Kalen n'avait pas fermé l'œil de toute la nuit. Entre les insomnies et les pleurs répétitifs de Matteo, il était resté là à fixer son plafond sur lequel se dessinaient des galeries de termites. Il était bien content que le jour enfin paraisse.
Le lundi n'était pas son meilleur jour de la semaine. Il détestait retourner au boulot après le week-end, comme si le poids du monde reposait sur ses épaules.
Mais aujourd'hui était différent. Tout ce qui s'était passé hier et avant-hier...il ne s'était pas encore remis. Il ne s'était pas encore remis de Ramis. C'était inouï, impensable. Ramis Winchester l'avait-il vraiment embrassé ?
Kalen avait gravé dans sa mémoire tous les détails de cet instant qui ne quitterait plus jamais ses souvenirs. L'odeur de citron dans la grande cuisine grise et blanche, mêlée à celle du bois de santal et du romarin. Le regard envoutant de son chef, une mare d'ambre dans laquelle il n'avait pas hésité à plonger sans bouée.
Et quand leurs lèvres avaient fusionné, il avait fermé les yeux. Dans le noir complet, il avait néanmoins frémi au contact de la douce barbe de Ramis sur sa peau lisse. Lorsque le chef avait posé sa froide main sur sa joue, Kalen se souvenait d'avoir gémi entre ses lèvres.
Il avait longuement inspiré et s'était imprégné de l'odeur équatoriale du bois de santal. Il s'était laissé baptiser dans le feu de la passion. Ce ne fut qu'un baiser chaste, mais nanti de promesses d'une suite indéfinie d'autres nuits blanches.
Avant de partir en direction du Smaken, Kalen embrassa l'enfant qui s'était enfin mis à dormir. Léaina, inquiète de son état amorphe depuis son retour du restaurant la veille, lui somma de faire attention à lui. Quand il empoigna sa bicyclette et disparut dans les artères du quartier de Jordaan, la rousse ferma la porte et rejoignit Matteo dans la pièce sécrète derrière la bibliothèque de la cuisine.
Mais elle ne s'y éternisa pas, que déjà trois coups avaient retenti à la porte. Au départ, Léaina songea que Kalen avait oublié quelque chose. Mais pourquoi frapperait-il, alors qu'il avait le double des clés ?
Elle réalisa alors qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre...
***
— C'est bon, madame. Ils sont arrivés chez le suspect.
— Balance-moi sur le canal deux, Xander. Et surtout, reste bien caché. Cette fois, on va les avoir.
— Bonjour mademoiselle Lachenaie, je m'appelle Peter Richmond et voici mon collègue Dominic Entchy.
Caché dans une voiture stationnée de l'autre côté du canal d'eau, Xander vit les deux hommes présenter leurs cartes à la courte femme qui barrait l'entrée de la maison. L'incompréhension et l'incrédulité se lisaient sur son visage criblé de tâches de rousseurs.
— Bonjours messieurs, que me vaut l'honneur de cette visite ?
— Hausse le volume, ordonna Willow dans le talkie-walkie de Xander. Du bureau des enquêtes où elle se trouvait, elle ne pouvait que se contenter de l'audio, contrairement à Xander qui avait aussi le visuel. Ce dernier obtempéra et ajusta l'oreillette dont il se servait pour épier la conversation.
— Nous travaillons tous les deux pour Feyo Corporation, la société qui vous approvisionne en gaz. Léaina acquiesça. Notre système a détecté une fuite de gaz, et nous évacuons une partie du quartier le temps que nous maitrisions la situation.
— Du gaz ? Non, je ne pense pas. Je n'ai rien senti, en tout cas.
— Parce que le gaz est encore en faible concentration, rétorqua le dénommé Dominic. Mais pour votre bien et celui de votre maisonnée, veuillez évacuer les lieux s'il vous plait. Vous êtes seule ?
— Vous ne m'inspirez pas confiance, grogna Léaina sans flancher, malgré que les deux hommes semblaient être des géants près d'elle. Puis-je à nouveau voir vos cartes ?
— Xander les a-t-elle laissé entrer ? s'inquiéta la détective. Il faut qu'elle les laisse entrer.
— Elle semble encore résister, informa le jeune stagiaire terré dans la voiture. Elle est très méfiante.
— Mademoiselle, il en va de votre sécurité et de tous ceux qui vivent ici. Laissez-nous entrer...
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LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)
Misterio / SuspensoGAGNANT DES WATTYS THRILLER 2020 Matteo va mourir. Il n'a que sept mois, mais souffre d'une leucémie aiguë, qui le tuera si rien n'est fait. Il lui faut impérativement une greffe de moelle osseuse de ses parents biologiques, les Winchester. Mais Mat...