Meilleur Cauchemar | PLK | [ EN PAUSE]

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- À quoi tu penses ?

Je me tourne vers Mathieu, allongé sur le dos. Il regarde le plafond en fumant un spliff, et je le connais assez pour savoir qu'il est en train de cogiter.

- À toi. Enfin, à tout c'que tu m'as dit.

- Et alors ?

Le rappeur tourne sa tête vers moi, et malgré l'obscurité de la pièce, j'arrive à distinguer de l'inquiétude dans ses prunelles vertes.

- J'aurai jamais du partir en tournée et te laisser ici.

- Arrête, je t'aurais pas laissé faire. Le rap est la chose la plus importante pour toi, jamais j'aurai été capable de te demander de le laisser de côté pour moi.

- Mais toi aussi t'étais importante. Quand j'aurai fait mon temps dans le peu-ra, il quittera ma iv, mais pas toi. J'aurai dû m'occuper de oit.

- Commence pas à te la jouer à la Ken Samaras. J'arrive à lui arracher un sourire en coin, faisant naître des papillons dans mon bas ventre. On sait tous les deux que le rap, c'est toute votre vie. Et vous laisseriez jamais une meuf se mettre entre vous et lui. Alors arrête de te torturer l'esprit avec ça.

Je le coupe alors qu'il allait parler.

- Raconte moi tout ce que j'ai râté dans la vie de PLK. J'ai cru comprendre que t'étais une vraie star du rap maintenant !

- J'irai pas jusque là, mais ouais, j'ai une bonne place. J'ai sorti deux albums, et une mixtape. Et je vais pars en tournées des Zéniths l'année prochaine.

- Et ça ose dire que c'est pas une star !

Je me cale contre lui, et ferme les yeux. Je l'écoute me raconter tout ce que j'ai raté en 2 ans, le sourire aux lèvres.

- J'ai fais un son pour babcia dans mon album. Tu l'as écouté ?

J'ouvre les yeux, mais je relève pas le regard. Comment lui expliquer que je n'ai pas eu le courage d'écouter ses projets ? J'ai bien essayé pourtant. 

Flashback (Juillet 2019, Los Angeles)

Allongée dans mon lit, les yeux fixés sur l'écran de ce téléphone depuis au moins une heure, je n'ose pas appuyer sur le bouton play. Je ne sais pas ce que je dois faire: céder à la curiosité, ou être raisonnable et rejoindre Betty chez elle, comme prévu.

Mais j'ai besoin de l'entendre, besoin d'entendre sa voix, qui me hante depuis des mois. C'est peut-être la seule chose qui apaisera mon cœur, et qui me permettra d'affronter ma vie ici, loin de ceux que j'aime. 

Alors, sans plus réfléchir, je lance l'album. Je garde le téléphone déverrouiller, pour pouvoir  voir son visage après tant de temps. J'écoute avec attention chaque paroles, chaque instru, chaque son. J'en connais déjà beaucoup, dont le feat avec Ken. Mathieu est doué, y à rien à dire. Je le savais, mais entendre son album me le confirme davantage. 

Je fais défiler les sons sur l'écran, et mes yeux se posent sur Bunkoeur. Je me souviens très bien de la réaction qu'à eu Mathieu à ce son, quand j'ai écouté quelques chansons de l'album. Il ne voulait pas me le faire écouter, parce qu'il était soit disant, pas fini. Alors, sans hésiter j'appuie sur l'écran. Je sais très bien que je ne ressortirai pas de cette écoute sans être déchirée dès la première phrase. Et je sais aussi très bien pourquoi il a écrit ce son, et pour qui. 

"J'ai cette particularité, aucune confiance envers les femmes
J'ai peut-être connu trop tôt les concerts, les showcases, les foules et les fans
Mets pas d'mascara, depuis petit, j'fais couler les larmes, pleurer les filles, gueuler les dames
Devant mon cœur, y a un guerrier qui brandit les armes
Des flingues, des lames, des cris, des larmes, mon cerveau crie, mon corps reste calme             
Dans ma folie et dans mon âme, j'reste incompris, j'me comprends mal