Chapitre 12

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-QUOI ? S'écrit-elle, subjuguée.

-Tu veux des lunettes? Lui balance-t-il sans la moindre compassion.

-Non, merci. Tu me saoules.

-Je suppose que ça veut dire non.

Enervée par ce changement que l'administration n'a visiblement pas cru utile de lui signifier, elle jette sa valisette dans le coin de la chambre où se trouve son lit, et l'ouvre négligemment en commençant à y faire le tri. Un peu déçu que sa venue éveille autant de négativité, Adam soupire et se tourne vers elle, les jambes en tailleur sur son lit à lui.

-Il y a eu un petit souci d'eau chez moi du coup j'ai pas non plus vraiment eu le choix tu sais, ça sert à rien de bouder.

-Je ne boude pas, c'est...juste que c'est...toi quoi?! Toi Adam White, l'une des personnes les plus insupportables de la planète.

-Content de te voir aussi.

-Je pensais que tu voudrais être coloc avec Bryan. Et puis je m'attendais à une colocataire pour dire vrai.

-Ça ne me dérangeait pas d'être avec une fille, ça fait changer. J'aurais pu aller ailleurs mais je voulais juste voir ta tête quand tu allais me voir débarquer, dommage, tu n'étais pas là, dit-il avec un rire cynique.

-Ça ne me fait pas rire Adam. Bon moi je viens dodo. Tant que tu restes à plus d'un kilomètre de moi, que tu ne ronfles par comme un moteur de vieille remorque ou ne déranges pas mes habitudes, t'es le bienvenu. Bonne nuit.

Elle envoie valser la valisette et s'étale de tout son corps dans son lit, résolue à la jouer sourde s'il osait encore dire des inepties.

-Eh debout Karen ! Il est à peine 17h marmotte, ramène ta tronche.

-Je viens à peine de définir les règles de la coloc que tu les enfreins! C'est pas vrai...! Lâche-t-elle en se couvrant le visage de son coussin.

-Ce n'est pas le moment de ronfler, debout, j'ai besoin de compagnie moi.

-Va paitre ailleurs, boulet.

-On est censés dormir la nuit, tu fais quoi toi à la place, hein?

-Ça ne te regarde pas, microbe.

-Attend toi à m'avoir dans tes pattes la limace, je ne comptes pas te lâcher, parole de White.

-J'en connais un White qui ment alors. Laisse-moi dormir, fout moi la paix, tu veux? 

-Bon comme tu me chasses comme un vulgaire moustique, je te laisse crever ici, je sors.

-Pour aller où?

-Ca ne te regarde pas limace, lance-t-il en se levant pour se diriger vers le bureau qui lui appartenait.

-Adieu microbe, dit-elle avant de s'enfermer sous sa couette, mais restant néanmoins éveillée pour guetter tous ses mouvements et gestes.

Elle l'entend prendre des clés, peut être ensuite son téléphone puisque c'est le son de quelque chose de plus lourd qu'il semble être en train de soulever, puis plus aucun son. Elle tire son cou et constate avec amertume qu'il est déjà sorti et qu'elle n'a plus d'autre programme sinon de faire une petite sieste réparatrice. Elle finit par s'enfoncer dans un sommeil de plomb, qui au lieu d'être une petite sieste, l'assomme jusqu'au retour d'Adam aux alentours de 21h, puis jusqu'au petit matin.

               *

Karen se lève finalement dans les cinq heures du matin, toute groguie, et traine les pieds jusqu'à son bureau, allume la lampe qui se trouve juste à côté et prend le premier cahier qu'elle touche. Dormir sans étudier le minimum torturait sa conscience au point de la réveiller en sursaut.  Adam, à moitié-réveillé dès cinq heures du matin, avait suivi tous ses gestes. Il l'avait regardé se promener dans la pièce assombrie par la suprématie de la nuit en simple robe de nuit, puis enfiler une écharpe légère qui lui tombait sur les fesses. Il la regardait sans se lasser, et plus il la regardait, plus il la trouvait belle, innocente. Mais il savait, rien qu'en lisant dans ses yeux pendant leurs précédents échanges, qu'elle n'était pas aussi innocente qu'elle le faisait croire. Quelle fille se cachait sous son masque mystérieux ? Qui était Karen ? Et cette Karen, savait-elle à quel point elle était sublime, pour oser se pavaner sous ses yeux dans un habit aussi léger qui en ferait baver plus d'un , même si elle pensait être la seule éveillée?

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant