus de me contenter de survivre ou de redouter le future.

Trop d'sentiments m'abîment - Ademo - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant