48. Marie Madeleine

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Marie Madeleine m'emmena vers une minuscule tache sombre située juste au-dessus de nous. Au fur et à mesure que celle-ci grandissait, sa forme se révéla à mes yeux encore engourdis par le long sommeil dont je venais de sortir. J'avais tant de choses à découvrir. Et la première d'entre elles était juste ici, en face de moi ; il s'agissait d'un véritable nid, de forme sphérique, accroché au sommet de notre coupole. Elle l'avait construit à l'aide de branches et de feuillages, comme l'aurait fait un oiseau, là où personne d'autre ne pouvait se rendre ni l'observer.

D'ici, la vue était grandiose. Toute la surface de notre coupole était visible. La tour que nous avions bâtie s'élevait gracieusement vers nous. Elle semblait si petite à présent !

La jeune femme m'attira à l'intérieur de sa demeure, sans me laisser admirer plus longuement ce spectacle époustouflant. Je me retrouvai seul avec elle, dans son endroit secret. Je ne pus m'empêcher d'observer intensément cette femme-oiseau. Elle était si belle et mystérieuse à la fois. Elle ne portait qu'une courte pièce de tissu, nouée négligemment autour de sa taille.

Je m'aperçus alors d'un détail qui m'avait échappé jusque-là : je n'avais plus le moindre vêtement sur moi ! Je devais probablement avoir été complètement nu dans le couchage où l'on m'avait placé. J'eus le réflexe de couvrir mon entre-jambes avec mes mains. Ma maladresse fit naître un sourire adorable sur les jolies lèvres de ma spectatrice.

— Pourquoi te caches-tu ? me dit-elle d'une voix claire, étrangement semblable à celle de sa mère.

— M..., un murmure inaudible sortit de ma bouche. Je ne savais vraiment pas quoi répondre à une question aussi innocente.

— Pourquoi portez-vous tous ces vêtements ? reprit-elle. Cela ne sert qu'à se salir, se déchirer, restreindre vos mouvements et à vous donner des complexes ! Nos corps sont tellement beaux, et les peintures qui les décorent reflètent notre liberté : notre identité.

Son physique était devenu celui d'une véritable femme. Ses seins fermes, gonflés par l'apesanteur me déconcentraient à tel point que je fus bien incapable de répondre à ses questions. En face de moi se tenait la plus fantastique créature que je n'aie jamais rencontrée, et je réalisais que l'avenir de notre communauté reposait entièrement sur ses frêles épaules... ailées ! Elle représentait le trait d'union entre notre passé et notre avenir ; la seule femme fécondable de notre arche, dérivant vers une destinée, ainsi qu'un monde, inconnus. Je ne savais si je devais la vénérer, comme je le faisais envers sa mère, ou la considérer comme l'enfant qu'elle fut il y avait si peu de temps pour moi. Ou bien encore, lui avouer les sentiments qu'elle faisait naître en moi !

À cet instant précis l'énorme phare, circulant le long de l'arceau de notre coupole, vint illuminer l'intérieur du nid qui nous abritait dans la pénombre. Marie Madeleine leva les yeux, comme pour admirer ce spectacle féerique qui la fit resplendir de plus belle. Cette avalanche de lumière se réfléchit sur son corps luisant de sueur. Il lui donna un aspect irréel qui me rappela, à nouveau, les visions qui m'apparurent durant mon long sommeil.

Ma main se posa sur sa joue, comme pour vérifier si elle ne faisait pas encore, tout simplement, partie de ce rêve qui n'aurait jamais pris fin... Ce geste eut l'effet de trahir mes sentiments à son égard. En découvrant mon érection, elle sourit de plus belle et posa sa main sur la mienne, l'entraînant vers des endroits où je n'aurais jamais osé m'aventurer !

Ses yeux, d'un vert éclatant, me fixèrent intensément. Son regard envoûtant vint littéralement se noyer dans le mien. Son parfum enivrant enveloppa l'entièreté de mes sens, me faisant perdre le peu de contrôle que j'avais encore sur mes actes... Elle enfouit alors son visage dans le creux de mon cou. Nos souffles chauds s'entremêlèrent pendant que nos lèvres se cherchaient timidement, pour enfin s'effleurer tendrement.

Homo Sum 1 : l'éveil de l'humanité (Episode 1 : Fédération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant