Chapitre 100 + 10

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Samedi 13 février 2021 - Corbeil-Essonnes

Cela faisait maintenant plusieurs heures que je marchais à la recherche d'une robe pour la soirée qu'organisait Aïda. J'avais envie d'être parfaite, et je savais que ça me ferait du bien de retrouver mes anciens collègues de travail, et surtout de sortir et me sentir un peu plus femme que mère.

Je regrettais amèrement la paire de talons aiguilles que j'avais enfilé ce matin en me persuadant que j'allais assumer cette décision. Mais je n'assumais pas du tout.

J'entrai dans une énième boutique, partant totalement défaitiste, ne trouvant pas depuis la matinée mon petit bonheur que je me fit interpelée par une voix masculine.

- Maïana ? Demanda un grand brun aux yeux clairs.

Je ne connaissais pas son nom, mais j'avais bien l'impression de l'avoir vu quelque part.

- Oui ? Demandais-je sur mes gardes.

- Ça alors vous avez l'air d'avoir repris du poil de la bête, souriait-il.

Je souriais discrètement, vraiment gênée puisque son visage ne me revenait pas. Je le regardais avec de grands yeux, essayant du mieux que je pouvais de me remémorer ne serait-ce qu'un prénom ou un endroit, mais rien ne me venait. Je lançais des SOS à mon propre cerveau car ça commençait à devenir gênant.

Puis, il comprit que son visage ne m'était pas revenu.

- Ah, excuses-moi, je suis Sebastien Terran, se désignait-il en souriant.

Mon coeur ne fût qu'un bond. Jamais, au grand jamais je n'aurai pensé entendre un jour à nouveau le nom de Seb. Mes dents se serrèrent, les images de mon bourreau me revenant en pleine gueule, ainsi que tout le mal qu'il m'avait fait.

C'était donc pour ça que je ne me remémorait pas sa tête, on s'était brièvement croisés au tribunal lors du jugement de "Seb" de son vrai nom, Anthony Montagneux qui avait donc usurpé l'identité de la personne actuellement en face de moi. J'étais la personne ayant subit le plus de préjudice lors de son jugement, c'était donc pour ça que les autres devaient se souvenir de moi, et bien malgré moi.

Le pauvre homme se rendit compte que l'énonciation de son nom m'avait perturbé, et s'en excusa instantanément. Mais ce n'était en aucun cas de sa faute, il était aussi une victime dans cette histoire.

- Non, non, ne vous excusez pas, souriais-je. Oui, ça va mieux, avouais-je. Je réussis à me reconstruire.

- C'est génial, répondit-il alors. Vous avez appris pour... L'autre ? Dit-il alors.

Je ne voyais pas du tout de quoi il parlait, mais comprenais très clairement de qui il parlait. Mon cœur s'emballa à nouveau. J'imaginais déjà qu'il s'était enfui de prison, il en était capable. J'avais tout à coup un sentiment d'insécurité, car si c'était ce que je pensais, il allait revenir, et ça c'était inconcevable.

- Non, dis-je alors inquiète. Qu'est... Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Il souriait alors, avant de cracher le morceau.

- Je connais un mâton là-bas, chuchota-t-il alors. Un mec de l'extérieur de la prison aurait mit la tête à prix de cette ordure. Il est mort y'a plusieurs mois maintenant.

Je restais bouche-bée face à la nouvelle. J'étais d'un côté soulagée car il ne serait plus jamais une menace. Mais j'étais énervée aussi. Il avait subit évidemment le pire sort, celui de la mort. En revanche, il n'avait pas purgé sa peine, celle pour laquelle j'avais été présente ce jour-là au tribunal, c'était presque facile d'en terminer comme ça. Je voulais qu'il paie, qu'il souffre chaque jour dans sa cellule, dans la peur que la prison finirait par l'anéantir, à purger sa putain de peine jour après jour entre quatre murs.

Trop d'sentiments m'abîment - Ademo - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant