Just a game (Hisoka x Illumi)

Chapitre 36 : Inquiétudes

Pdv Hisoka :

Terriblement angoissé, je fixe mon petit ami nettoyer machinalement ses aiguilles, le visage fermé. Ça fait maintenant cinq jours qu'Illumi s'est complètement refermé sur lui-même, retrouvant l'impassibilité qui le caractérisait tant au début de notre relation. Malgré tout, à chaque fois qu'il pense que je ne le regarde pas, il laisse transparaitre une immense tristesse que je ne parviens pas à interpréter. Je sens que je vais devenir dingue. De tous les hommes dont je pouvais tomber amoureux, il a fallu que ça tombe sur une huitre ? Parce qu'on ne peut pas vraiment dire qu'il soit bavard, quand quelque chose ne va pas...

Je mordille ma lèvre inférieure en examinant silencieusement le jeune homme. J'ai beau me creuser la tête, je ne comprends absolument pas ce qu'il s'est passé et encore moins ce que j'ai pu faire de mal. Parce que c'est forcément de ma faute, n'est-ce pas... ? Une multitude de scénarios tous plus terribles les uns que les autres dansent sous mes yeux mais je les rejette les uns après les autres – il vaut mieux que j'évite de céder à la panique. Pourtant, intérieurement je suis complètement embrouillé et chamboulé. Ma première – et dernière – relation amoureuse s'est terminée de la plus atroce des façons... Je suis terrifié qu'il arrive la même chose avec Illumi.

-Mon amour ?

Il sursaute violemment et relève la tête. Son expression vide me fend le cœur.

-Tu viens manger avec moi ? Je prépare ce que tu veux.

-Désolé, j'ai déjà déjeuné quand tu es parti faire les courses.

Il ment lamentablement. Son corps est dans un état pitoyable, je me demande même comment il peut encore tenir debout ; il faut dire qu'il a cessé de manger depuis qu'il est rentré de son travail. Cinq jours qu'il est à jeun. J'ai beau le tenter avec tous les mets possibles, avec tous les plats imaginables, il refuse d'avaler quoi que ce soit. C'est comme s'il faisait une sorte de blocage. Or ça m'inquiète énormément, il a dû perdre au moins dix kilos.

Mais ce n'est pas tout, loin de là. Non seulement il ne s'alimente plus, mais il a également arrêté de dormir – comme ça, purement et simplement. La nuit venue il m'accompagne dans notre lit, me souhaite bonne nuit, puis attends que je sois endormi pour s'en aller et faire je ne sais quoi. Le lendemain, je le retrouve en général prostré devant une fenêtre, à fixer l'extérieur.

Cependant, le pire de tout, c'est la manière dont il me regarde désormais. Si auparavant je discernais une lueur particulière, celle de ses sentiments pour moi, elle semble à présent s'être éteinte. Comme si tout son amour avait été soufflé du jour au lendemain. Cette vision est insupportable.

-Illumi...

Alerté par ma voix enrouée, il cherche mon regard. Je plonge mes yeux dans les siens, lui montrant pour la première fois à quel point je suis désemparé et anxieux pour lui. Il semble un peu surpris, sa bouche s'entrouvre. Qu'est-ce qu'il imaginait, sérieusement ? Que je ne me rendrais compte de rien ? Ma vie entière tourne autour de cet homme, à présent. Comment est-ce qu'il a seulement pu s'imaginer que je ne réagirais pas ? J'ai déjà tenté de lui parler plusieurs fois, mais cette fois je ne compte pas lâcher l'affaire avant de savoir de quoi il retourne exactement.

-Arrête de mentir, je sais très bien que quelque chose de grave s'est produit. Regarde dans quel état tu es, bon sang ! (Il détourne la tête, l'air coupable.) Dis-moi ce qu'il se passe, mon cœur. J'ai besoin de savoir pour t'aider. Tu ne peux pas juste te laisser mourir comme ça, pas sous mes yeux. Je n'accepterai jamais une chose pareille.

-Tu n'as pas besoin de l'accepter, murmure-t-il d'une petite voix. C'est comme ça, c'est tout.

Commençant à perdre mon sang froid, je me dirige à grandes enjambées vers lui et le force à s'allonger sur le canapé. Il tente de me repousser, mais je l'en empêche en m'aidant de mon bungee gum. Je suis bien déterminé à tirer une réaction de lui, quoi que ce soit qui puisse m'aider à comprendre.