Et voici ce que la sonde avait réellement révélé, et que notre Maître avait réussi à scrupuleusement garder secret : une des 3 planètes identifiées en orbite autour d'Alpha Centaure A était assez proche de cette étoile pour que ses conditions soient propices à la vie, sans pour cela être trop chaude ni soumise à l'influence d'Alpha Centaure B. Il s'agissait d'une géante gazeuse, semblable à Jupiter, dont la composition empêchait malheureusement le développement de la vie. Une de ses petites lunes, par contre, se révéla très prometteuse... Elle ressemblait, d'après les descriptions que le Maître m'en avait faites, à une Terre en miniature !
Il y avait quelques dizaines d'années, une telle découverte aurait entraîné l'envoi immédiat de quelques vaisseaux d'exploration. Mais les problèmes énergétiques et économiques auxquels était confrontée la Fédération avaient effacé ces rêves de colonisation d'autres systèmes planétaires. Nous étions donc seuls à connaître ce formidable secret. Et ce n'était pas tout, les résultats de la sonde nous réservaient encore bien des surprises...
En effet, juste avant que le Maître n'ordonne son auto-destruction, elle lui révéla que l'atmosphère de ce satellite était étrangement similaire à celle de la Terre. Il était à peine deux fois plus gros que notre Lune ; ce qui portait à penser que la gravité y serait plus faible que sur notre planète d'origine. Chose qui ne nous dérangeait pas trop d'ailleurs !
Au fur et à mesure que ces informations émergeaient, je me rendis compte que ces dernières ne m'avaient jamais été transmises lors de nos conversations. Une étrange confusion, ainsi qu'un mal de tête, quasiment insoutenable, accompagnaient ce message. C'était comme si notre Maître continuait à me dicter toutes ces choses à travers mes implants. Rien ne me permettait, dès lors, de m'assurer de la véracité de ces données. Seule l'intime conviction qu'elles venaient bien de lui me poussait à les écrire.
Je décidai d'en parler tout d'abord à Marie. L'admiration que je ressentais pour elle était proche des sentiments que j'avais jadis éprouvés envers ce vieillard défunt à qui nous devions tant. Je me laissai flotter jusqu'au sommet de la tour, où aucun d'entre nous n'avait encore osé se rendre, de peur de déranger la jeune mère et son enfant.
Elles s'étaient toutes deux assoupies. Les autres femmes les avaient laissées seules afin qu'elles puissent se reposer. La fillette dormait dans les bras de sa mère qui gisait à présent en face de moi. Je n'eus ni le courage ni même l'envie d'interrompre cet instant magique.
Je m'allongeai auprès d'elles en écoutant de façon admirative les légers gémissements de l'enfant oiseau. Mon mal de tête avait fait place à une fatigue intense qui me fit sombrer, à mon tour, dans un sommeil profond en quelques secondes ! J'eus à peine le temps de m'assurer à la surface de la plateforme pour ne pas dériver dans le vide en m'endormant à côté d'elles...
Un étrange rêve m'emporta alors, tel un souvenir lointain, datant de ma plus tendre enfance. Je me vis jeune bambin, ayant échappé pour quelques instants à la surveillance de ma mère, rampant dans l'herbe de notre jardin. Je venais d'effleurer de la main quelques champignons vénéneux dont les couleurs vives me fascinaient tellement.
L'effet hallucinogène qu'ils provoquèrent en moi me revint à l'esprit. Je me souvins alors de façon très précise de cette femme qui vint à mon secours. Elle ne portait plus de capuche ; ce qui me permit de voir qu'elle n'avait pas d'implants ! Son apparence m'était familière, mais elle était plus jeune, plus souriante et désinvolte que ma mère.
Elle me prit par la jambe pour m'empêcher de porter les plantes mortelles à ma bouche. Cette vision baignait dans une explosion de lumière où semblait flotter une étoile filante, juste au-dessus de moi. Et cette femme, qui venait de me sauver la vie, était entourée de flammes, semblables à des ailes de feu...
L'étrange petit être, mi-homme, mi-animal, qui m'était apparu lors de mon enfance était également là. Il me regardait en souriant. Comme si les conseils qu'il m'avait donnés, il y avait si longtemps déjà, étaient en train de porter leurs fruits. Il se mit à rejouer de sa flûte magique. Et le merveilleux balai de créatures plus fantastiques les unes que les autres se remit à tournoyer autour de moi...
Emporté par son rêve, Jean s'endormit profondément aux côtés de Marie et de sa fille. Des convulsions saccadées animaient ses paupières et son visage, couvert de sueur. Personne ne se rendit compte de son étrange comportement, car la nuit ne tarda pas à tomber. Les habitants de la coupole décidèrent de ne pas faire de bruit ce soir-là, afin de laisser la mère et l'enfant se reposer. Ils rejoignirent leurs demeures en silence. Les festivités et chansons habituelles allaient devoir attendre le lendemain pour célébrer de façon adéquate l'événement extraordinaire qui venait de se produire...
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Qu'est-il arrivé à Jean ? Il semble avoir été emporté par un doux délire...
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Homo Sum 1 : l'éveil de l'humanité (Episode 1 : Fédération)
Science FictionDérivant dans les profondeurs d'un des nombreux univers de la création, un monde sans âme abrite de terribles secrets... Les individus qui en font partie n'y ont plus droit à un nom, ni à une quelconque identité. Ils sont devenus les "ouvriers" de c...