Chapitre 15

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-Heu, Adam...je peux savoir ce que tu fais ? Demande-t-elle à fleur de peau.

-J'ai aussi besoin de ta permission pour utiliser le miroir??

Elle souffle, soulagée qu'il n'ait que ça pour intention, avant de pouffer de l'absurdité de la situation.

-Je suis dans la salle de bain, tu aurais pu poser tes fesses dans la chambre et m'attendre hein, il y a des trucs sur lesquelles c'est possible. On appelle ça des chaises.

-Pff, m'en fiche.

-Et de toute façon, je ne sais pas à quoi te sert un miroir, tu mourrais si tu te voyais.

-Oui, je mourrai d'amour pour moi, lance-t-il avec tout le narcissisme du monde. Je suis entrain de prendre soin du beau visage qui fait craquer toutes les filles et de cette chevelure de rêve.

-Bonjour la modestie. Du masque de monstre tu veux dire.

-Tu me cherches, toi. J'arrive dans ce cas.

-Pardon , mais tu arrives où ?

Sans donner suite à ses propos, il commence à marcher lentement jusqu'à arriver devant la douche et d'ouvrir la porte sur une Karen qui avait réussi à enfiler de justesse sa serviette de bain.

-Ça va pas non? Et si j'étais nue, t'es con ou quoi?

-C'était ça le but.

-Pervers, fiche le camp. Ca m'apprendra à ne pas fermer la porte à clef, rouspète-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure, agacée.

Il ne prête pas attention à ses propos et entre dans la cabine, simple serviette aux hanches, avant de refermer la porte derrière eux, le regard significatif et plein de non-dits. Des gouttes d'eaux ruisselaient sur le corps de Karen, qui n'avait même pas pu s'essuyer le corps. Elle secouait encore la tête pour évacuer l'eau qui ne cessait de tracer son solitaire parcours sur son visage. Il la fixait, le torse bombé comme un mâle souhaitant défendre son territoire et imposer sa suprématie. Elle aussi le fixait, dans le flou de ce qui l'amenait réellement à être là devant elle. Tous les deux restent immobiles de longues secondes, jusqu'à ce que Karen décide de briser ce silence de cimetière.

-Qu'est ce que tu me veux?

-Toi...c'est toi je veux.

-D'accord...fait-elle le front plissé d'incompréhension. Donc?

-Je veux le faire là, maintenant, dit-il sans aucune pudeur.

-Tu es définitivement un pervers, c'est officiel. Ai-je eu tord de prendre ma douche ce soir? Lui demande-t-elle sur un ton mielleux.

-Tu sais, tout dépend de toi, c'est à toi de décider, je ne t'obligerai à rien.

-Et depuis quand t'es du genre hésitant? Lâche-t-elle à sa grande surprise.

Consciente de la portée de ses paroles, Karen esquissa un sourire aguicheur, comme pour l'encourager. Elle ne voulait rien de plus que s'amuser. Et rien de tel que lui faire croire qu'il l'aurait alors que ce n'était que pure illusion, blague.

Lui par contre, se surprenait à être sérieux. Il lui avait fait la proposition dans le même objectif, mais ses pulsions masculines ne voyait plus la chose de la même manière que lui. Elle le lui permettait, ce dont il rêvait depuis plusieurs jours en cachette. Il regardait Karen, comme un enfant regarde un jouet dont il a longtemps rêvé, les étoiles dans les yeux. Sauf qu'elle n'était pas un jouet, et ce qu'il commençait à ressentir avec le plus grand désespoir n'avait pas non plus l'air d'être passager. Il met sa tête dans son cou, s'appropriant sa peau à la senteur pêche, celui de son gel de douche, pendant qu'elle frémissait aux moindres gestes qu'il faisait. Ses mains s'égaraient un peu partout sur le corps mouillé de Karen. Il remonta jusqu'à ses lèvres qu'il effleura des siennes.

-Je n'y crois pas, tu joues avec moi, dis-moi Karen.

-Tu es perspicace Adam, tu n'aurais pas dit mieux.

Frustré, il se détache immédiatement d'elle et désigne ses bras de son index.

-Mais si c'est le cas, pourquoi tu as la chair de poule, pourquoi tu réagis avec...enfin pourquoi tu réagis tout court si tu ne veux pas ? 

Elle sourit, tout en pressant ses cheveux mouillés, amusée que son coup ait fonctionné.

-Je ne veux pas, tu te trompes. J'ai un minimum de principes, et aller jusqu'à coucher avec mon voisin de chambre fait partie des choses proscrites.

-T'en est sûre?

-Sûre et certaine. Et rien ne peut me faire douter.

Il relève la tête et la fixe, impérieux.

-C'est ce qu'elle disent toutes de nos jours, mais elles craquent assez vite les meufs, après juste deux mots doux. Vous êtes toutes comme ça, crache-t-il sans ménagement.

-Je ne suis pas elles, je te signale, lui répond-t-elle vexée.

Le visage renfrogné, elle le contourne et lui bousculant le côté parce qu'elle ne lui arrive pas à l'épaule et sort de la salle de bain. Il la suit presqu'immédiatement, regrettant ses propos qu'ils ne pensaient pas aussi blessants.

-Je suis désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire.

-Si, c'est ce que tu voulais dire Adam. Ça me blesse que tu me juges aussi durement, mais c'est ton opinion, et je la rectifierai tant que je le pourrai.

-Désolé, j'ai dit n'importe quoi. Par...don.

-Ce n'est pas la peine de le dire si c'est aussi lourd dans ta bouche. Abandonne les excuses.

-Je suis vraiment désolé, c'était méchant, dit-il en s'asseyant sur le lit près d'elle, le torse tourné vers elle et le visage inquiet.

Elle continue de passer la serviette sur ses cheveux humides, le regard ailleurs, boudeuse.

-Alors, tu me pardonnes, coloc? Pose-t-il en forçant un sourire pour qu'elle arrête de lui faire la tête.

-Seulement si tu me promets une chose. Ne me traite plus jamais de pétasse de service à cause d'une blague, ok?

-Promis, je ne referai plus, ni à toi ni à personne.

Qu'est ce qui lui prenait? Il le disait à toutes les filles qu'il croisait, et s'en foutait de savoir si oui ou non, ça les avait blessées. Tout ce qui l'importait, c'était le plaisir qu'elles lui donnaient, et après, basta. Mais Karen, bien que plutôt banale, avait réussi l'impossible: Toucher son cœur, avec tout le sérieux qu'elle mettait pour respecter un tant soit peu ses principes.  Tranquillisée qu'il ne se doute de rien concernant ses activités parallèles, Karen tombe dans les bras qu'il avait ouvert pour l'accueillir, et y reste un bon moment. Blottie là, elle ressent un énorme soulagement et un sentiment de sécurité et de paix si intense qu'elle en perd la notion du temps. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que c'est le début d'une grande histoire dans le cœur d'Adam, une histoire d'amitié, et de bien plus, car animé d'un maelström de désirs sourds et ardents...

                                                             *

Quant au cas Hayden, il n'était pas encore réglé. Karen, qui n'avait pas encore eu de nouvelles de lui depuis maintenant deux semaines s'en inquiétait vraiment. Il était introuvable sur tout le campus et leur emploi du temps chargé faisait qu'ils ne s'étaient même pas encore vu à l'infirmerie. Ou une autre explication plausible était qu'il l'évitait tout simplement. Elle tente désespérément un énième appel, qui comme elle s'y attendait, n'aboutit pas.

-Allô Hayden, ça fait la millième fois que je t'appelle, pitié fais moi signe, laisse-t-elle sur son répondeur.

Dès qu'elle raccrocha, son téléphone se mit à vibrer.

-J'espère que ce n'est pas encore Adam qui cherche ses chaussettes fétiches, grogne-t-elle avant de voir le nom de la personne qui était le destinataire. Hayden?! S'exclame-t-elle.

Message : << Retrouve moi au café des étudiants, j'y suis actuellement. >>

A suivre...

Enfin il donne signe de vie, ce n'est trop tôt! 
Bisou pressé💖💮!

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant