Chapitre 45

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Le vent souffle doucement. Les pissenlits tremblent, ainsi que les chrysanthèmes déposés sur la tombe, tous secoués par le vent, ce vent qui sèche désespérément les larmes roulant sur les joues des endeuillés.

Iris Hopkins, est carrément tombé à genoux devant la tombe de son fils, pleurant à n'en point finir sous les énormes lunettes noires qui cachaient ses yeux rouges de douleur.
Elle sert contre elle, meurtrie, le petit Eren d'à peine douze ans, désormais son seul enfant. A peine sentait elle la main apaisante de son mari sur ses épaules, père dont le cœur était pilé par le chagrin.

*

L'enterrement est fini. Quelques personnes sont encore là, à part la petite famille. Toute l'équipe de basket du campus, et la plupart de ses amis refusaient de se séparer de ce qui symbolisait désormais Bryan: une tombe couverte de toute sortes de fleurs, des centaines de cartes d'adieux, et des traces de larmes.

Ariane est elle aussi agenouillée devant ce triste tableau, la tête sur les épaules d'un Adam complètement abattu. Il entoure Ariane de ses bras, les yeux fermés, anéanti par la perte brutale de Bryan. Dans son esprit, l'image de la scène se répète encore et encore. D'abord le moment où il se fait renverser en voulant le rejoindre, puis celui où il observe, impuissant le crâne de Bryan dégouliner de sang dans l'ambulance, et enfin le moment où le docteur sort de la salle d'opération, le chasuble salit par du sang frais, remuant la tête en signe de désespoir.

........
-Docteur, alors? Il va mieux, son état s'est stabilisé? Mais dites quelque chose putain!

-Votre ami...

-Quoi mon ami?!

-(Il prend son souffle en fermant les yeux) Il...n'a pas survécu.
........

Oui, il est un homme. Oui, il doit rester fort. Mais aucune de ses bonnes volontés ne pouvait empêcher cette larme silencieuse de tracer son chemin sur son visage. Il était marqué à jamais. Quand le médecin a donné le verdict, il s'était écroulé sur place, et n'avait pas bougé jusqu'à l'arrivée de Karen quelques minutes plus tard. 

-Je n'ai même pas su lui montrer que je l'aimais...

-Non, ne dis pas ça Ariane, murmure-t-il.

-Mais si , je n'ai pas fait ce qu'il fallait, et il est parti...

-T'as rien à te reprocher Ari, c'est pas ta faute.

-Adam a raison, souffla à son tour Karen. C'est ma faute.

-Mais non, ce n'est pas non plus ta faute. C'est la faute de personne, d'accords? Venez, on y va.

Ariane éclata une deuxième fois en sanglot, en criant de douleur, jusqu'à tomber dans les pommes. Enzo, Harry et Jessica l'emmenèrent loin et tentèrent de la réanimer avec une serviette mouillée pour qu'elle reprenne ses esprits.

Adam prit les deux énormes bouquets de fleurs qu'ils avaient tous envoyés au nom de ses amis proches en se dirigeant vers la tombe. Karen essuya les quelques larmes qui coulaient encore et   malgré sa vue qui s'était brouillée, prit l'un des bouquets, celui des lys et le déposa en même temps qu'Adam.
Elle ne pût cependant s'empêcher de prendre subtilement une fleur de Lys qu'elle glissa dans la poche de son manteau avant de partir avec Adam, devancés par les autres, le cimetière se vidant petit à petit.

*

Assise dans la voiture, les yeux rivés vers la vitre, elle pense. Elle sait pertinemment qui l'a tué, que c'est sa faute à elle, et qu'elle ne laisserait certainement pas cette personne impunie. Mais elle avait mal. Pourtant elle n'aurait rien ressenti, il y a quelques temps de cela.

Les larmes du passé ne tarissaient pas, et celles du présent non plus. Elle avait mal parce qu'Adam avait mal. Bryan s'en était allé avec la vérité, et personne ne pouvait la soupçonner de quoi que ce soit maintenant. Mais le prix à payer pour se protéger était trop lourd à porter, elle aurait préféré fuir tout ça avant qu'il ne soit trop tard. Mais elle ne pouvait pas laisser l'homme qu'elle aimait souffrir seul. 
Désormais, sa conscience lui pesait plus lourd, parce que son âme avait guéri, mais pas son cœur.

                                         *   

Ils rentrèrent sur le campus en début de soirée. Le coucher de soleil ne faisait que rappeler que c'était le dernier jour d'une amitié pour certains, d'un amour pour d'autres. Adam et Karen marchait côte à côte, dans un silence brut. Il avait déboutonné sa chemise, et laissait le froid glacial lui envahir le cœur. Karen, elle, ne pleurait plus. Elle pensait. Le seul refuge qu'elle avait était les poches du pull-over qu'elle avait enfilé dans la voiture.

-J'arrive toujours pas à croire que tout est fini...

-Moi non plus...il reste son souvenir dans nos cœurs, dit Karen.

-Je sais, mais ne plus le voir...C'est grâce à lui qu'on s'est rencontré, tu sais.

-Ah oui ?

-Il m'avait écrasé les jambes en jouant au basket, et tu es la jolie infirmière qui s'est occupé de moi.

Elle étouffe un rire en ressassant ce souvenir drôle de leur première rencontre sur le campus. Adam n'ajouta rien et continua de marcher, la tête ailleurs.

-Malheureusement, personne ne savait que le match qui a eu lieu au grand stade serait son dernier.

Karen ferma les yeux de douleur à la suite des propos tristes qu'Adam continuait de murmurer.

-Il voulait me dire quelque chose...mais je ne le saurai jamais, malheureusement. Si j'avais traversé à sa place pour le rejoindre, peut être que...

-Non, dis pas ça Adam, surtout pas.

Karen le prit dans ses bras, serra ses bras autour de sa taille, apeurée par l'idée qu'elle aurait pu le perdre lui. Elle avait conscience qu'il en avait besoin aussi homme qu'il soit. Le jour de sa mort, Adam n'avait pas coulé une seule larme, tellement le choc était grand. C'est maintenant qu'il extériorisait sa souffrance après la perte de ce frère que ses parents ne lui avait pas donné.  Il rendit à Karen son étreinte, apaisé par sa présence, son contact.

Marc, lui, était en paix. Cet obstacle éliminé, il avait enfin sous sa coupe sa chère Nora. Il n'avait pas à s'inquiéter puisqu'il avait fait en sorte qu'il soit impossible qu'une tierce personne l'accuse du meurtre de ce jeune homme. Ni la personne qu'il avait employée, ni le véhicule qui avait renversé Bryan n'existaient encore. Sa cruauté n'avait de limite, de même que son obsession pour sa jeune maitresse, Karen.

                                                                                                        *

La vie reprit partiellement son cours. Chaque jour se ressemblait, tout était monotone et froid. Pour Karen, le trou noir devenait de plus en plus grand, les incertitudes, de plus en plus nombreuses. Elle était torturée parce qu'elle mentait à Adam. Et s'il savait tout ? Il la rejetterait, c'était clair. Pour combler sa culpabilité, elle passait le plus clair de son temps avec Aurore, qui était elle aussi sonnée par la mort de Bryan.

-Ça fait plus d'une semaine que je ne vois pas Ariane, dit Aurore pendant qu'elles revenaient des cours.

-Oui, moi non plus. Passons voir si elle est chez elle.

Aurore acquiesça, et elle prirent toutes les deux la route de sa chambre.

-T'es là? Demanda Karen en tapant légèrement la porte déjà entrouverte.

Elle attendit quelques secondes avant de pousser finalement la porte, qui laissa apparaître un spectacle pas du tout fameux : Des dizaines de mégots de cigarettes déjà utilisés, des comprimés répandus sur le sol, des somnifères, et une Ariane inconsciente, de la bave dégoulinant de sa bouche.

-Oh non Ari? Ariane, tu m'entends?! S'affole Karen.

-Elle a avalé des tonnes de comprimés, il faut l'envoyer à l'infirmerie maintenant!!

A suivre...


Je vous avais prévenu, sortez les mouchoirs🤧. Vous avez aimez? Si oui, n'oubliez pas mon étoile! Bisou mortel💖💮...

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant