Si la vie m'a appris une chose, c'est bien le fait qu'il ne faut jamais lui faire confiance. Elle nous donne ce qu'il y a de pire et nous prend le meilleur. J'ai connu cela de nombreuses fois et pourtant je ne m'y habitue toujours pas. La Madison Cooper d'avant n'existe plus, elle a laissé place à une personne froide et sans émotion.
Tout a commencé il y a deux ans. À l'époque, je sortais avec un gars plus âgé que moi, Owen, qui me faisait tourner la tête. J'étais naïve, je ne vais pas le nier. Amoureuse de l'idée d'être aimée, de lui plaire, de tout faire pour qu'il reste avec moi. Je n'avais que dix-sept ans, et je pensais que c'était ça, l'amour. On sortait ensemble depuis quelques mois. Je me sentais spéciale quand il me regardait, quand il me disait que j'étais belle. Ses compliments étaient comme une drogue douce. Mais avec le temps, il avait commencé à devenir... insistant.
Au début, c'était des petits sous-entendus, des blagues qu'il faisait passer pour de l'humour. « T'as jamais pensé à m'envoyer une photo sexy ? » disait-il en riant. Je riais aussi, gênée. Je ne pensais pas qu'il était sérieux. Mais il l'était.
Peu à peu, ses remarques sont devenues plus franches. Il me disait que c'était normal, que toutes les filles le faisaient pour leurs copains. « T'as confiance en moi, non ? Tu sais que je ne te ferais jamais de mal ». Sa voix douce, ses mots rassurants... Tout ça m'a embrouillée. Je me souviens encore de la manière dont il posait ses mains sur mes hanches, comme s'il me guidait, doucement, vers une décision que je n'étais pas prête à prendre. Mais je voulais lui faire plaisir. Je voulais qu'il m'aime, qu'il ne pense pas que j'étais « prude » ou « coincée ».
Alors j'ai cédé.
Un soir, j'ai pris la photo. Le cœur battant à tout rompre, les mains tremblantes. Je me regardais dans le miroir, hésitante, me demandant si c'était vraiment moi. Pourquoi est-ce que je faisais ça ? Pour prouver quoi, exactement ? Mais je ne me suis pas arrêtée. J'ai cliqué. J'ai envoyé la photo. Les minutes qui ont suivi ont été les plus longues de ma vie. Mon téléphone était posé sur le lit à côté de moi, silencieux. Chaque seconde sans réponse de Nathan me paraissait une éternité. Et puis finalement, son message est arrivé : « Waouh. T'es vraiment parfaite ». J'aurais dû me sentir soulagée, mais à ce moment-là, quelque chose s'est brisé en moi. J'avais franchi une limite. Et pour la première fois, je me suis demandé si c'était vraiment ce que je voulais.
Quelques heures plus tard, tout a basculé. J'étais dans ma chambre, allongée, à tenter de trouver le sommeil quand j'ai reçu un message d'une amie : « Madi... C'est quoi cette photo qui circule ? ». Je me souviens de ce moment avec une clarté terrifiante. Mon cœur s'est arrêté. Mes mains se sont mises à trembler, tellement fort que j'ai eu du mal à ouvrir le message. Mon esprit se bousculait, cherchant une explication. Ce n'était pas possible. Pas ça. Pas moi. Je venais tout juste de lui envoyer. Lui seul l'avait. Il n'aurait pas pu... J'ai déverrouillé mon téléphone, et là, je l'ai vu. Ma photo. Celle que je lui avais envoyée quelques heures plus tôt, maintenant exposée, tournée en boucle sur les réseaux sociaux. Partagée par des dizaines de gens que je connais à peine. Mon ventre s'est serré et une boule de chaleur montait dans ma gorge, comme si j'allais vomir.
Pourquoi ? Comment ? Mon esprit sature d'un flot de questions auxquelles je ne trouve aucune réponse. Il m'avait promis... Je me répète que c'est une erreur, un malentendu. Peut-être que son téléphone a été piraté ? Mais une petite voix au fond de moi me murmure autre chose. Elle me rappelle tous ces petits moments, tous ces signes que j'avais ignorés. Ces sourires un peu trop confiants, ces blagues sur les autres filles qui faisaient « la même chose ». Est-ce que j'ai été si stupide ?
Les heures qui ont suivi étaient un flou total. Mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer, des messages, des notifications, des commentaires. Je ne les lisais pas. Je ne pouvais pas. Le simple fait de voir mon nom associé à cette image me donnait envie de disparaître. Tout mon corps me hurlait de fuir, mais j'étais paralysée, clouée à mon lit, mon écran illuminant mon visage, preuve tangible de mon erreur. Je me sentais si sale. Comme si, d'un coup, tout le monde savait. Comme si chaque personne qui posait les yeux sur moi connaissait mes secrets les plus intimes. Mon corps ne m'appartenait plus. Il était là, exposé, jugé, critiqué. Tout ce que j'avais essayé de garder pour moi, pour lui, était maintenant à la vue de tous. Et je me haïssais pour ça. La panique m'avait submergée. Je pleurais. Des sanglots bruyants, incontrôlables, qui m'empêchaient de respirer correctement. Je voulais tout effacer, je voulais revenir en arrière, ne jamais lui avoir fait confiance, ne jamais avoir appuyé sur ce maudit bouton "envoyer". Mais c'était trop tard. Je ne savais pas quoi faire. Appeler quelqu'un ? Qui ? Mes parents ? Jamais. Ils auraient été tellement déçus, tellement en colère. Ils n'auraient pas compris. Et mes amis... Comment aurais-je pu leur expliquer ce que j'avais fait ? Que je m'étais laissée manipuler, que j'avais été assez stupide pour croire que Nathan m'aimait assez pour garder ça pour lui ?
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Obsession Mortelle
RomanceChaque personne a un jour connu la douleur, qu'elle soit physique ou mentale. Dans ces instants de souffrance, nous nous accrochons à l'espoir que la vie nous réserve de belles surprises. Mais que faire lorsque ces promesses de bonheur s'évanouissen...