Vengeance À Deux Visages

Chapitre 42

Pourquoi il ne lui avait rien dit? 

Depuis que l'incident s'était produit, il s'était sans cesse torturé pour avoir lui même le courage de se répondre. La réponse était pourtant simple : il ne voulait la mettre en danger. Mieux elle en saurait, mieux c'était. Normalement si tout s'était bien passé, elle n'aurait jamais entendu parler de lui, lui non plus n'aurait jamais entendu parler d'elle, ils se seraient entendus entre hommes, et il aurait lutté pour se défaire de la drogue. C'était le plan en tout cas. Et malheureusement, tout s'est soldé par le kidnapping de sa copine, et finalement par le meurtre involontaire d'un homme qui sans pour autant en faire des vagues, méritait largement la mort. D'ailleurs, Adam se demandait encore comment Joe avait entendu parler de Karen alors que leur histoire était toute récente. Perturbé, il se rassit sur le bord du lit.

-A ton avis? Attaque-t-il comme un chaton menacé sortant ses griffes.

-Bah je sais pas, à toi de me dire, bafouille-t-elle.

-Je voulais pas te mêler à cette histoire. Ça t'aurai mise en danger.

-C'est pas caduque comme raison?! Je n'ai pas cinq ans Adam.

-Tu veux que je te dise quoi?! Que je suis accro à la drogue et en contact depuis pas si longtemps avec un dealer et un tueur ?

Silence général. Emoustillée par son explosion de colère qu'elle pressentait mêlée à de la culpabilité, elle gardait les yeux rivés sur le lit, le visage soumis à la suprématie de son homme qu'elle savait pourtant rongé par l'inquiétude qu'elle le quitte pour qu'il lui ait menti sur ses véritables addictions. Jusque là, juste quelques joints il s'était autorisé à tirer en sa présence et sous son regard menaçant. Pourra-t-elle lui accorder cet écart pourtant si loin de ses principes? Elle caresse du bout des doigts le lit en faisant des mouvements octogonaux, en proie au stress pour le sujet qu'elle s'apprêtait à évoquer.

-C'est depuis le lycée ...? Commence-t-elle.

-Ça aucune importance, laisse tomber.

-Adam...

-Ferme-la s'il te plait Karen.

D'abord choquée  par son agressivité, elle se leva et l'enlaça par derrière, couvrant totalement ses omoplates robustes par la paume tiède de ses deux mains.

-Je la fermerais jamais tu sais. Si je le fais c'est que je ne t'aime pas.

Il étouffa un rire fataliste, inconsciemment à fleur de peau, mais touché par les syllabes qu'elle vient d'aligner  juste derrière le lobe de l'oreille, et qui l'apaise inéluctablement.

-Décidément, feint-il, faussement agacé.

-Et tu m'auras sur le dos toute ta vie.

-Tu comprends pas.

-Comprendre quoi?

-Je vais finir par te décevoir un jour ou l'autre, je sais pas si on doit continuer.

-Parce que tu crois que je vais te laisser tomber? Tu rêves!

-Toi t'as des principes, je suis pas le genre qu'il te faut, j'en ai pas moi.

-C'est vrai qu'on est pas toujours d'accord mais c'est pas ça l'important. Et bien sur que tu as des principes, sinon tu ne serai pas encore là alors qu'on a pas couché ensemble. Tu te serai consolé ailleurs.

-Et qu'est-ce qui te fait croire que ça n'a pas été le cas ?

-Je le crois, c'est tout. Je veux te faire confiance, parce que je t'aime.

-Et si tu te trompais ?

Elle se fige, blessée par ses propos crus et sans aucune maitrise. Elle replie les deux cuisses contre sa poitrine et y plonge le visage. À ce moment-là, Adam se rend compte qu'il a sûrement dû aller beaucoup trop loin, et a fait une bêtise, qu'il prie d'être pardonnable.