7 SUSPICION (SUITE)

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Au même moment, la sonnerie de la porte retentit, et l'attention des deux individus fut détournée. Xander s'éloigna de la bibliothèque, qui pourtant représentait le point pivot de toute l'enquête.

Lorsque Léaina ouvrit la porte, Antonio s'y engouffra en même temps qu'une rafale de vent. Il avait sa blouse blanche de médecin, au-dessus d'une chemise bleue et une cravate rayée noire et blanche. Xander le dévisagea pendant longtemps, se demandant qui pouvait bien être cet homme aussi géant qu'un réverbère.

— Je ne savais pas que vous étiez avec quelqu'un, siffla le docteur Delacruz, je vais repasser.

— Non, tonna Léaina, il va bientôt s'en aller.

— C'est qui, lui ? grogna Xander, qui n'avait pas quitté Antonio des yeux.

— Mon médecin-traitant. Il me consulte à domicile pour surveiller mon taux d'hormones...j'en prends pour la fertilité.

— Justement, sourit Antonio, je t'en ai apporté. Il ouvrit son sac, et sortit plusieurs flacons. Ici, j'ai du Novarel, des comprimés de Lupron, du Follitism, et la totale, de l'Acétate de Ganirelix. Il y a aussi des suppléments de vitamines.

— Monsieur, ceci est une perquisition. Vous pourrez continuer cette consultation plus tard ?

— Ou on peut la faire à l'étage, le coupa Léaina d'un air pressé. Veuillez me suivre, docteur. Laissons l'inspecteur faire son tra...

— J'allais inspecter l'étage.

— Okay, après vous...soupira Léaina. 

Et c'est ainsi qu'elle détourna in extremis l'attention du détective privé. Et il ne sut jamais à quel point il était proche de découvrir l'enfant sommeillant dans la cave sécrète.

— Pardon pour le dérangement, annôna-t-il après avoir mis toute la maison sens dessus-dessous. Léaina lui sourit, et l'accompagna jusqu'à la porte où il enfourcha son vélo, alors que le vent soufflait de plus en plus à l'extérieur.

— Bonne journée, monsieur l'agent, ironisa Léaina.

— Je suis loin d'être débile, lança le blond. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadé que nos chemins se recroiseront un jour. Bonne chance pour votre grossesse...

Puis il disparut en filant vers l'horizon sur ses deux roues. Léaina guetta par la fenêtre, jusqu'à ce qu'elle voie le vélo disparaitre à la bifurcation entre deux rues. Puis elle fonça dans la cuisine, se dirigea vers la bibliothèque, et tira sur le livre Le Journal d'Anne Franck. Un déclic résonna, et elle bougea la bibliothèque, qui dissimulait une porte dérobée. 

Suivie d'Antonio, elle descendit les marches humides abruptes et actionna l'interrupteur. L'ampoule s'alluma, et Matteo se réveilla en remuant des pieds. La rousse le prit dans ses bras, et le serra fort contre elle.

— Je crois que sur ce coup-ci, on a assuré, Lala.

— Aux grands maux, les grands remèdes, soupira Léaina en fermant les yeux. On a vraiment assuré...

***

— Je n'arrive pas à croire que tu ais pris de si gros risques, souffla Kalen en berçant l'enfant qui somnolait dans ses bras, tétine dans la bouche et bras gauche sur le torse de son père.

— Comme si j'avais le choix ! Si Anto n'était pas venu au dernier moment, on aurait été grillé, c'est moi qui t'le dis.

— J'ai eu si peur, avoua Kalen d'une voix faible.

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant