Meilleur Cauchemar | PLK | [ EN PAUSE]

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Mardi 7 août 2018

Jour 53

La gare Paris-Montparnasse est bondée lorsque mon train arrive à quai. On est en plein mois d'Août, la capitale est envahie par les touristes avares de découvrir tous les recoins de la plus grande ville de France. Je réussis à me frayer un chemin à travers la foule, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, diffusant Etre Humain. Je ne me lasserais jamais de ce son, malgré qu'il soit sorti il y a 3 ans de ça.

J'arrive dans la bouche du métro une quinzaine de minutes plus tard, après avoir expliquer à un touriste comment marchent les portiques. J'en profite pour répondre aux messages que j'ai reçu sur le chemin.

De: Kenny West
T'es sûre de pas vouloir nous rejoindre ce week-end ?

A: Kenny West
Oui, je suis sûre. Je dois reprendre le boulot, Rose compte sur moi.

De: Elyo
Ces math, jai plus de batterie t arrivé ?

A: Elyo
A l'instant ouais. Déchirez tout ce soir ❤️

De: Kenny West
Je suis pas serein de te laisser solo.

A: Kenny West
Tu reviens dans 2 semaines ken, il va rien m'arriver !

J'arrive à l'appartement presque 20 minutes plus tard, complètement exténuée. Je vide ma valise, fonce à la douche, et me pose devant la télé. Je ne reprends le travail que demain, j'ai donc l'après-midi pour me reposer. Mais c'était sans compter sur l'arrivée d'Amine, sacs de bouffe sous le bras.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- J'ai vu que t'étais arrivée sur la map snap. T'as faim j'espère ?

- J'ai la dalle.

Sentir l'odeur de nourriture me donne plutôt envie de vomir, mais je ne veux pas inquiéter mon ami. Alors, lorsqu'il s'assoit à côté de moi et qu'il déballe le contenu des sacs, je me force à croquer dans mon kebab, sous l'œil inquiet du rappeur.

- Comment c'était chez tes darons ?

- C'était bien.

- T'as fait quoi ?

Je bois une gorgée de coca, avant de lui répondre.

- Marche, lecture, courses, j'ai vu Caro, Philippe, Irène et mes grands-parents. Et on est parti une journée en mer.

Je dis tout ça sans enthousiasme, provoquant le soupire de mon ami.

- Ça à l'air génial dit comme ça !

Je croise son regard inquiet, triste, et il a arrêté de sourire. Je me sens soudainement mal de lui répondre aussi froidement.

- Amine, j'suis désolée. C'est juste que ...

J'ai envie de lui dire qu'Axel me manque comme jamais quelqu'un ne m'avait manqué, que je ne supporte pas de vivre sans l'avoir avec moi, qu'en plus de faire le deuil de sa mort, je dois faire le deuil de mon rêve, et que le pire de tout, avoir l'impression de me sentir constamment seule, même lorsque ce n'est pas le cas.

Mais au lieu de lui dire tout ça, je dis:

- C'est juste que le voyage m'a achevée, j'suis pas très en forme.

Il me scrute quelque temps, avant d'hocher la tête à mes paroles.

- Pas de soucis p'tite tête, je comprend. Tu bosses demain ?

- Oui, avec tous les touristes qui sont là, ça va être l'enfer au resto.

- Je passerai te voir dans la semaine !

- Je sais que Ken t'a demandé de veiller sur moi tu sais.

- Non, pas du tout je ...

Mon regard le stoppe dans sa phrase. Il ne sait pas mentir, on le sait tous les deux.

- Ok, il m'a demandé de pas te laisser seule.

- Il est relou.

- Elina, il tiens juste...

- Oui, je connais l'refrain. 'il tient à toi', je sais. Mais j'ai plus 7 ans, il comprend pas que je n'ai pas besoin d'être baby-sitter comme une gosse. Tu sais quoi Amine, je ... j'ai envie d'être seule. J'suis crevée, je commence le boulot demain, je dois me reposer.

- T'es sûre que ... ?

- Oui, ça va aller, t'en fais pas.

Il me regarde quelques instants, surement en train de peser le pour et le contre. Il finit par se lever, jeter nos emballages à la poubelle, et me prend dans ses bras. Je respire son parfum, et rigole malgré moi lorsqu'il retient un rire après sa blague.

- Ca, c'est sûr, t'es plus une gosse. T'es plutôt grosse  !

- Arrête avec tes blagues nulles !

- En tout cas, mes blagues pourries te font rire.

Je me recule pour me planter devant lui, et je lui rend son sourire. C'est le seul capable de me faire rire même quand je ne suis pas d'humeur.

- Oui, merci.

- Allez, il embrasse ma joue, j'y vais. Au moindre blème-pro, tu m'appelle.

- Promis.