42. Nouvel espoir

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C'est ainsi que notre Maître découvrit qu'Alpha du Centaure A et B répondaient toutes deux aux exigences imposées pour abriter la vie sur l'une ou l'autre de leurs planètes.

Sa sonde avait réellement révélé qu'une des trois planètes identifiées en orbite autour d'Alpha du Centaure A se trouvait dans la zone propice à la vie. Il s'agissait d'une géante gazeuse, semblable à Jupiter, dont la composition empêchait malheureusement tout développement bactériologique. Une de ses petites lunes, par contre, se révéla très prometteuse. Elle ressemblait, d'après la description que le Maître m'en avait faite, à une Terre... en miniature !

Quelques dizaines d'années plus tôt, une telle découverte aurait entraîné l'envoi immédiat de vaisseaux d'exploration. Mais les problèmes énergétiques et économiques auxquels était confrontée la Fédération annihilèrent ces rêves de colonisation d'autres systèmes planétaires. Nous étions donc les seuls à connaître ce formidable secret.

La Maître m'avait dévoilé que l'atmosphère de ce petit satellite s'avérait étrangement similaire à celle de la Terre. Il était à peine deux fois plus gros que la Lune ; ce qui laissait à penser que la gravité y serait plus faible que sur notre planète d'origine.... chose qui ne me dérangeait pas trop, d'ailleurs !

Au fur et à mesure que ces informations m'arrivaient, je me rendis compte qu'elles ne m'avaient pas été transmises lors de nos conversations. Une étrange confusion, ainsi qu'un mal de tête insoutenable accompagnaient ce nouveau message. Rien ne me permettait, dès lors, de m'assurer de la véracité de ces données... Seule l'intime conviction qu'elles venaient bien de lui me poussait, presque instinctivement, à les écrire.

Je décidai d'en parler tout d'abord à Marie. L'admiration que je ressentais pour elle était proche des sentiments que j'avais jadis éprouvés envers ce vieillard à qui nous devions tant. Je me laissai flotter jusqu'au sommet de la tour, là où aucun d'entre nous n'avait encore osé se rendre par peur de déranger la jeune mère et son enfant.

Elles s'étaient assoupies dans les bras l'une de l'autre. Les femmes les avaient laissées seules afin qu'elles puissent se reposer. Elles dormaient, là, en face de moi. Je n'eus ni le courage, ni l'envie, d'interrompre cet instant magique. Je m'allongeai auprès d'elles en écoutant, de façon admirative, les légers gémissements de l'enfant oiseau. Mon mal de tête avait fait place à une fatigue intense qui me plongea dans un sommeil profond en quelques secondes. J'eus à peine le temps de m'attacher à la surface de la plateforme pour ne pas dériver dans le vide en m'endormant à côté d'elles.

Un rêve m'emporta alors, tel un souvenir lointain, datant de ma plus tendre enfance. Je me vis, bambin, ayant échappé pour quelques instants à la surveillance de ma mère, rampant dans l'herbe de notre jardin. Je venais d'effleurer, de la main, quelques champignons vénéneux dont les couleurs vives me fascinaient tellement.

L'effet hallucinogène qu'ils provoquèrent en moi me revint à l'esprit. Je me souvins alors, de façon très précise, de cette femme qui vint à mon secours. Elle ne portait pas de capuche ; ce qui me permit de voir qu'elle n'avait aucun implants. Son apparence m'était familière, bien que plus jeune, plus souriante et désinvolte que celle de ma mère.

Elle me prit par la jambe pour m'empêcher de porter les plantes mortelles à ma bouche. Cette vision baignait dans une explosion de lumière où semblait flotter une étoile filante, juste au-dessus de nous. Et cette femme, qui venait de me sauver la vie, était entourée de flammes, semblables à des ailes de feu...

L'étrange petit être, mi-homme, mi-animal, apparu lors de mon enfance, était également là. Il me regardait en souriant, comme si les conseils qu'il m'avait autrefois donnés portaient enfin leurs fruits. Il se mit à jouer de sa flûte magique. Son merveilleux ballet de créatures, plus fantastiques les unes que les autres, se mit à tournoyer autour de moi.

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Jean s'endormit profondément aux côtés de Marie et de sa fille. Des convulsions saccadées animaient ses paupières et son visage couvert de sueur. Personne ne se rendit compte de son comportement anodin, car la nuit ne tarda pas à tomber. Les habitants de la coupole décidèrent de ne pas faire de bruit, ce soir-là, afin de laisser la mère et l'enfant se reposer. Ils rejoignirent leurs demeures en silence. Les festivités et chansons habituelles allaient devoir attendre le lendemain pour célébrer, de façon adéquate, l'événement extraordinaire qui venait de se produire...___________________________________________

Qu'est-il arrivé à Jean ? Il semble avoir été emporté par un doux délire...

Homo Sum 1 : l'éveil de l'humanité (Episode 1 : Fédération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant