30 CONDAMNATION (SUITE)

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Au même moment, une infirmière entra dans la chambrette et intima au visiteur de laisser Ramis se reposer un peu. Le brun dû donc se résigner à quitter la pièce sans avoir obtenu les réponses qu'il attendait tant.

Lorsqu'il revint dans la chambre où Léaina était censée se reposer, il fut surpris de la voir debout, débarrasser de sa robe d'hôpital bleue.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit-il en la voyant dresser convenablement son lit.

— Tu n'espérais tout de même pas que je reste couchée comme une pauvre vieille prête à mourir ! Je n'ai eu qu'une petite crise d'angoisse hier, ce qui est tout à fait normal si on prend en compte le fait que mon fils est mort avant de revenir à la vie. Je dois aller voir Matteo, et tout de suite.

— Les médecins t'en ont donné l'autorisation ?

— Pas encore, mais ça ne saurait tarder. Elle noua ses boucles rousses en queue de cheval, laissant deux ressorts pendre de part et d'autre de son visage pâle. Des nouvelles d'Anto ?

— Aucune. Je commence d'ailleurs à m'inquiéter. Il n'y a personne chez lui. Florida passe la journée avec sa mère.

— Tu sais, Kalen...les Winchester savent désormais qu'on a leur enfant. Et ils vont vouloir le récupérer. Dans deux jours, je me casse d'ici avec Matt. Il faut qu'Anto soit avec nous pour le suivi post-opératoire de l'enfant, au cas où il ferait une rechute. Il me faut Antonio. Essaie de le retrouver. Rentre même à la maison voir s'il n'y est pas.

— J'y vais de ce pas.

Kalen enfourcha sa bicyclette et pédala en direction de chez eux. Il savait que quelque chose de pas net se tramait. Tony n'était pas du genre à disparaitre dans la nature. C'était un ami loyal, il n'aurait jamais pu partir de son propre gré malgré la situation délicate que traversaient les Lachenaie. 

S'ils ne retrouvaient pas le docteur avant demain soir, leur plan de s'enfuir loin d'Amsterdam tomberait à l'eau. Tony était la seule personne au monde capable de sauver Matteo. Car la vie du petit n'était pas encore hors de danger. Les soins post-opératoires étaient presque aussi cruciaux que la greffe en elle-même. Or Kalen ne s'y connaissait pas en ces trucs-là. Léaina, encore moins. La seule personne sur qui ils pouvaient compter, c'était Tony.

Mais ne demandaient-ils pas aussi beaucoup trop au chirurgien ? Après tout, lui aussi avait une vie à Amsterdam. Il avait une famille, un boulot qu'il adorait. Il avait une fille qui commençait elle aussi à construire sa vie ici. Allaient-ils tout sacrifier, pour les délires de deux parents ? 

C'était improbable, réalisa Kalen. Lui, ne l'aurait pas fait. Pourquoi ce serait différent dans le cas de Tony ? Peut-être était-ce la raison de sa disparition... ils avaient mis tellement de pression sur le dos du chirurgien...peut-être s'était-il juste enfui loin d'eux. C'était l'hypothèse la plus probable aux yeux de Kalen. Il y songeait encore, lorsqu'il arriva chez lui.

En entrant dans la maison, le brun ressentit une sorte de liberté de mouvement qui l'avait tant manqué. Ils avaient fait appel à quelqu'un, qui les avait débarrassés de toutes les caméras et les micros espions. Ils n'étaient donc plus sous surveillance. 

Son premier réflexe fut de filer dans la pièce sécrète derrière la bibliothèque dans la cuisine. Si Tony était chez lui, il le trouverait sans doute là. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il découvrit la pièce entièrement vide. Il en sortit tout penaud.

La maison était plongée dans un calme et une pénombre angoissants, seul le coucou de l'horloge troublait le silence environnant. Kalen dût ouvrir les fenêtres pour aérer un peu l'appartement confiné. L'odeur étouffante de la moisissure se dissipa un peu et le brun but un verre d'eau fraîche du réfrigérateur.

Soudain, il entendit un bruit étouffé provenant de l'étage. Il faillit s'étouffer avec l'eau. Avait-il rêvé ? Il leva le regard vers l'abat-jour poussiéreux pendu au plafond de la cuisine et le vit se balancer lentement de droite à gauche. Quelque chose était effectivement tombée à l'étage. 

Il sortit de la cuisine et s'arrêta au bas des marches sombres. Ses oreilles étaient à l'affût du moindre son. Il y avait des faibles bruits de pas sur le plancher grinçant. Tony était vraiment là. Mais que faisait-il chez eux ? Kalen grimpa les marches d'un air confiant.

— Tony, c'est toi ? cria-t-il en montant les escaliers. Bon sang, qu'as-tu fait de ton téléphone ? Léa est morte d'inquiétude, ça ne se fait pas de...

Kalen se figea. Ce n'était pas la silhouette d'Antonio qu'il voyait devant lui dans la pénombre. Non, c'était une femme de dos. Elle avait de courts cheveux roux, et une longue robe bleue avec des fleurs blanches.

— Qui êtes-vous ? susurra le brun, le cœur battant à tout rompre. La femme se retourna vers lui et il crut s'évanouir tellement le choc fut brutal. Il reconnaissait ces yeux fauves, cet air sévère.

— Tiens donc, n'est-ce pas là Kalen Lachenaie ?

— Maman...

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant