Chapitre 69

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-Pardonne-moi Alma, pardon, je ne voulais pas que ça prenne cette tournure, je n'en savais rien..., Plaide Julia par-dessus l'épaule de sa sœur Alma.

Alma n'y croit pas. Elle a les oreilles qui sifflent, tourmentée par tout ce qu'elle vient d'apprendre sur sa fille. Zhéma aurait eu une aventure qui avait mal tourné au lycée. Non, pas elle, pas sa petite fille d'à peine 19 ans. Elle était trop jeune pour vivre ça. Et comment avait-il osé se moquer d'elle à ce point ?

Et ce n'était pas tout. Non seulement, Zhéma lui avait caché ce lourd secret pendant plus d'un an, mais en plus, elle concoctait une lourde vengeance dans le secret. Meurtrie, Alma s'en voulait de ne pas avoir pu endiguer la perte mentale de sa fille unique. Et cette pilule était très dure à avaler. Maintenant au pied du mur, Alma se trouvait devant une décision difficile mais pourtant inévitable : Faire vivre sa fille loin d'elle, mais là où elle était sûre de trouver la guérison.

                                         *

Deux semaines après son hospitalisation, Zhéma était déjà dans un taxi, en partance avec sa mère vers une destination inconnue. Alma avait se comportait avec elle comme si elle ne savait toujours rien, désemparée par les crises de démences répétitives de sa fille. Elle ne pouvait aborder ce sujet sans avoir les narines obstruées par de la morve. Ca lui était trop difficile.

Elles arrivèrent devant une grande bâtisse qui ressemblait trait pour trait à un hôpital. Avec sa mère, Zhéma ressentait un apaisement, qui la rendait calme et sage comme une image. Elle descendit du taxi et suivie sa génitrice jusqu'au pied de l'immeuble où les attendait Mme Colin, tout sourire. Zhéma frémit, inquiétée par la présence louche de la dame.

-Maman, qu'est-ce qu'elle fait là, elle ?

-Ne t'inquiète pas, elle nous a juste pris rendez-vous avec l'un de ses amis pour qu'on ait pas à faire le rang. 

Alma s'en voulait de lui mentir, mais se consolait avec l'idée que ce n'était qu'un demi mensonge. En totale confiance, Zhéma acquiesça et suivit sa mère qui grimpait déjà l'escalier qui menait à l'entrée. 

-Je suis contente de te voir Zhéma, ça va ? Lança avec engouement Penelope Colin.

Zhéma lui répondit oui de la tête et détourna immédiatement le regard, mal à l'aise. Prenant conscience de la maladresse de ses propos, Penelope s'empressa de leur dégager le passage et les conduire, et Alma en profita pour lui faire signe de la tête de tout faire pour que Zhéma ne soit au courant de rien. Arrivée dans le couloir où elles devaient attendre d'être reçues, Penelope les invita à s'asseoir et pénétra dans le bureau du médecin en question, visible de l'extérieur à travers à la grande vitre de son bureau. Un peu soucieuse, Zhéma songea au fait qu'elle n'avait vu presque personne dans ce qui se trouvait être un hôpital, mais se retint d'en faire la remarque. Quelque chose clochait, elle le sentait.

-Maman, qu'est ce qu'on fait ici?

-Chérie, c'est un control de routine, ne t'inquiète pas. Je vais devoir te laisser. Tu vas discuter un instant avec le docteur, menti Alma.

Zhéma garde le silence et se lève sans broncher pour rejoindre le docteur. Alma s'arrête devant la grande vitre et l'observe répondre nonchalamment aux questions posées par le docteur.

Elle a grandi sa petite Zhéma. La dernière fois qu'elle se souvient de l'avoir contemplé aussi longtemps, elle venait à peine de commencer le lycée, toute innocente. Après, les dettes s'étaient accumulées et pour pouvoir y faire face, elle acceptait de passer plus de temps à l'hôpital où elle travaillait en tant qu'infirmière.

Mais elle ne s'inquiétait pas outre mesure jusque là, parce que Zhéma a toujours été sage et responsable. Mais à cause du secret que Julia avait gardé, sa fille s'est laissée détruire par la vie cruelle. Alma aurait insisté pour qu'elle voit Penelope Colin, l'amie de Julia qu'elle connaissait très bien.

Elle l'aurait protégé du mieux qu'elle pouvait, et aurait peut-être remarqué de petits détails. Mais hélas...

Soudainement, une réaction violente de Zhéma la tire de ses pensées. Zhéma renverse sa chaise et se met à tambouriner contre la vitre, pleine de colère.

-COMMENT TU PEUX ME LAISSER AVEC CES MALADES, MAMAN?! PITIÉ, ME LAISSE PAS CREVER ICI!!

Seule la vitre les séparait. En s'approchant tout doucement de la masse faible énervée de Zhéma qui avait les yeux remplis de colère, Alma murmura ces quelques mots:

-Je suis désolée chérie, il faut que tu te rétablisses.

-Maman, je veux partir, je suis pas dingue, crois moi!

Le médecin venait de lui annoncer qu'elle serait interné au sein de cet établissement qui n'était autre qu'un centre psychiatrique, pour une période encore indéterminée. Personne n'était dans les couloirs tout simplement parce qu'ils avaient été tous confinés dans leur chambre en prélude à l'arrivée de Zhéma, qui à la demande expresse de sa mère, ne devait se douter d'absolument rien. Et ça avait marché, Zhéma était tombée en plein dans le piège.

-Maman pitié, ne me fais pas ça...

Le cœur d'Alma brûlait au fond d'elle-même, mais pas autant que celui de Zhéma, qui avait l'impression que le ciel lui était tombé sur la tête. Tout le monde l'avait trahi, et allait bientôt la laisser mourir dans ce refuge pour fous.

La mère et la fille se regardèrent longtemps, n'ayant que pour seuls échanges des coulées intenses de l'âme. L'une partageait la douleur de l'autre. Zhéma ne tenait même plus sur ses pieds, tremblant de tous ses membres. Elle avait soudainement été happée par le froid, et ne supportait pas les effluves du parfum du médecin qui essayait de la raisonner. 

Ce spectacle était traumatisant pour Alma, qui n'avait personne pour la soutenir, à part Penelope. Elle en voulait toujours à Julia, et ne lui avait pas dit qu'elle venait ici, ni même à Samantha. Mais Penelope l'avait fait, estimant que les deux femmes avaient besoin l'une de l'autre en ce moment. Quand Julia débarqua, elle recueillit Alma dans ses bras, complètement effondrée.

Face à cette situation, les différents étaient mis de côté. À son tour, Julia fondit bruyamment en larmes.

-Tata Juju...je t'en supplie, dit à maman que je veux partir d'ici, pitié ! Continuait de supplier Zhéma, en pleine hystérie.

Zhéma pleurait à chaudes larmes et se replia sur elle-même sur le sol froid, à genoux. Le docteur appela des infirmiers pour l'aider à se lever.

-Ne me touchez-pas! J'AI TOUTE MA TÊTE ! Je ne suis pas folle, croyez-moi ! Ai-je mal fait de l'aimer maman ? Se lamente Zhéma, comme si elle avait perdu la raison.

Elle continuait de pleurer en donnant de petit coups désespérés contre la vitre. Julia emmena Alma vers la salle d'attente.

-Elle vous as menti, je vais très bien! Mamaaannn!

Alma se retourna une dernière fois, et lui fit signe d'aurevoir de la main, en lui murmurant : "Je t'aime mon bébé, je suis là". Puis elle suivi Julia. Même si la voir ainsi l'avait chamboulée au plus profond d'elle-même, ça lui avait fait prendre conscience d'à quel point sa fille était atteinte. Et l'emmener ici était sûrement la meilleure décision.

Zhéma était intenable. Elle criait toujours, se débattait, jetait tout ce qui avait le malheur de lui atterrir entre les mains. Pour pouvoir la maitriser, les infirmiers lui firent une injection de tranquillisant et la transportèrent dans la chambre qui devait l'accueillir.

Ce n'est qu'à son réveil qu'elle découvrirait son nouveau chez elle : L'asile. 





A suivre...








Chapitre un peu court, j'avoue. J'ai un pincement au cœur en écrivant cette partie...

Mini bisou💮💖!

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant