Mercredi 20 juin 2018
Jour 5
Mon père au volant me lance des regards à travers le rétroviseur de sa berline toute neuve.
- Ça va aller ma chérie ?
J'hoche la tête.
- Oui, je mens.
Parce que non, ça ne va pas aller. Je ne sais pas comment je vais être capable de parler devant des centaines de personnes dans cette église, pour mon dernier adieu à Axel. J'ai accepté sans vraiment réfléchir quand Anne m'a demandé d'écrire l'éloge funèbre de son fils. Et maintenant, je regrette d'avoir dit oui. Parce que je ne vais pas être capable de parler sans pleurer, je le sais.
Mes parents, Mathieu et moi descendons de la voiture une fois arrivés devant l'église. Je descend mes lunettes de soleil sur mon nez, et je sens Mathieu caler sans main dans la mienne, pour enrouler nos doigts ensemble. On s'avance à travers la foule pour dire bonjour à la famille, et je prend Elodie dans mes bras.
- Merci d'avoir accepté, c'est ce qu'il aurait voulu.
Comme c'est le cas depuis maintenant 5 jours, je me braque à l'entente des mots d'Elodie. Je déteste qu'on parle pour lui alors qu'il n'est plus là. Et je déteste encore plus les entendre parler de lui comme s'il était toujours là. Il est parti, pour toujours, quand est ce qu'ils vont le comprendre ?
Je regarde la foule le temps que tout le monde arrive, à la recherche du 2HCrew. Il y a tellement de monde que je n'arrive pas à les apercevoir, à mon plus grand désespoir. Mon pouls s'accélère soudainement quand une tête blonde que je ne connais que trop bien attire mon attention. Il est en train de discuter avec l'une des grand-mère d'Axel, Marie-Jo, un sourire triste affiché sur son visage. Il me faut quelques secondes pour le détailler, et être sûre qu'il s'agit bien de lui.
Ses cheveux plus châtains que blonds sont un peu plus long depuis la dernière fois que je l'ai vu. Il a laissé pousser une barbe, le rendant très charmant, et dessinant sa mâchoire carrée que j'aimais tant embrasser quand on était encore ensemble. Son tee shirt noir laisse entrevoir sa musculature de boxeur, qui a prit en importance depuis 2014. Et lorsque son regard bleu croise le mien, je sais qu'il s'agit de lui.
Il reste coi quelques secondes, tout comme moi, avant de s'excuser auprès de la senior et de s'approcher de moi. J'ignore la question que Mathieu vient de me poser, et je saute presque dans les bras de Maxence lorsqu'il est en face de moi. Je n'aurais jamais pensé le voir aujourd'hui, même si c'était un ami d'Axel. Je n'ai plus eu trop de nouvelles depuis notre rupture, et Axel m'avait dit qu'il était souvent sur les routes.
- Elina. Co...comment tu vas ?
Je me détache de lui, et le regarde.
- On fait avec. Et toi ?
Il hoche la tête, confirmant mes propos.
- Wow, ça fait bizarre de te voir.
- Tout comme toi. Il me sourit tristement, surtout pour un jour aussi triste.
Je répond à son sourire, et je le vois me scruter comme je l'ai fais pour lui il y a quelques minutes. Je me demande bien ce qu'il peut penser de celle que je suis devenue. Je n'ai pas le temps d'entamer la discussion que la foule commence à entrer dans l'église.
- Je crois qu'il faut qu'on y aille.
Il pose sa main au creux de mes reins, comme il avait l'habitude de le faire. Je ne sais pas si c'est parce que je viens de le revoir après 4 ans, mais son toucher me brûle légèrement, son parfum enivrant me procurant des frissons sur mon échine. Il était déjà très mignon à l'époque, mais aujourd'hui, il est devenu un homme, le rendant éblouissant.
Il m'abandonne pour s'asseoir avec quelques amis du lycée, pendant que je me dirige vers la troisième rangée, réservée aux proches. Je cherche Mathieu du regard, et je le vois discuter avec Elyo et Adrien dans le fond de l'édifice. Je leur lance un léger sourire, et les trois reproduisent mon geste. Je m'assois à côté de Nolan, qui passe son bras autour de mon cou avant de m'embrasser la joue.
Au bout des premières 10 minutes de messe et de chant, c'est à mon tour de me lever pour l'éloge. Je sens mon cœur battre jusque dans mes oreilles, mes jambes se font lourdes, et je n'ai pas commencé que j'ai déjà envie de pleurer. Je déplie la feuille où j'ai écris les derniers mots que je vais adresser à mon ami, et respire un grand coup. Mes mains s'accrochent au pupitre, je commence à parler.
- Axel, je fais une pause pour contrôler le son de ma voix, on est tous réunis aujourd'hui pour te dire un dernier au revoir.
Ne pleure pas.
- Qu'on t'est connu de près ou de loin, tu as marqué nos vies, pour toujours. Et la mienne en particulier.
À force de serrer ce pupitre pour ne pas tomber, le bout de mes doigts est devenu blanc, et j'essaye vraiment de ne pas flancher. Mais plus je lis cette feuille, plus il m'est difficile de ne pas éclater en sanglot.
- Dès la première fois que je t'ai vu, toi, ta ... je pousse un léger soupir, ta joie de vivre ... ton sourire, ... m'ont marqués.
Les larmes qui me brouillent la vue m'empêchent de lire les lignes, et ce que je craignais finis par se produire: j'éclate en sanglots. Il n'en faut pas plus pour que des bras m'entourent, et que mon frère me prenne la feuille, me serrant contre lui. L'une de ses mains trouve la mienne, et j'enroule mes doigts aux siens. Je n'ose pas relever la tête pour voir toute l'assemblée être peinée par ma réaction. Je suis juste une faible, qui n'est pas capable de mettre sa peine de côté pour quelques minutes, alors que sa famille comptait sur moi.
- Je vais continuer. Nolan se racle la gorge, avant de commencer à parler devant le micro. Axel, on est tous réunis aujourd'hui pour te dire un dernier au revoir. Qu'on t'ai connu de près ou de loin, tu as marqué nos vies, pour toujours. Et la mienne en particulier. Dès la première fois que je t'ai vu, toi, ta joie de vivre et ton sourire éclatant, j'ai directement su que tu deviendrais quelqu'un d'important dans ma vie. Et c'est peut-être bête, mais c'est le cas. On partageait la même passion, mais pas seulement. Tu étais comme mon deuxième frère, celui pour lequel j'aurais tout fait. Comme empêcher cette maladie de te détruire, petit à petit. Axel, Axe' comme on t'appelait souvent, tu as été une lumière dans la vie de tous tes proches, qu'importe où tu passais, tu emmenais de la joie, du bonheur, et la vie. Malgré les années passées ensemble, je n'ai jamais eu le courage de te dire à quel point t'avais changé ma vie. A quel point ta loyauté sans faille, ton courage, et ton soutien m'ont permit d'arriver là où j'en suis aujourd'hui. Je suis la plus chanceuse d'avoir pu te connaitre, d'avoir pu faire parti de ta vie, et d'avoir eu comme ami un homme aussi talentueux, généreux, drôle, et loyal que toi.
Je lance un regard au cercueil fermé à ma gauche, et murmure ces derniers mots, ceux que je redoutais. Parce qu'une fois prononcés, il n'y aura plus de retour en arrière possible: il sera parti pour de bon. Je ne le reverrais plus jamais, je n'entendrais plus son rire, ni même le son de sa voix. Et ça me détruit.
- Je t'aime Axel Durand. Fais bon voyage.
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Meilleur Cauchemar | PLK | [ EN PAUSE]
FanficIl y a parfois un moment dans la vie qui fait tout changer. Que ce soit des changements positifs ou négatifs, ils ont forcément un impact sur notre futur. Il y a un avant et un après. Pour Elina Chevalier, il suffira de ce moment particulier p...