Chapitre 8

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D'abord médusée devant la beauté de la voiture, Karen saisit machinalement le stylo que lui tendait le chauffeur et esquissa une signature.

-Bonne journée mademoiselle, lui dit-il en s'éloignant.

-Me...merci à vous aussi.

Sa bouche resta ouverte pendant plusieurs minutes sans qu'elle n'ose bouger, les clés toujours en main.
Le soi-disant amour de Mark ne se cachait plus. La voiture de marque sentait le luxe à plein nez. La surprise passée, elle s'engouffra dans le véhicule, la tête posée contre le volant, n'en revenant toujours pas. Était-ce aussi facile d'être riche ? Elle chassa immédiatement cette pensée, qui fut remplacée par le souvenir de tous les sacrifices qu'elle avait dû fournir pour en être là, dont le plus douloureux : Coucher avec Mark, un homme plus âgé que lui qu'elle n'aimait pas et qui était marié. Mais lui, semblait ne pas s'inquiéter de la tournure que prenait leur relation, alors qu'elle, elle n'y était pas habituée. Elle était heureuse là sur le moment, mais une question n'arrêtait pas de lui torturer l'esprit : Comment allait-elle se débarrasser le moment venu de son amant trop présent ?

Rentrée dans sa chambre, elle s'assoit, toujours aussi anxieuse à son bureau et se dépêche de l'appeler.

-Allô Mark, c'est Nora...commence-t-elle.

-Alors, elle te plait?

-Plus que ça! Je l'adore, elle est trop belle, merci.

-Tu vas devoir m'accompagner à une soirée de gala, continue-t-il immédiatement.

Karen plisse le front, consciente que cette voiture était un moyen silencieux pour Mark de lui dire qu'elle devait entièrement se donner à lui. Elle, son temps, son amour, aussi fin soit-il.

-Quand? Dit-elle finalement.

-Demain à vingt-heures.

-Je ne vais pas y rester longtemps. J'ai cours le lendemain matin.

-Et alors? Ça finit à trois heures et après on se retrouve chez moi. Je te libère à six heures.

-Je ne peux pas désolée.

-Je ne te demande pas ton avis.

-Mark? Allô? Ne raccroche pas!

Il était déjà trop tard. Elle n'avait plus le choix, il avait raccroché. Au bout du rouleau, elle se résigne à éteindre son téléphone pour de bon et s'étale sur son lit, plus de force pour étudier.
La tâche s'annonce rude. Mark, il ne comptait pas lui laisser du repos. Cette Nora, il l'aimait, il l'aurait, et elle, elle devra l'aimer. Point.

                                           *

A la fin de la journée, Karen qui avait dû interrompre sa sieste inopinée pour se rendre à l'infirmerie,  range avec soin les ustensiles médicaux, pendant que Hayden fait l'inventaire de quelques dossiers.

-T'a fini? Lui demande-t-elle.

-Presque, répond-t-il.

-Moi j'y vais, tout est rangé.

-Merci c'est parfait, je te raccompagne?

-D'accord, mais fini ce que tu as à faire, je vais prendre l'air sur le banc dehors.

Elle sort et s'assoit sur le banc, pendant qu'Hayden arrange les dernières choses. Il s'empresse de la rejoindre et en descendant les marches, aperçoit Karen, la tête levée vers le ciel. Elle se mord délicatement les lèvres, l'air perdue dans ses pensées, ses cheveux se collant à son front sur lequel se font remarquer quelques plis indiquant une inquiétude, un sérieux qui la rend encore plus charmante à ses yeux. Un désir traverse tout son corps et l'oblige à secouer plusieurs fois la tête pour l'éviter de rater une marche et reprendre ses esprits.

-Ça y est, j'ai fini, le médecin sera là dans cinq minutes, lâche-t-il finalement.

-Il a vraiment confiance en toi, il n'est pas trop présent.

-Oui, mais surtout à cause de sa santé.

-C'est vrai que la dernière fois, je l'ai trouvé un peu pâle le médecin.

-Ça ira, il dit qu'il reprendra du service la semaine prochaine.

Ils arrivent finalement à son bâtiment et l'accompagne jusqu'aux escaliers. Mais elle s'arrête un moment, en proie à une hésitation. Il le remarque et sourit.

-T'as quelque chose à me demander hein?

-Heu...oui. Ne le prend pas mal, mais...c'est vrai que tu sors avec Jess?

-Oui...répond-t-il, peiné et gêné. Qui te l'a dit?

-Oh...je l'ai entendu dire.

-Mais bof...cette relation n'a rien pour réussir. Elle n'est pas mon genre. Nous sommes ensemble juste pour la forme, s'empresse-t-il d'expliquer.

-Et c'est quoi ton genre?

-C'est toi, dit-il en s'approchant d'elle.

Pour Hayden, c'était le moment ou jamais de tenter sa chance. Il n'en pouvait déjà plus de cacher ses sentiments naissants pour cette fille qu'il ne pouvait s'empêcher d'admirer à chaque fois qu'elle venait à l'infirmerie. Possédé par le maelström de désir qu'elle éveillait en lui, il la plaqua contre le mur. Karen, elle, se tenait calme, imperturbable, loin d'ignorer l'acte qu'il s'apprêtait à poser. Au moment où leurs lèvres se trouvèrent à quelques centimètres d'écart, elle le repoussa doucement pour l'éloigner.

-Hayden, j'adore la relation qu'on a actuellement. Je veux pas de ça entre nous, murmure-t-elle fermement.

-Pourquoi, t'en aimes un autre? S'enquit-il, inquiet.

-Non Hayden, c'est...laisse tomber, balbutia-t-elle.

-Dis moi au moins pourquoi ?

-N'insiste pas Hayden, je t'en supplie.

-Si c'est ce que tu veux, d'accord.

Déçu, triste, il s'écarte d'elle et part précipitamment en marmonnant un faible ''bonne nuit''. Accablée, elle secoue la tête de dépit et rentre dans sa chambre, où une fois à l'intérieur elle plaque le dos à la porte.

-Pas toi Hayden, non, Mark ne va pas t'épargner...se répète-t-elle avec tristesse.

Finalement, elle décide de faire comme rien ne s'était passé et se rince rapidement le visage et se prépare pour rejoindre Mark. C'est entre ses mains en ce moment que ce trouvait sa vie. Elle le savait, et ça la terrifiait. Mais la raison qui l'avait poussé à choisir cette vie, elle la connaissait aussi, et la motivait davantage à ne pas laisser tomber jusqu'à atteindre son objectif.
Quant à Mark, il ne lui laissait plus le choix.

Enfin...jusqu'à ce qu'il ne fasse plus partie de sa vie.









A suivre...




Aurait dû t-elle accepter? Bisou question💮💖! N'oubliez pas de lâcher ma petite étoile !

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant