Chapitre 39

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Deux jours étaient passés. Karen était introuvable depuis désormais deux jours. Deux jours qu'Adam n'était plus que l'ombre de lui-même. 

Cette nuit là, ça n'aurait servi à rien qu'ils passent la nuit à essayer de trouver l'introuvable. Joe pouvait être n'importe où. Dans le secteur, ou encore en route dans une bagnole volée pour s'échapper à mille lieux des endroits où il aurait pu potentiellement être retrouvé. Comme pour ajouter la cerise sur le gâteau, ce stade n'avait ni de caméras dans les couloirs, ni au niveau du parking ouvert. Il n'y avait pas de pistes, rien de chez rien. Toutes les possibilités qu'Adam envisageait menaient toutes nulle part et ne le faisait pas avancer dans sa quête du kidnappeur de sa copine. Bref, ils devaient attendre, attendre qu'il se décide à faire signe de vie, ce qui irritait Adam au plus haut point.

Pile à ce moment, le souvenir traumatisant d'un homme lui repassa en boucle dans la tête. Autrefois, Joe ne magouillait pas seul. Il avait un acolyte plus taciturne et menu, le dos légèrement vouté, qui se soumettait au moindre sifflement de Joe.

Son nom ni sa personne n'avait jamais vraiment intéressé Adam et Bryan, jusqu'au jour où, entrant dans l'appartement moisi de Joe, ils découvrirent avec torpeur un spectacle des plus horrifiants : L'acolyte de Joe gisant dans son propre sang, après avoir eu le culot de le trahir. Or Joe l'avait averti. D'après ce que Joe leur avait expliqué, ce dernier aurait essayé d'organiser une attaque de gang contre Joe pour lui prendre les dernières réserves de marijuana qu'il avait, ainsi que l'argent de la dernière livraison que Joe avait refusé de partager avec lui. La seule leçon qu'Adam tirait de tous ces souvenirs : Tout ça pouvait virer au drame en une fraction de seconde, et Karen mourrait si les choses ne se passent pas comme Joe le planifie.

Adam le savait, et la seule chose sur laquelle il pouvait se lamenter désormais au pied du mur, c'était son caractère borné. Il comptait tout payer à Joe, mais voulait le forcer à repousser les dates de paiement. Finalement, en voulant jouer un fin jeu stratégique avec le maitre du jeu, il a fini par se faire éliminer grâce à son maillon faible : Karen. Mais pourquoi elle? Elle n'avait rien à voir dans cette histoire ! À la simple idée qu'elle ait une simple égratignure, son estomac se nouait. Or Joe l'avait amoché de coups, sur la photo qui lui avait déchiré le cœur. Les autres mecs ont pu s'en rendre compte déjà sur le chemin du retour, le silence étant le chef d'orchestre.

                     *
Ce lundi est le plus lourd de toute sa vie. Des cernes énormes pesaient sous yeux. Pour aller en cours, il sèche la première heure, puis traine les pas  pour suivre celui qui suit pour se vider la tête du visage de Karen qui le hante, mais c'est peine perdue. Assis à l'ex tangué de la rangée la plus haute de l'amphi, il laisse son esprit divaguer à travers les grandes baies vitrées qui se trouve tout en haut de la salle pour donner de la lumière. Il contemple avec une inquiétante admiration, la forme des feuilles de bananier perceptibles aussi depuis le pavillon extérieur qui débouche sur un parterre de fleurs blanches magnifiques. Le seul moment où son esprit revient sur terre, c'est pour tanguer jusque dans la cantine où, machinalement il s'assoit à sa place fétiche, les deux mains accolées sur le crâne. Seules quelques frites que lui força à manger Bryan trouvèrent leur chemin dans le labyrinthe que formait ses intestins.

-Si on va là-bas, je me demande ce qui va se passer, dit Bryan, lui et Adam tous les deux réunis dans sa chambre pour une réunion de crise.

-On verra, répond Adam avec une souveraine simplicité.  Il n'est que seize heures, il va peut être faire signe.

-Hum. Peut être.

-Tu sais quoi Bryan? Ce Joe, je jure qu'il va jamais m'oublier s'il survit.

-Calme toi frère, on ne sais pas encore à quoi on devra s'attendre, et mettre Karen en danger n'est sûrement pas une option que tu as envie de choisir.

-C'est vrai, je ferai absolument tout pour qu'elle soit en sécurité.

-Alors essaie de te calmer. On lui fera sa fête, c'est clair, mais n'oublie pas non plus que ce n'est pas un enfant et qu'il est dangereux.

Adam marqua une pause et alla s'arrêter à la fenêtre.

-J'ai hâte de l'avoir en face. S'il survit, je ne m'appelle plus White.

-À peine je finis de parler qu'il recommence.

-Mais tu aurais fait quoi à ma place Bryan ? Imagine que c'était Ariane ! Tu ne seras pas aussi tranquille te connaissant.

-C'est vrai, tu marques un point. C'est pour ça que les amis sont là, fulmine Bryan, adossé au chambranle poncé de la porte.

-Oui, mais j'ai plus besoin de soutien que d'une leçon de morale tu vois.

Posé sur le bureau de Karen, le téléphone de cette dernière se met à crépiter énergiquement, manquant même de s'écraser sur le sol asphalté de la chambre estudiantine.

-C'est quoi? Demande Bryan, intrigué.

-Un message, dit Adam en soulevant de justesse le téléphone.

Il l'allume, scanne son empreinte digitale préenregistrée par la propriétaire du téléphone elle-même et accède aux messages.

-Il a envoyé l'adresse! S'exclame-t-il joyeusement. On y va!

Il prirent l'argent qui était dans un sac et dévalèrent l'escalier longitudinal qui menait au ré de chaussée du bâtiment. Aurore n'était pas loin, à à peu près 30 mètres de là, et les vit se précipiter pour monter dans la voiture. Elle ne mit pas longtemps à comprendre que l'engouement dont faisait preuve Adam, et qu'il avait perdu ces derniers jours, devait avoir un lien avec la disparition de Karen. Mais à en juger par leur tête, cela devait être une bonne nouvelle. En bonne journaliste, les conclusions sont vite tirées : Ils l'avaient sûrement retrouvée et ou avait un indice concluant. Quand elle les vit se retourner pour chercher elle ne sait quoi, elle courut jusqu'à la voiture et s'engouffra à l'arrière.

Les deux garçons revinrent et ne remarquèrent même pas qu'elle est montée dans la voiture, occupés qu'ils étaient à faire l'inventaire des choses dont ils auront besoin.

-C'est bon, t'a tout ?

-Ouais, on bouge. Plus de temps à perdre.

-Vous n'irez pas sans moi, coupe-t-elle soudainement.

-Aurore tu fiches quoi là?! Crie Adam en la fusillant du regard par le rétroviseur.

-Je sais que vous l'avez retrouvé, alors tu continues l'interrogatoire ou tu démarres?

-T'as pas idée du danger, sort et attend nous ici! Fustige Bryan.

Son hypothèse vérifiée, elle lâche un rire bête et déterminé qui couvre de rage les deux garçons.

-Je ne descendrai pas Adam, ce n'est même pas la peine d'insister. Allez, démarrez cette caisse maintenant, Karen a besoin de nous, et avoir une troisième personne avec vous ne peut que vous profiter. Bon sang, on va !? 

Peu convaincus mais exaspérés d'avoir à discuter inutilement, Bryan démarre enfin, et, pied déterminé et fermement posé sur l'embrayage, il presse un peu davantage l'accélérateur, tous trois plus intrépides que jamais pour affronter Joe, filant à toute allure sur la route 56 qui conduisait à l'adresse que Joe avait envoyée...

A suivre...

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Bisou sonore💮💖!P

Vengeance À Deux VisagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant