1~ L'incident

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C'était il y a tout juste un an, lorsque j'avais dix-sept ans.
J'ai erré pendant des mois entre des mondes que je ne connaissais pas, à craindre chaque minute pour ma vie.
Personne ne devrait connaître ce que cela fait, de survivre.

Je fuyais.

Je me souviens encore de ce qu'avaient déclaré mes parents quelques années encore plus tôt.

"Pense à ton frère. À nous. S'en est trop."

Quelle illusion je m'étais faite. Je ne sais que trop bien ce qu'ils pensaient de moi. Ils n'ont rien fait pour dissimuler cette abjectitude à mon égard. Ils n'ont jamais essayer de comprendre. Ils ont seulement attendu que la parfaite occasion se présente. Je savais qu'elle se présenterait un jour ou l'autre. J'ignorais simplement que j'y laisserai une partie de mon existence.

Un change-terre est dangereux. Instable. Blessant.

Voilà ce dont on me qualifiait.

Alors je suis partie. Non, j'ai fuis sous les yeux du village.
J'ai entrevu leurs regards pétillants de soulagement. Pas une once de regrets. Ils étaient sincèrement déliés d'un poids.

Et moi j'allais traîner ce fardeau sur les routes.

J'avais treize ans. Et pendant quatre longues années, je n'ai fais qu'aller de villages en villages, de royaumes en royaumes.
Je n'espérais plus retrouver un semblable, tous avaient été exterminés sauvagement. Voilà ce que méritaient les change-terre.

Les change-terre peuvent pourtant voyager entre plusieurs univers par la seule force de leur pensée. Est-ce si dangereux ?

Lorsqu'on a découvert l'existence de ces peuples, tous ont été éradiqués par les populations locales, les ninjas, et même l'élite ninja commandée par les grands royaumes.

Lorsque mes parents ont découvert que je faisais parti de ces personnes, le monde semblait s'écrouler.

Je n'étais qu'un danger immaîtrisable, récalcitrant et trop volatile pour être élevé normalement.

J'ai néanmoins appris une chose grâce à eux. On ne pouvais faire confiance à personne. Même pas à sa propre famille. Les gens étaient prêts à tout. À tout.

Ils n'avaient pas prit la peine de me dénoncer. Leur dégoût parlait de lui-même. S'ils m'avaient révélée au grand-jour, ils risquaient d'être soupçonnés d'être change-terre à leur tour. Après tout, on ignorait encore tout de la génétique de cette particularité.

Cette capacité était si exceptionnelle, qu'elle en devenait nocive pour l'utilisateur. Elle puisait toute son énergie, et brouillait les capacités émotionnelles de l'individu. Seuls quelques rares avaient pu mettre à mal cette contrainte maudite, mais peu avaient pu en jouir assez longtemps.

La mort les avait pris.

Au gré de mes voyages, j'ai finis par me rendre compte à quel point la solitude me rongeait. Je n'avais plus rien à perdre. J'avais, au début, réduit l'utilisation de mes capacités afin de passer inaperçue.

Peu à peu, j'avais gagné assez de confiance pour oser tester les limites de cet atout. J'avais voyagé entre les royaumes, découvert de nouvelles cultures, de nouveaux modes de vie.

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