LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)

23 INTIMIDATION

— Belle-maman ! s'écria Antonio. Quel bon vent t'emmène chez nous aujourd'hui ? Il se précipita pour fermer la porte derrière elles, à cause du vent frais qui commençait à se lever à l'extérieur.

— Alors, comme ça c'est vrai ! Tu as osé ramener une trainée dans la maison de ma fille. Et tu n'as pas honte de l'embrasser ainsi devant ta propre fille. Que va penser Florida ?

— Anto, sourit Léaina en se massant le cou, ta belle-maman vient de me traiter de trainée. Elle vient de me traiter de trainée.

— Lala, s'il te plait reste en dehors de ça, la supplia-t-il en se rapprochant de sa femme.

— Si tu as quelque chose à dire, scinda cette dernière, adresse-toi à ma mère.

— Oui, adresse-toi à moi ! appuya la vieille blonde aux bigoudis multicolores. Alors comme ça, tu as mis Nina à la porte, hein ?

— C'est quoi cette mascarade ? grogna Antonio. Tu es partie seule, Nina ! Dis-le donc à ta mère.

— Tu insinues que ma fille ment, p'tit connard ?

— Est-ce que c'est une nouveauté ? piqua Léaina du tac-au-tac.

— Lala !

Antonio ne savait plus où donner de la tête. Il sentait que tout allait finir en explosion. Une collision de si fortes personnalités ne pouvait donner que ça, une explosion atomique. Et il voulait tellement l'éviter. Il ne voulait pas voir deux êtres aussi chers de sa vie s'entretuer.

— Antonio, c'est moi ta femme, pleurnicha la jeune blonde. Tu ne devrais pas laisser ton amie _si c'est comme ça que tu l'appelles_ me parler ainsi. Tu es liée avec moi. On est marié. On a une fille, Antonio ! On est lié.

— Oh, la belle affaire, rigola Léaina. Lié, lié, encore lié. Je crois que j'ai suffisamment entendu parler de ça. Et je vais te dire, espèce de fifille à sa maman, on s'en bat les fesses de tout ça. Va raconter ton baratin dans un confessionnal.

— Lala ! s'exaspéra Antonio.

— Toi la demi-portion, tu ne parles pas comme ça à ma fille. Elle a plus de droits que toi dans cette maison. Et il serait grand temps que tu te cherches enfin un mec au lieu de cibler celui d'une autre.

— Bon là, ça suffit, explosa la rousse en se ruant sur la vieille femme. Je vais lui refaire le portrait à ta mère.

Antonio s'interposa immédiatement. Mais toute sa force ne suffit pas à faire reculer Léaina. Il se rendit compte qu'elle avait plus de muscles que ce qu'il pouvait s'imaginer.

— Poufiasse, hurla Nina en assenant une gifle retentissante à la rousse. Cette dernière sentit le rouge lui monter aux joues et ses yeux se gonflèrent de larmes.

Un seul geste suffit à envoyer valser le chirurgien vers un immense vase décoratif, sur lequel il s'aplatit dans une explosion de céramique. Il eut à peine le temps de reprendre ses esprits, que Léaina était déjà assise à califourchon sur Nina Delacruz. 

La mère de cette dernière était étourdie, adossée contre la porte de l'entrée, la langue pendante. Durant un court instant, Antonio crut qu'elle était morte.

— Toi, tu m'as gavé de ouf ! cria Léaina en assénant une claque assourdissante à Nina. Et pour la dix-millième fois (une autre gifle résonna), je n'ai pas envie de te piquer ton mari (une troisième fendit l'air)

— Lala, ça suffit, bordel ! Antonio suspendit la main de la rousse, juste au moment où sa belle-mère se ruait à l'extérieur de la maison comme si elle avait le diable aux trousses.

— Je vais de ce pas au commissariat, hurla-t-elle en s'enfuyant. Je porte plainte pour coups et blessures. Vous allez voir. Je vous jure sur mes bigoudis que vous passerez la nuit en cellule. Nina s'enfuit à son tour, complètement traumatisée par ce qu'elle venait d'encaisser.

— Ça va ? ironisa Antonio l'air de vouloir tuer le monde entier. Tu es contente, maintenant ?

***

Kalen s'était raidi comme un piquet. Ça ne pouvait être qu'une coïncidence. Ramis parlait certainement d'un autre Mickael. Oui, un autre. Pas le sien, pas son mari. Non, c'était impossible. Il ne pouvait tout simplement pas y croire.

— Mon petit-ami s'appelait Mickael. C'était un employé de Clean-Ex, l'entreprise d'essuie-tout et de papier toilette.