29 DISPARITION (SUITE)

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Personne ne lui répondit. L'odeur de la peinture faillit lui irriter la gorge. Ses yeux fatigués se posèrent sur une chaise électrique, puis un fouet aux multiples lanières accroché au mur rouge. Il y avait également une série d'instruments étranges entreposés sur une table métallique au coin de la pièce. 

Antonio distingua une paire de ciseaux, un arrache-clou, un couteau de chasse, et une neuve agrafeuse.

— Il y a quelqu'un ? réitéra le chirurgien plus fortement. Son cœur s'accéléra. Il secoua violement ses chaines, sentant des crampes habiter ses épaules. Où suis-je ? Montrez-vous !

Quelques secondes après, la porte grinça et s'ouvrit.

— Tiens donc, on est réveillé, docteur ? souleva Kotchenko d'un air amusé.

— Vous m'avez drogué ! cria l'otage en faisant à nouveau clinquer ses chaines. Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

— Même un taureau ne briserait pas ces chaînes, rigola le russe. Alors, continua-t-il en présentant la table d'instruments à Antonio, par quoi on commence ?

— Si c'est de l'argent que vous voulez, je peux v...

— Oh non, non monsieur Delacruz, non, s'écria Kotchenko en s'emparant de l'agrafeuse. Vous êtes plus perspicace que ça ! Faites un effort, je vous en prie.

— Pitié, supplia le chirurgien, ne me tuez pas. Le veuf observa l'agrafeuse en métal qui brillait sous la lumière du soleil de fin d'automne, et un sourire étira ses lèvres.

— Ne t'inquiète pas, grogna-t-il en posant le bout de l'outil sur le menton d'Antonio. Un frisson traversa ce dernier et il se cambra. Te tuer n'est pas du tout dans mes plans. En revanche, tu me supplieras de le faire quand j'en aurais fini avec toi.

Comme pour corroborer ses propos, Kotchenko appuya sur l'agrafeuse. Les pinces se logèrent dans le menton d'Antonio, il poussa un cri glaçant...

***

— Je peux entrer ?

Ramis ouvrit les yeux et aperçut la tignasse brune de Kalen dépasser à travers l'entrebâillement. Il soupira et referma les yeux. Kalen entra quand même. Autour d'eux, le brouhaha de l'hôpital devint subitement un amas flou de voix insensées.

— Comme tu le vois, je ne suis pas en état de me battre, répliqua le chef sans même ouvrir les yeux.

— Tu as...encore mal ?

— J'ai connu des jours meilleurs, rétorqua-t-il en tournant le dos à Kalen.

— A propos de notre dispute de ce matin, rappela le brun, je tenais à m'excuser. Je suis contre le jugement d'autrui et je n'avais pas le droit de juger tes choix. Nous sommes tous libres de faire ce que nous voulons. Mais je ne comprenais tout simplement pas, pour ma défense. Tu semblais être très amoureux de...mon mari...

— Je te l'ai dit, brama Ramis d'une faible voix, Mickael était un rêve pour moi. Je sais que c'est difficile pour toi d'entendre ça, mais je te promets, Kalen...si j'avais ne serait-ce que douté du double jeu de ce petit con, j'aurais tout de suite mis fin à notre relation, même étant prisonnier des chaines de l'amour. Je ne suis pas comme ça, j'ai des principes...

— Mais explique-moi donc, Ramis. Si tu aimais tant Mickael, pourquoi l'avoir trompé ?

— Quoi ? s'étrangla le concerné. De quoi tu parles ?

— Pourquoi avoir couché avec Ingrid, ta propre sœur jumelle, au point d'avoir un enfant avec elle ? J'ai envie de comprendre, Ramis...

— T'es fou ou quoi ? Je n'ai jamais couché avec Ingrid, t'es malade !

— Mais...Matteo est bien l'enfant d'Ingrid Winchester, et tu m'as dit ce matin que...c'était le tien aussi...

— Ah, s'esclaffa Ramis, je crois qu'il y a un gros malentendu. Matteo est bien mon fils, mais pas avec Ingrid, non ! C'est l'enfant que j'ai eu avec Mickael...

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant