12 INSPECTION (SUITE)

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Il ignorait aussi pourquoi Ramis avait accordé son souhait. Se pouvait-il, par le plus fou des hasards, qu'il ressente la même chose ? A cette pensée, Kalen frémit de haut en bas.

— La salade de thon, nom de Dieu !

— La voici, chef. Il remit le plat au ventripotent, qui lui lança un vilain regard.

— Question méticulosité, le critiqua ce dernier, on y repassera. Je t'ai dit sniffe si tu veux, baise si ça t'aide, mais au boulot on a besoin que tout le monde soit concentré. Occupe-toi du tartare de veau. Un quatrième bond pour la table six.

— Entendu, chef.

***

Léaina rentra chez elle un peu plus tard après que les deux hommes s'en soient allés. Ils lui avaient assuré au téléphone que la maison était à présent sûre et qu'ils avaient drainé tout le fameux gaz. Ce qu'elle ignorait en revanche, c'était que sa maison était truquée de caméras et de micro-espions. 

La rousse inspecta les lieux de fond en comble, un air inquisiteur repeint sur son visage. Elle essayait de déterminer si quelque chose avait changé. Elle inspira longuement en fermant les yeux. Aucune odeur suspecte. Elle alluma l'ampoule, qui vacilla légèrement avant de se stabiliser. Elle avait toujours sa bandoulière noire accrochée à elle, remarquèrent Willow et Xander derrière leurs écrans. 

Pendant ce temps, Léaina Lachenaie continuait d'inspecter la maison. Elle jura contre une souris qui lui avait fait peur, avant de réajuster son châle vert. Dehors, un semblant de soleil brûlait à travers les nuages gris clair, en même temps qu'une fine pluie s'était mêlée au froid brouillard qui planait sur le quartier calme. 

La rousse ouvrit l'armoire, vérifia le contenu, et le referma. Elle sentait que quelque chose de bizarre se tramait, mais ne put cependant pas mettre le doigt dessus. Elle regarda dans tous les sens, puis se dirigea vers la cuisine. Au fond de la pièce, la bibliothèque de séquoia brillait encore plus que d'habitude. Léaina se servit un verre d'eau et l'engloutit d'une traite. L'odeur des macaronis qu'elle avait cuisinés le matin flottait encore en bribes dans les airs.

— Qu'est-ce qu'elle fait ? demanda Xander à sa patronne, les yeux rivés sur l'écran. Se pourrait-il qu'elle ait suspecté la présence de nos caméras ?

— Non, répondit Willow, une sucette rouge dans la bouche. Mais elle a l'attitude de quelqu'une qui a quelque chose à cacher.

Comme pour corroborer ses paroles, la rousse s'approcha de la bibliothèque rouge qui cachait la porte menant au sous-sol secret. Elle laissa ses doigts glisser sur les livres poussiéreux. Pour les deux espions, la jeune fille ne faisait que chercher un ouvrage pour faire passer le temps. Ils ne se doutaient pas qu'il suffisait d'un livre pour mettre fin à l'enquête...

Mais elle s'éloigna du meuble et sortit de la cuisine. Xander sentit des frissons le traverser et il essaya de réguler sa respiration. Ses mains devinrent moites. Ça y est, ils étaient sur le point de savoir si Kalen et Léaina Lachenaie étaient les véritables kidnappeurs de l'enfant Winchester. Ils étaient sur le point de boucler une enquête vieille de six mois et de passer à autre chose. 

Il fallait juste qu'elle ouvre ce sac. Ils n'attendaient que ça. Qu'elle ouvre ce fichu sac noir rempli de preuves. Elle avait dit à leurs collègues qu'elle entrait prendre des affaires, des vêtements. Mais c'était faux, ils le savaient. Il savait qu'il n'y avait pas de vêtements dans le sac noir. Xander se reconcentra sur l'écran, ignorant les bruits de suçons provoqués par sa patronne.

Léaina s'empara de son téléphone et lança l'appel.

— Allô, Anto ? Oui, ce n'était rien de grave. Tu as raison, dit-elle en se baladant dans toute la maison, je m'inquiète beaucoup trop pour rien.

— C'est qui ? demanda Willow, en observant Léaina passer de sa chambre à celle de Kalen.

— Je crois que c'est son médecin-traitant, répliqua Xander. Le docteur dont je vous avais parlé, celui qui était là lors de la perquisition.

— Non, non, Anto...il n'y a plus personne. Elle continua ainsi au téléphone pendant une dizaine de minutes, se baladant continuellement dans toute la maison en riant aux éclats, son sac volumineux toujours avec elle. lorsqu'elle raccrocha, elle rangea son petit téléphone et parut soupirer.

— Vas-y, miaula Xander qui n'en pouvait plus d'attendre. Ouvre ce putain de sac !

— Patience, souffla sa patronne, qui n'arrivait elle- même pas à tenir sur place. Encore quelques secondes, elle va bien s'en débarrasser à un moment où à un autre.

Léaina soupira une nouvelle fois en s'extirpant de ses pensées. Elle rejoignit la petite buanderie, truffée elle aussi de caméras. La rousse s'approcha du lave-linge et s'y accroupit. Elle y fit passer le linge sale contenu dans un panier d'osier, en chantonnant joyeusement une mélodie grecque. 

Puis elle régla les paramètres de lavage et dosa les produits nettoyants. Mais avant de fermer le hublot, elle retira son sac de son épaule. Xander se raidit malgré lui, alors que la détective Nikova avait cessé de jouer avec la sucette dans sa bouche rougie.

— Ça y est, s'écria l'assistant-stagiaire. Il ajusta son casque audio, réprimant sa soudaine et violente envie d'aller au petit coin.

Léaina tira sur la fermeture métallique du sac avec une lenteur infinitésimale. Elle continuait de chantonner ses musiques exotiques, s'arrêtant par intermittence pour danser et tournoyer sur elle-même. Xander crut crever d'impatience. 

Lorsque la rousse eut complètement ouvert le sac, elle en sortir un tas de linge qu'elle enfonça également dans la machine à laver. La bouche de Xander s'ouvrit d'elle-même et la détective frappa du poing sur la table. Ils n'arrivaient pas à y croire. Comment avaient-ils pu se faire avoir aussi facilement ?

— C'était des vêtements depuis tout ce temps, souffla Xander.

— J'avais remarqué...

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant