Chapitre 10 : La douche

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Pdv Illumi :

Lorsque les domestiques toquent à ma porte pour nous apporter le déjeuner, je me tiens aussitôt sur mes gardes. Ma mère n'oserait pas empoisonner deux fois d'affilée le repas... si ? Préférant ne pas prendre de risques, j'enfonce une aiguille à l'arrière du crâne du serveur. Malheureusement pour lui, j'ai découvert il y a peu qu'il entretient une relation amoureuse avec une jeune intendante. Erreur qui ne pardonne pas. Sous la contrainte, le serveur m'avoue que mes ordres ont été respectés et que tout est sain. Il y a intérêt, parce que je ne suis pas réputé pour ma patience.

Je laisse le cadavre du serveur à deux autres domestiques, qui le débarrassent de ma chambre sans sourciller. Ils doivent être habitués à la famille maintenant. De toute façon, s'ils ne sont pas capables de faire leur boulot, ils subiront le même sort. Eh oui, ce n'était peut-être pas la meilleure idée du siècle de choisir de servir une famille d'assassins. Mais ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

Précautionneusement, je pose un plateau rempli sur les genoux d'Hisoka. Ce dernier, encore assez faible, n'a pas quitté mon lit depuis ce matin. Je m'inquiète de sa santé et pose une main sur son front pour prendre sa température. Cependant, il me chasse d'une pichenette et m'invite à m'installer à côté de lui.

-On ne va pas manger tous les deux dans mon lit, quand même...

-Discute pas et ramène ton joli petit cul ici.

-Hisoka !

-Quoi ? Tu joues à la vierge effarouchée ? Me taquine-t-il.

-Bien sûr que non. Arrête juste avec ces stupides provocations.

-Sinon quoi ?

Mon premier réflexe est de vouloir lui fermer le clapet en lui enfonçant une aiguille dans la gorge, mais je me retiens. Déjà, il sort tout juste d'une expérience de mort imminente. Et ensuite... Bon, je n'ai pas vraiment envie de le tuer. Je dirais même que je n'en ai pas envie du tout. Quoique, vu son sourire victorieux je reviendrais bien sur ma décision. Avec plusieurs grommellements, je finis par m'installer à côté de lui avec mon propre plateau. C'est Hisoka qui brise en premier le silence :

-Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?

Ma fourchette à mi-chemin de ma bouche, je me fige en plein mouvement. Mon cerveau a beau chercher, parcourir chaque minute qui s'est écoulée ces dernières vingt-quatre heures, je ne parviens pas à me rappeler de cette soirée. C'est comme si je me heurtais à un mur de brique infranchissable.

-Je ne m'en rappelle plus... Nous avons dû beaucoup boire.

-Tu ne te rappelles vraiment pas m'avoir dit un truc particulier ? Insiste mon ami en fronçant les sourcils.

-Non... Je devrais me souvenir de quelque chose ?

-A toi de me le dire, marmonne Hisoka, boudeur.

J'observe une longue pause, histoire de fouiller à nouveau ma mémoire, mais mes recherches sont infructueuses. Je m'inquiète un instant de lui avoir révélé quelque chose de compromettant, mais je me raisonne très vite : je n'ai rien d'important à lui cacher. Quoi que j'aie pu lui raconter, ce n'est pas grave. Néanmoins, j'ai la dérangeante sensation de passer à côté de quelque chose. Mince... Qu'est-ce que j'ai pu faire ou dire ? Puisqu'Hisoka était avec moi, je redoute le pire.

Nous terminons dans un silence pesant notre déjeuner. Je vais déposer nos plateaux sur mon bureau et me retourne vers mon ami. Malgré son sourire nonchalant, il a l'air épuisé : ses traits sont tirés, ses yeux cernés et son teint cireux. J'ignore pourquoi, mais le voir dans cet état contracte ma gorge - comme si j'étais en train d'étouffer, alors qu'en réalité il ne se passe rien. Et ça me rappelle tous ces sentiments confus qui m'ont agité quand je l'ai vu s'effondrer, cette nuit. Tout s'est passé si vite... Au début, j'étais horriblement gêné et furieux qu'il ait fantasmé sur moi. J'étais hors de moi mais c'est à ce moment précis qu'il a commencé à trembler et à convulser. Je n'ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit qu'il s'était déjà effondré.

Just a game (Hisoka x Illumi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant