LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)

27 DISSENSION

Kalen fixa Ramis droit dans les yeux. Un froid coup de vent s'engouffra au milieu d'eux. Il n'y avait jamais eu autant de tension entre les deux amants. Ramis fit un pas en avant et s'empara de la bouteille de sherry sur la table.

— Rends-moi mon fils.

— C'est le mien.

Cette déclaration suffit à faire sortir le chef de ses gongs. Il poussa un cri de guerre et souleva la bouteille en tentant de l'abattre sur Kalen. Ce dernier se pencha sur le côté et sentit le flacon de verre frôler sa tempe. La bouteille explosa sur l'une des tables en milliers de tessons scintillant comme une nuée de cristaux noirs. 

Kalen bondit sur le cou de Ramis par l'arrière et s'y agrippa de toutes ses forces. Le blond suffoquant se pencha en avant en essayant de se libérer de l'étreinte meurtrière. Kalen resserra son emprise. Mais sa concentra flancha brusquement. Il avait senti quelque chose. Huile de santal et romarin. Avec un soupçon de xérès.

Ce n'était pas le moment.

Ramis lui assena un coup de coude dans l'abdomen. Le brun en eut le souffle coupé. Ramis revint à la charge comme un taureau et emporta Kalen de tout son poids. Ils s'écrasèrent sur l'une des tables du restaurant, celle-ci s'écroula. 

Les deux hommes se retrouvèrent sur le sol vitrifié, Kalen au-dessus de son adversaire. Il était assis à califourchon sur Ramis, et cette position avait quelque chose de diablement sensuel.

Ramis coupa les pensées de Kalen avec une gifle assourdissante. Ce dernier s'effondra sur le côté, la douleur de son poignet blessé refit surface. Le blond prit rapidement le dessus en grimpant sur son adversaire pour le clouer au sol. 

Il n'y avait plus que quelques centimètres qui séparaient leurs visages. Le désir se lisait dans les yeux du patron. Kalen pouvait sentir son souffle chaud sur sa pomme d'Adam qui rebondissait au rythme de sa déglutition. Avec Ramis, l'adrénaline avait toujours quelque chose de sexuel.

Sans crier gare, le combat se transforma en ébats. Le patron plongea ses lèvres sur celles de son employé. Celui-ci répondit avec tout autant d'ardeur. Il retourna Ramis sur le dos et se retrouva encore au-dessus. Ils renouèrent leurs lèvres. Kalen laissa glisser ses doigts sur le torse nu de son adversaire. La tension sexuelle avait été trop entretenue. C'était arrivé au seuil de rupture.

Ramis captura les cheveux soyeux de Kalen Lachenaie et pressa encore plus leurs lèvres l'une sur l'autre. Kalen n'avait jamais expérimenté un tel désir. Un désir foudroyant, un désir trop longtemps enterré. Mais aussi subitement qu'elle avait disparu, l'image de Matteo réapparut dans son esprit. 

Il délia violemment leurs lèvres et envoya son poing dans la gueule de Ramis. Celui-ci le repoussa et il retomba sur le côté. Il sentit des tessons lui perforer le bras et se mordit la lèvre inférieure en gémissant de douleur. Ils se relevèrent tous les deux en respirant comme des forcenés. Certaines coutures de son pantalon avaient lâché, preuve du bestial désir qui ravageait le brun.

— Je suis le seul qui puisse le sauver, Kalen.

— Et moi, je ne veux pas que mon fils doive la vie à quelqu'un comme toi.

— Il me doit déjà la vie, tonna Ramis. Arrête de te battre contre moi.

— Je me battrais toujours comme un lion, lorsqu'il s'agira de la vie de mon fils. Tout en parlant, Kalen ouvrit sa bandoulière de cuir et en sortit son couteau de chef. Il le pointa vers Ramis. Et je refuse que mon fils ait quelqu'un comme toi pour père.

Kalen se précipita vers Ramis d'un air déterminé. Oui, il savait qu'il finirait en prison. Mais ce n'était pas l'essentiel. Même mort, le greffon serait viable pendant trois ou quatre heures. Il tuerait Ramis et amènerait son corps à Tony. Il ferait d'une pierre deux coups. Le brun souleva son arme au-dessus de son chef. Ce dernier écarquilla les yeux.

— Attendez ! hurla une personne à l'entrée. La lame aiguisée s'arrêta juste entre les deux yeux de Ramis Winchester. Kalen se retourna vers l'entrée et crut défaillir en reconnaissant la personne qui venait de l'empêcher de commettre ce meurtre.

— Je tombe bien, apparemment...