Just a game (Hisoka x Illumi)

Chapitre 40 : Eden

Pdv Hisoka :

Je sifflote joyeusement en pénétrant dans l'immeuble, pressé de retrouver Illumi. D'excellente humeur, je monte rapidement les escaliers, me dirigeant ainsi vers notre appartement. Je me félicite intérieurement de ne pas l'avoir vendu lorsqu'Illumi est parti. Au fond de moi, je devais être persuadé que je parviendrais à le récupérer. Et puis, il faut avouer que j'adore ce petit nid douillet que nous avons créé ensemble ; j'y conserve certains de mes meilleurs souvenirs.

Je suis proche de chez nous lorsqu'une aura meurtrière, que je ne connais que trop bien, m'alerte brusquement. L'inquiétude m'envahis alors que je dépêche de gravir les dernières marches qui me sépare du couloir du dernier étage. Etant donné l'intensité de l'aura de mon petit ami, il doit être terriblement en colère. Quelque chose de grave a dû survenir ; je redoute le pire.

Lorsque je débouche enfin de la cage d'escaliers, je sors une carte, prêt à combattre. Cependant, je me retrouve vite tétanisé par le choc. Mon cerveau, refusant de croire à l'évidence qui se dresse sous mes yeux, choisis de se mettre en veilleuse. Je n'arrive pas à réaliser ce que je vois, car cela ne peut pas être vrai : c'est tout bonnement impossible. Et pourtant, pourtant, lorsque l'homme qui me hante depuis des années se retourne lentement vers moi, je ne peux que le reconnaitre.

Il est bel et bien là, en chair et en os.

Juste en face de moi.

Désemparé, Illumi alterne ses yeux entre Eden et moi, hésitant entre l'attaquer ou me rejoindre. Mon cœur loupe un battement. Je réalise alors que ses deux détenteurs, les seuls à qui j'ai réellement appartenu, se tiennent l'un à côté de l'autre, attendant des explications que je me sens incapable de fournir. Il est bien normal que mon corps entier me lâche. En effet, j'ai l'horrible sensation de chuter dans un gouffre, sans pouvoir m'arrêter ni espérer une quelconque aide charitable.

-Hisoka, sourit avec hésitation Eden, d'une voix un peu plus grave que dans mon souvenir. Je te retrouve enfin, après tout ce temps.

-Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Siffle Illumi d'une voix glaciale. Tu peux m'expliquer ce que cet homme fout chez nous ?

Je me mets à trembler, si fort que le sac que je tenais à la main s'effondre par terre avec un bruit sourd. Alors que je fixe en silence les deux hommes qui me font face, je sens mes sentiments se fracasser les uns contre les autres. C'est comme si mon passé entrait brutalement en collision avec mon présent, sans prévenir, me trainant lamentablement au sol. Malgré tout, je sais déjà qui sortira vainqueur du duel les opposant : j'ai toujours été l'esclave de mon passé sordide. Ce n'est certainement pas quinze ans plus tard que cela va changer.

-Eden... T-tu n'es pas censé être ici.

-Où voudrais-tu que je sois ? Rit-il en s'avançant vers moi.

-Ne le touche pas, le mets en garde mon petit ami, de plus en plus furieux face à cette situation qui le dépasse. Ne t'avise même pas d'esquisser le moindre geste ou je te tue tout de suite.

-C-c'est bon Illu, laisse-le, je bégaye maladroitement. N-ne lui fais rien. (Je me pince discrètement, cherchant à couper court à l'éventualité d'un malaise, mais cela ne change rien à la situation.) T-tu es vraiment là ? Je ne rêve pas ?

-Bien sûr, Hiso.

D'une démarche hésitante, je m'approche lentement d'Eden, les yeux écarquillés. Je tends une main vers sa joue, suspend mon geste à quelques millimètres de sa peau, puis appuie finalement mes doigts. Ne me souciant plus d'entretenir les apparences, mon masque se fissure – je ne cherche même pas à cacher que je suis au bord des larmes.