Just a game (Hisoka x Illumi)

Chapitre 35 : Réflexion

Pdv Illumi :

Recroquevillé au fond de mon lit, je fixe d'un regard vide le mur dépouillé de ma chambre. Je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit après la conversation que j'ai eu avec mes parents, hier soir. Rien qu'à ce souvenir, mon cœur se serre douloureusement. J'ai beau chercher une solution depuis des heures pour éviter mon futur mariage, je n'en trouve aucune. Bien sûr, je pourrais livrer bataille à ma famille... mais j'en suis incapable. Comment trancher entre ses parents et l'amour ? J'ai l'impression que ce choix va m'écarteler d'une seconde à l'autre.

Je suis tiré de mes sombres pensées par un domestique, qui toque à ma porte. Je lui intime d'entrer d'une voix plate. Ce dernier dépose un plateau rempli de nourriture sur mon bureau, auquel je ne toucherais pas, puis se tourne vers moi. Il attend que je daigne lui accorder un minimum d'attention pour m'interroger :

-Vos parents vous demandent si vous envisagez de partir de Kukuru Moutain d'ici votre mariage, monsieur.

Je prends un instant de réflexion, perdu. Suis-je prêt à affronter Hisoka ? Et pire encore, suis-je prêt à lui révéler la vérité ? Il le faut, pourtant, que je le veuille ou non. Avec un soupir, je hoche la tête et lui répond que je serais parti d'ici quelques heures. Le domestique m'accorde un regard brillant de sympathie avant de tourner les talons. Super, même lui a pitié de moi.

Les membres engourdis, je me lève difficilement et commence à rassembler mes affaires avec des gestes mécaniques. Cependant je finis vite par me laisser glisser au sol. Une boule s'est logée dans ma gorge, refusant de me laisser respirer correctement. Mes yeux me piquent alors que j'observe cette chambre dans laquelle j'ai passé une grande partie de ma vie. Même ici, tout me rappelle mon petit ami. J'ai l'impression que le moindre endroit est imprégné de son souvenir. Chaque instant passé avec lui me revient sous forme de flashbacks : lorsque nous avons pris une douche ensemble, que je lui ai avoué qu'il me plaisait, que nous nous sommes embrassés pour la première fois...

Un sourire infiniment triste éclaire mon visage pendant que je serre entre mes doigts le bijou qu'il m'a offert à Noël. Hisoka m'a donné la clef permettant d'ouvrir son cœur... et je suis pourtant à deux doigts de l'abandonner de la plus cruelle des manières. Parce qu'au fond de moi, je le sais : je préfère mourir que de laisser tomber ma famille. Cette dernière compte plus que tout pour moi. Et puis, ça n'a pas tellement d'importance si je souffre pour le restant de mes jours, du moment qu'Hisoka est sain et sauf. De plus, je ne doute pas qu'il se remette rapidement de ma perte...

Désespéré, je laisse ma tête reposer contre le mur, les jambes ramenées près de mon torse. J'aurais dû me douter que je n'avais pas le droit au bonheur, et encore moins à l'amour. En naissant dans cette famille, le destin était joué d'avance. Je suis condamné à vivre pour toujours comme une machine, une simple marionnette.

-Illumi.

Je relève rapidement la tête, surpris d'entendre la voix de ma mère. Elle s'avance doucement dans la pièce, refermant soigneusement la porte derrière elle. Sans un mot, elle me tend la main pour m'aider à me relever et m'indique de m'assoir avec elle à mon bureau. Je lui obéis, perplexe. Peut-être qu'elle a de nouvelles directives pour le mariage ? Une fois installé, je me tourne vers elle, attendant qu'elle prenne la parole.

-Comment te sens-tu ? S'enquiert-elle à mon grand étonnement.

-Comme si je mourais en permanence, mais sans aucune blessure physique.

Elle acquiesce lentement, l'air affectée par mes paroles. Mon cœur s'accélère quelque peu. Kikyo passe une main sur son visage fatigué, soupirant longuement. C'est la première fois de sa vie qu'elle semble réellement s'inquiéter à mon sujet. Apparemment, la façon dont j'ai craqué hier ne l'a pas laissé de marbre. Depuis combien de temps ne m'avait-elle pas vu éclater en sanglots ? Sûrement de nombreuses années.